MR LE PRESIDENT, VOUS AVEZ VIOLE VOTRE SERMENT !

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  • Article ajouté le : 30 Vendredi, 2014 à 10h35
  • Author: abdoulaye taye

MR LE PRESIDENT, VOUS AVEZ VIOLE VOTRE SERMENT !

« Devant Dieu et devant la nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’intégration africaine », c’est la quintessence de votre prestation de serment, la main droite levée, Mr le Président. Vous avez juré devant Dieu et devant la nation ! Mais votre attitude viole votre serment. Vous devez avoir le courage de vous assumer sans faiblesse aucune. Une prestation de serment n’est pas une clause de style ou de mode, c’est un engagement solennel, sacerdotal. La discontinuité de la légalité n’est pas acceptable. Un statut spécial officiel ou de fait ne doit pas rompre la légalité à Touba. Un silence et une indifférence face à la violation de la loi relèvent d’une rare irresponsabilité. Les ambassadeurs du corps diplomatique qui sont les yeux et les oreilles du monde entier vous regardent et vous écoutent. La réussite du PSE y dépend. Vous n’avez pas le droit de vous débiner comme tous ces lâches politiciens, acteurs de la société civile et intellectuels, excepte le courageux ou téméraire président du groupe parlementaire benno bokk yakaar. La République orpheline pleure et regrette.

Il vous incombe d’invalider la liste de Touba ou d’abroger la loi sur la parité pour que la loi soit respectée (comme nous l’avons déjà suggéré dans notre précédente contribution), sinon vous trahissez la République. Le Sénégal est habité par des mourides, des tidianes, des khadirs, des chrétiens, d’animistes, que sais-je, qui sont tous des citoyens avec qui vous avez scellé un contrat républicain, vous avez le devoir de respecter ce contrat. Nous ne nous sommes réunis ni autour d’une religion, ni autour d’une ethnie ni autour d’une idéologie, nous nous sommes réunis autour d’une République cimentée par des lois et une constitution. La République est au-dessus de ses composantes. L’harmonie, l’unité et la stabilité de notre société dépendent du consensus républicain. Si le consensus s’effondre, la société, avec elle la République, s’effondre. Il faut construire et conserver ce consensus quel que soit le prix et le coût. La bonne gouvernance exige d’abord la primauté et le respect de la loi. Fuir ses responsabilités devant la transgression de la loi pour des raisons purement électoralistes est une position désastreusement antirépublicaine.

La liste unique antiparite de Touba pose fondamentalement un problème de démocratie et de légalité. La liste nous donne une leçon de démocratie. Elle reflète une autorité, un consensus et une légitimité. Contrairement à certains avis, l’éclatement du leadership local n’est pas un signal de vitalité démocratique, c’est la conséquence d’un mode de scrutin électoraliste incapable de sélectionner les leaders locaux compétents, talentueux et crédibles. C’est un mode de scrutin partisan où le parti et les coalitions se substituent aux populations locales pour investir des conseillers souvent illégitimes sociologiquement et/ou politiquement. Un chef de parti impose son ami, son parent ou son poulain contre la volonté des militants. Des vote-sanctions et des listes éclatées s’ensuivent créant un désordre où le parachutage, le népotisme, le copinage, l’argent, la proximité du chef, entre autres, jouent un rôle prépondérant! Touba a cette chance que l’Investisseur incarne la légitimité, l’autorité et le consensus contrairement au chef de parti, ce qui joue un rôle unificateur, mais également pourrait être, en soi et à priori, une garantie d’une bonne gestion locale et d’un bon choix des

conseillers qui ne tient pas compte de la couleur politique des uns et des autres. La démocratie n’est pas incompatible avec une liste unique, au contraire. Un mode de scrutin adapté et bien réfléchi devrait résulter en une liste unique de conseillers qui emporte l’adhésion et le consensus des populations (nous avons des propositions à faire dans cette perspective). Cette liste ne sera ni une liste de parti, ni de coalition de partis ou de mouvements, seraient-ce citoyens, mais prend sa source directement du consensus populaire sans couleur politique. C’est la liste du village ou du quartier de ville à laquelle les électeurs locaux s’identifient. C’est ça la représentativité démocratique, véritable expression de la volonté populaire. La démocratie n’est pas une compétition gratuite, une compétition pour une compétition, mais une compétition dont le résultat final consiste á sélectionner les meilleurs talents et compétences, les meilleurs leaders politiques. Il nous faut changer ce mode de scrutin partisan et corrompu qui provoque l’éclatement du leadership local, de la volonté populaire et sa confiscation par des politiciens arrivistes, véreux, affairistes et opportunistes. Les élections locales seraient de la plus haute dignité démocratique si elles expriment sincèrement et directement la volonté des populations locales. Elles devraient viser à corriger les insuffisances des élections présidentielles et législatives dominées par le régime de partis politiques qui favorise la démocratie électoraliste qui peut être pire que la monarchie ou le parti-Etat.

Enfin, Touba nous enseigne qu’une bonne loi est une loi enracinée sociologiquement, culturellement et démocratiquement dans la société mais aussi et surtout que la démocratie parlementaire représentative a ses limites dans la conception, l’élaboration et l’adoption des lois. La loi sur la parité n’est qu’une vue de l’esprit compte tenu de la réalité socioculturelle au Sénégal.

Etre Président de la République est un risque, la gouvernance vertueuse a un prix. Du courage, encore du courage, toujours du courage, Monsieur le Président ! Observez et faites observer la continuité de la légalité. Touba ne le refusera pas car le Khalife est un homme parfaitement conscient et responsable, beaucoup plus que ces politiciens hypocrites et opportunistes.

Au nom de l’éthique de responsabilité.

Dr Abdoulaye Taye

Enseignant-Chercheur à l’Université Alioune Diop de Bambey

Militant APR

Initiateur du RBG-AMO

Tél : 77 413 14 49


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