CHÔMAGE OU LOISIRS « L’Etat est une Entreprise dont les Actionnaires sont les Citoyens »

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CHÔMAGE OU LOISIRS « L’Etat est une Entreprise dont les Actionnaires sont les Citoyens »

La longue marche de l’espèce humaine est ponctuée par des conquêtes couronnées de succès. De la religion au transhumanisme ou l’augmentation des capacités physiques et intellectuelles de l’être humain, en passant par l’organisation du savoir par l’école et l’université, les différentes révolutions industrielles, la démocratie, l’Internet des objets et l’intelligence artificielle, le phénomène humain n’a cessé de se valoriser, de nous émerveiller par son potentiel inépuisable. Malheureusement, il a échoué dans sa tentative d’inventer un modèle économique, social, démocratique et culturel qui lui permet de s’épanouir, de vivre heureux dans l’amour, la paix, la sécurité et le bien-être écologique.

Notre civilisation a commencé par l’utilisation rudimentaire des énergies renouvelables : le vent, le soleil, l’eau, la force animale et humaine, etc. La transition des énergies renouvelables aux énergies fossiles (le charbon, le pétrole, le gaz, le nucléaire) a été marquée par l’invention du moteur et de l’électricité qui ont impulsé nos deux premières révolutions industrielles. Le risque écologique de plus en plus imminent va accélérer la deuxième transition énergétique, cette fois-ci des énergies fossiles vers les énergies renouvelables. Toutefois, il ne s’agit pas d’un retour à l’usage élémentaire des énergies renouvelables, mais d’un retour caractérisé par une maitrise et un contrôle des énergies renouvelables dans un contexte de progrès technique et scientifique jamais égalé dans notre histoire. Ceci n’est pas une répétition circulaire mais une répétion spirale qui se réalise à un plan supérieur. L’évolution de l’histoire et de la civilisation humaine n’est ni circulaire ni linéaire, elle épouse les formes d’une spirale. Elle ne passe jamais par le même point. Notre présente époque historique est le lieu de manifestation de la troisième révolution industrielle marquée par l’internet et de la quatrième révolution liée à l’intelligence artificielle qui ont favorisé une transition industrielle spécifiée par un coefficient d’automatisation de toutes les formes de nos activités qui tend de plus en plus vers un.

Il me semble qu’il existe un parallélisme entre l’évolution de l’économie et de l’énergie. L’économie primitive communautaire sans chômage ni salaire ni monnaie correspondrait à un usage rudimentaire des énergies renouvelables sanctionné par un retard de la production sur la consommation. Il était nécessaire d’engager toute la société mais également d’investir tout son temps dans la production pour se nourrir. La transition des énergies renouvelables aux énergies fossiles a favorisé deux révolutions industrielles, accompagnées d’un modèle économique caractérisé par une forte production à la place des pénuries récurrentes du modèle communautaire. Ce développement des forces productives a conduit au changement des rapports de production et des rapports sociaux s’appuyant sur une certaine idéologie. L’utilisation des énergies fossiles correspondrait au puissant modèle de production et de distribution capitaliste. Ce nouveau modèle de production et de distribution s’accompagne de l’apparition de la monnaie, du salaire, du chômage et du désarmement de la main d’œuvre agricole. La deuxième transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables coïncide avec une transition industrielle caractérisée par une baisse tendancielle de la valeur d’échange de l’énergie devenue renouvelable mais également par un fort taux d’automatisation, qui résulterait à un chômage massif. L’homme se libère de plus en plus du travail manuel et du travail intellectuel par le biais de l’automatisation et de l’intelligence artificielle.

Faut-il payer cette libération de l’homme du travail par un chômage ou par un temps de loisirs ? Cette libération est le fruit du progrès technique et scientifique acquis par toute l’humanité dans sa

longue aventure. Personne n’a le droit d’escroquer ou de confisquer le produit de cette conquête en le travestissant en chômage en lieu et place d’un temps de loisirs bien mérité. L’humanité a rompu toutes les contraintes de la production. Elle peut produire pour satisfaire tous ses besoins utiles voire inutiles. Il n’est plus nécessaire qu’elle engage tout son temps dans la production pour satisfaire ses besoins. L’enjeu de notre actuel progrès technique et scientifique est désormais chômage ou temps de loisirs ? Faut-il transformer ce progrès en temps de loisirs accompagné d’une baisse du temps de travail ou bien faut-il le transformer en chômage, en pauvreté, en une perte de pouvoir d’achat ? C’est une question légitime, humaniste, culturelle, démocratique, d’équité et de justice. La journée de travail peut être réduite de 8 à 4h de temps ou moins sans que la production et le pouvoir d’achat se réduisent de moitié. Le plein emploi peut advenir et être garanti dans ces conditions sans conséquences désastreuses sur l’économie. Le progrès technique et scientifique est un héritage que l’humanité à chaque étape de l’histoire transmet aux générations futures. Ce legs fait partie du capital social que nous devons tous partager. Le capital social n’entre dans la comptabilité d’aucune entreprise ou industrie. Mais tous les investissements en profitent grâce à l’environnement favorable qu’il crée. Cette économie non rémunérée est autant nécessaire que l’économie rémunérée. Sans elle, point de production. Les enseignants, les médecins, les ménages, pour ne citer que ceux-là, apportent une contribution inégalable à la valeur ajoutée. La culture, la science, la technologie, l’éducation, la médecine, le ménage, les sols, les végétations, l’organisation politique, économique et sociale, etc. représentent des facteurs essentiels du capital social qui ont contribué à notre progrès social. Nous sommes tous les actionnaires et les propriétaires de ce capital. Ce progrès doit se payer non seulement sous forme de salaire mais aussi et surtout sous forme de temps libre. Le chômeur n’est pas celui qui ne travaille pas. Le chômeur est celui qui cherche du travail pour se donner les moyens de vivre et qui n’en trouve pas. Le temps libre du riche est un temps de loisir, le temps libre du pauvre (qui cherche du travail) est du chômage. Nous réclamons le plein emploi et le temps libre par la réduction du temps de travail. Cela détruit le chômage et la pauvreté et crée du temps libre ! Le plein emploi correspondrait à une économie sans chômage dans un contexte de progrès technologique irréversible. Il s’agit d’engager toute la société dans la production par la baisse du temps d’emploi. N’est-il pas techniquement plus efficace et financièrement moins coûteux de donner du travail à tous les consommateurs au lieu d’entretenir la moitié par la protection sociale financée par les impôts, les taxes et la dette ? Notre ordre économique et social inégalitaire d’aujourd’hui n’est pas nécessaire ! Il n’est maintenu et conservé que par la légalité et l’idéologie justificatrices d’une technique économique qui repose sur une inversion du sens : défendre des intérêts privés minoritaires au détriment des pauvres populations majoritaires.

« L’ignorance est une source de domination et d’exploitation »

Dr. Abdoulaye Taye

Enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop de Bambey

Président de TGL (voir Tôt, voir Grand, voir Loin)

Operateur politique


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