La concession de l'exécutif hongkongais annoncée mercredi ne semble pas apaiser la colère des manifestants prodémocratie, qui réclament désormais l'instauration du suffrage universel à Hong Kong.
Une sortie de crise pour Hong Kong ? L'exécutif hongkongais a accédé mercredi à une demande clé des manifestants en annonçant le retrait définitif du projet de loi sur les extraditions, à l'origine du mouvement de contestation. La concession ne devrait toutefois pas suffire à apaiser la grogne, selon notre correspondant sur place, Antoine Védeilhé.
S'il s'agit d'une "petite victoire", les manifestants prodémocratie ont élargi leurs revendications, pour dénoncer l'érosion des libertés et les ingérences grandissantes de la Chine dans les affaires de cette région semi-autonome. Ils réclament ainsi l'instauration du suffrage universel à Hong Kong, une amnistie pour le millier de manifestants arrêtés et la mise en place d'une commission d'enquête sur les violences policières.
"Les Hongkongais méritent le suffrage universel"
Enfin, les manifestants demandent que le gouvernement retire le terme d'"émeute" qu'il utilise pour qualifier les manifestations les plus violentes. "Tant que le gouvernement n'aura pas répondu à ces demandes, les manifestants continueront à descendre dans la rue", souligne Antoine Védeilhé.
"Pas assez, trop tard", a ainsi commenté, mercredi, Joshua Wong, qui fut en 2014 le visage du "Mouvement des parapluies" et qui a été brièvement arrêté la semaine dernière dans le cadre d'un coup de filet contre les grandes figures de la mobilisation actuelle. "Nous appelons aussi le monde à prendre garde à cette tactique et à ne pas se laisser tromper", a-t-il lancé.
Les dirigeants de Hong Kong et Pékin "n'ont en fait rien concédé et une répression de grande ampleur se prépare." "Notre détermination et notre courage pour combattre pour notre liberté vont continuer" car "les Hongkongais méritent le suffrage universel et d'élire leur propre gouvernement", a-t-il ajouté.
Adoptant un ton beaucoup plus conciliant qu'à ses précédentes prises de parole, Carrie Lam a exhorté les manifestants à renoncer à la violence et à participer à un "dialogue" avec le gouvernement. "Remplaçons les conflits par les conversations et recherchons des solutions", a-t-elle dit, ajoutant vouloir mobiliser des universitaires, des conseillers et des professionnels "pour examiner de façon indépendante les problèmes profondément enracinés dans la société et conseiller le gouvernement sur des solutions".
"Cinq exigences majeures, pas une de moins"
Mais si elle a cédé sur le projet de loi, elle a aussi réaffirmé qu'elle ne lâcherait rien sur les quatre autres demandes.
Des commentaires empreints de fureur n'ont pas tardé à fuser sur les forums utilisés par les manifestants, soulignant notamment qu'un retrait du projet de loi ne mettait pas fin aux actions de protestation. "Cinq exigences majeures, pas une de moins. Libérez HK, la révolution maintenant", disait notamment un message largement diffusé sur l'application Telegram.
"Ils ont essayé de fermer la porte de l'écurie, mais c'est trop tard", a estimé le politologue Dixon Sing, expliquant que seule une commission d'enquête indépendante serait de nature à commencer à apaiser "le très fort sentiment de colère et d'injustice" partagé par la population et les manifestants.
Menace d'intervention de Pékin
Samedi a été une des journées les plus violentes depuis le début du mouvement, des contestataires allant jusqu'à incendier une énorme barricade dans le quartier de Wanchai, dans le centre, à une centaine de mètres du QG de la police, et les forces de l'ordre pourchassant et passant à tabac des manifestants jusque dans les stations de métro.
Si elle s'est montrée conciliante dans son message, Carrie Lam a aussi averti du fait que les violences plaçaient Hong Kong dans une position "vulnérable et dangereuse", une possible référence aux menaces d'interventions de Pékin.
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