PRESIDENT MACKY SALL, UN DESTIN POLITIQUE EXCEPTIONNEL

Blogs

PRESIDENT MACKY SALL, UN DESTIN POLITIQUE EXCEPTIONNEL

Macky Sall Maire, Macky Sall Député-Président de l’Assemblée Nationale, Macky Sall Directeur General, Macky Sall Ministre, Macky Sall Premier Ministre, Macky Sall Président de la République. Toutes ces fonctions politiques ont été étrennées par l’homme dans son parcours. Loin des sciences politiques, sociales et économiques, sa formation académique d’ingénieur géologique ou géophysicien ne le prédestinait en rien à ce génie politique qu’il est devenu. Le Président Macky n’a jamais subi de défaite électorale. Ses premiers coups sont des coups de maitre. Contrairement à son jumeau ou double Abdou Diouf à qui tout a été servi sur un plateau en or, lui a tout conquis par des batailles politiques. Un élève qui n’a jamais redoublé la classe. Première fois candidat aux élections présidentielles, première fois président. Deuxième fois candidat aux élections présidentielles, deuxième fois président. Cette réussite éclatante pourrait-elle s’expliquer par une rationalité politique, culturelle ou mystique ? Nous sommes tentés de répondre que toutes ces trois rationalités peuvent concourir à  justifier et à expliquer ce destin exceptionnel.

L’ingénieur politique, qu’il me soit permis de l’appeler ainsi, a déployé très tôt une technologie politique stratégique qui ne laissait aucune chance à ses adversaires.  Il fallait maintenir soudée la coalition qui l’a porté au pouvoir en relevant son score de 26% au premier tour à 65% au second tour des élections présidentielles de 2012. Les secrets de son management politique réussi restent à être percés d’autant qu’il est vrai que la jurisprudence nous a habitué à des alliances politiques qui ne durent que le temps d’une rose. La gestion dans la durée basée sur la maitrise et le contrôle des conflits et des chocs liés aux ambitions individuelles et aux fortes personnalités a su prévenir toutes les  velléités de divisions et de rébellion qui ne présageaient pas cette longévité. Cela a été un pari et une prouesse de réunir les trois candidats les plus représentatifs de l’électorat au sortir des élections de 2012 (qui à eux seuls représentaient 32%), les professionnels de la contestation et de la protestation politique (la gauche classique) qui ont appris plus à s’opposer qu’à gouverner et les aboyeurs politiques (ces journalistes à la langue fourchue) dont les discours venimeux peuvent intoxiquer tous les esprits sains. Cette « stratégie de brider » lui a assuré de conduire le pays dans le calme et la paix sans dérives de violences mais également de remporter les victoires électorales.

Il ne s’est pas arrêté là, il fallait paralyser le PDS, parti défait et envoyé dans l’opposition, qui seul pourrait lui créer des ennuis électoraux mais aussi mettre hors d’état de nuire les rebelles du PS regroupés autour de Khalifa Sall. Il les a enchainés et piégés dans des soucis judiciaires où ils vont passer tout leur temps à se débattre. Il les détournent, au détriment de leurs partis, du travail d’organisation et de massification de ceux-ci mais également  de mobilisation des masses autour de leurs préoccupations essentielles. Toutes les batailles politiques sont confinées à Dakar et le reste du pays se présente comme un immense désert politique. Ce détournement de la dynamique politique a conduit à un déséquilibre qui s’est manifesté par des résultats électoraux catastrophiques de l’opposition à l’intérieur du pays lors de la présidentielle de 2019.

Il fallait aussi différer l’arme du parrainage aux élections législatives de 2017 en faveur de la stratégie de la dispersion des voix plus opportune et plus efficace dans le cas du scrutin majoritaire. L’inédite présence massive de listes de députés (47) devrait répondre à la stratégie de la technologie électorale d’atteindre les objectifs qui consistent à rafler tous les mandats par une mince voire une maigre majorité. Le résultat était surprenant et sans appel : le pouvoir législatif est à nouveau contrôlé par la majorité présidentielle.

Les stratégies de la technologie électorale mises en branle vont atteindre leur paroxysme par l’introduction du parrainage dit citoyen aux présidentielles de 2019. Le parrainage est une préévaluation de ses propres forces mais aussi de toutes les forces politiques en opposition. On peut évaluer ses forces et ses faiblesses dans toutes les localités. En outre, le parrainage favorise les grands partis et a tendance à éliminer les petits partis et les candidats indépendants. Rien que cinq candidats aux élections présidentielles sur 28 ont répondu présent à l’appel du conseil constitutionnel. Par quelles réactions, les électeurs ont traduit leur déception face à l’élimination de leurs candidats recalés ? Par un boycott, par un transfert  de vote à un candidat de l’opposition, au candidat du pouvoir ou au candidat que leur mentor recalé a choisi. Difficile à deviner ! Des choix fondés sur des calculs politiques ou des préférences subjectives ou affectives qui défient la volonté de leur candidat recalé peuvent être compréhensibles et ne sont pas à écarter. Pourquoi ne pas reconduire Macky et faire rebelote en 2024, pensent certains, d’autant plus que c’est son dernier mandat ?

Par une stratégie globale et invasive de sa technologie électorale, le président Macky Sall n’a rien laissé.  Les foyers religieux, les associations, les Mbootay de femmes, les leaders locaux, les artistes, les lutteurs, les sportifs, les personnes ressources des quartiers et des villages,… tous ont été mis à contribution dans sa stratégie massive de compétition électorale. Il est convaincu que si 30.000 personnes ou localités lui apportent chacune 100 électeurs, il totalise 3.000.000 de voix et il sort vainqueur de l’élection présidentielle. Lorsque des leaders dans les villages ou les quartiers lui assurent 100 électeurs chacun, la stratégie devient opérationnelle et efficace. Ce qui peut être déjà décidé et obtenu durant le parrainage. Indépendamment d’une manipulation supposée du processus électoral, des stratégies simples et efficaces peuvent ainsi lui assurer la victoire.

Toutefois, le Président Macky ne doit pas considérer son élection comme une légitimité démocratique. Loin de là, l’élection n’est qu’une procédure technique légale de designer un président de la république et de l’autoriser à gouverner avec une équipe qu’il a choisie. La majorité électorale n’est qu’une fiction du mandat du peuple. 58% de l’électorat représentent 2,5 millions sur 15 millions de sénégalais. La légitimité électorale issue de l’élection délivre un mandat d’autorisation à diriger tandis que la légitimité démocratique ne s’apprécie pas par rapport à son origine électorale mais plutôt par rapport aux actions gouvernementales dont les effets sont destinés à réduire les inégalités sociales et économiques et à renforcer les conditions démocratiques. Le mandat présidentiel, dans sa mise en œuvre, se dédouble en deux processus contradictoires et antagonistes qui s’expriment, l’un par la confiance (des populations) et l’autre par la défiance (particulièrement institutionnelle). La légitimité démocratique du président s’acquière et se mesure par l’incarnation de l’action gouvernementale de la confiance des populations à travers la satisfaction de leurs besoins et par le consensus et le compromis à la défiance institutionnelle portée par les syndicats, les partis politiques, la société civile,….

En conclusion, ce mandat pourrait être marqué par des enjeux politiques trop conflictuels, un jeu politique très agité et une forte pression de la demande sociale dopée par une conjoncture internationale éventuellement défavorable. Le président doit faire preuve d’intelligence politique, d’intelligence économique et d’intelligence diplomatique pour inventer des stratégies d’adaptation, d’atténuation et de résilience afin de maitriser, contrôler et atténuer les effets négatifs de la conjoncture sur les conditions de vie des populations tout en créant un environnement d’attractivité, de compétitivité et d’innovation pour capter les opportunités et les possibilités qui lui permettent de tirer le maximum de profit de la dynamique du processus de  mondialisation. 

 

Dr. Abdoulaye Taye

Université Alioune Diop de Bambey

Initiateur du projet RBG-AMO

 


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Cuiyan - #1

Buna Ziua Ma Numesc Cuiyan Din Sua Vreau Sa Spun Lumii Despre Marea Si Puternica Casta De Vraja Numita Doctor Natha Sotul Meu M-a Inselat Si Nu S-a Mai Angajat Cu Mine Si Copiii Nostri Cand L-am Intrebat Care Este Problema Pe Care Mi-a Spus-o Ca Are M-am îndr?gostit De Mine ?i Mi-am Dorit Un Divor?, Am Fost Atât De Inima C? Mi-am Plâns Toat? Ziua ?i Toat? Noaptea, Dar A Plecat De Acas? C?utam Ceva Online Când Am V?zut Un Articol Cum Marele ?i Puternicul Doctor Natha Au Ajutat Atât De Mul?i în Situa?ii Similare Ca Adresa Mea De E-mail A Fost Acolo A?a C? I-am Trimis Un E-mail în Care îi Povestea Despre Problema Mea, Mi-a Spus C? Se Va întoarce La Mine în Câteva Ore, Am F?cut Tot Ce Mi-a Cerut S? Fac A Doua Zi Spre Cea Mai Mare Surpriz? A So?ului Meu. Acas? ?i Plângea ?i M? Rog S?-l Iert ?i S?-l Accept înapoi, Sunt Atât De Fericit? Pentru C? Familia Mea Este Acum Plin? De Dragoste. Pute?i Contacta ?i El ... Emil: [email protected]     de Asemenea, Are Cura Pentru Urm?torul Virus. 1) Dac? î?i Dore?ti Fostul înapoi. (2) Dac? Ai întotdeauna Vise Rele. (3) Vrei S? Fii Promovat în Biroul T?u. (4) Dori?i Ca Femeile / B?rba?ii S? Alerge Dup? Voi. (5) Dac? Dori?i Un Copil / VÂnzare De Pregenie. (6) Vrei S? Fii Bogat. (7) Dori?i S? V? Lega?i So?ul / So?ia Al T?u Pentru Totdeauna. (8) Dac? Ave?i Nevoie De Asisten?? Financiar?. (9) Cum A?i Fost în?elat ?i Dori?i S? V? Recupera?i Banii Pierdu?i. (10) Opri?i Divor?ul (11) Cura?i Toate Tipul De B?n?tate / Boli Aici (12) Câ?tigarea La Loterie (13) Vindecarea împotriva Virusurilor Umane / Sida (14) CÂ?tiga?ia Loteriei / Lottului

le Jeudi 19 Septembre, 2019 à 09:09:38RépondreAlerter

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *