LA GUERRE SAINTE DE SERIGNE KOKI NDIAGA ISSEU DIOP AU NDIAMBOUR AU CAYOR , ET AU WALO

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LA GUERRE SAINTE DE SERIGNE KOKI NDIAGA ISSEU DIOP AU NDIAMBOUR AU CAYOR , ET AU WALO

 

A  la veille du Grand Magal de Touba, nous allons relater la guerre sainte initiée au début du XIX eme siècle au Cayor , au Ndiambour et au Walo par le Serigne Koki Ndiaga Isseu Diéye DIOP avec son talibé diolof diolof Diilé Fatim Thiam Coumba Diomboss contre le Damel Birima Fatma Thioub FALL  , le Brack Fara Peinda Adam Sall MBODJ et le Diawdine Madyaw Khor Aram Bakar DIAW.

cet article est dédié à tous mes marabouts et cousins Mbacké Mbacké de Darou Mousty et de Touba plus particulièrement ceux de Darou Khoudoss et de Porokhane qui sont des descendants  de ces figures historiques protagonistes de l’époque aussi bien  du coté du  Damel , du Diawdine que du Serigne  Koki.

Au niveau de l’opinion publique à ceux qui se complaisent à opposer l’islam à l’esprit thiedo au paganisme; nous aimerons rappeler qu’au sein de la société wolof, les relations entres  classes supérieures  de l’aristocratie guerrière et maraboutique ne pouvaient être analysées de façon linéaire en termes d’hostilité entre ceddo et musulmans.  

En tant que classe dirigeante de la société wolof, de solides liens matrimoniaux, sociaux ont toujours  uni ces noblesses d’épée et de turban faisant qu’il  n y a avait pas d’un côté les thiédos païens et de l’autre les marabouts, ils étaient tous de la même classe sociale, las garmis et les domi sokhna , celle qui a eu à gouverner ensemble pendant des siècles les royaumes du Cayor , du Diolof , du Walo du Saloum  et du Baol.

Avec l’avènement de la révolution toorodo en 1776, l’Almamy Abdou Khader KANE instaura au Fouta un gouvernement fondé sur des principes du droit coranique. Comme toute révolution celle des Toorodo essayera de s’exporter au niveau des royaumes voisins.

C’est ainsi que, comptant sur le soutien du Fouta théocratique les marabouts du Ndiambour  coalisés autour du Serigne Koki Amàdou-Fakhoudia DIOP se soulevèrent contre le Damel Amary Ngoné Ndella FALL . Les marabouts coalisés furent  écrasés lors de la bataille à Palo par les ceddo du Damel , le grand père paternel de Lat Dior Ngoné Latyr Médoune sokhna Niane figurera parmi les marabouts blessés. La répression du Damel sera féroce beaucoup des marabouts et talibés capturés seront vendus aux négriers de Gorée

Reprenant le flambeau en tant que Serigne koki ,Ndiaga Isseu DIOP le fils et héritier de Amadou-Fakhoudia DIOP  , après 32 ans de léthargie remit sur pied le Daara de Koki fondé par son grand père Matar Ndoumbé DIOP l’un des premiers grammairiens en arabe du Sénégal  .

Il jouissait d’une grande réputation dans la communauté musulmane du Ndiambour et dans tout le Cayor . En plus de sa fonction religieuse, il  était le détenteur des charges politiques de « serigne Lamb » attribués  par le Damel Birima Fatma Thioub FALL qui lui avait donné en plus en mariage sa nièce  la Linguére Guedj Ndack Kany Codou Balla LÔ.

Afin d’élargir ses soutiens politiques Serigne Koki  Ndiaga Isseu DIOP  contracta plusieurs autres alliances matrimoniales avec des princesses  .En effet, il épousa  la Linguére Dorobé Sokhna Fall Sassoum DIOP, la fille  du Bar Gueth la Linguére Seyye Aminata Yela Sakhéwar Fatma DIOP et enfin  la sokhna Absa Amadou Sokhna MBACKÉ petit fille de Mame Maharam MBACKE.

Face à ces ambitions démesurées, toutes politiques du Serigne Koki, le Damel Birima Fatma Thioub FALL  méfiant préféra nommer Grand Serigne  du Cayor (Khaly) le marabout maure originaire de Tombouctou Cheikh Bounama KOUNTA et lui donnér en apanage des terres à Ndankh prés de la capitale Nguiguis .

En 1827,  hostile à cette nomination ,confiant dans ses forces et de son réseau de clientèle « il refuse de se conformer au devoir de sa fonction et proclama la guerre sainte avec pour objectif la destruction de l’ordre établi ».

Face à la rébellion du Serigne Koki le Damel Birima Fatma Thioub FALL mobilisa une puissante armée de guerriers thiédos et mena une vigoureuse offensive en direction de Koki .Vaincu Ndiaga Isseu se refugia à Ndimb à la frontière du Walo et du Ndiambour.

De 1827 à 1829 Serigne Koki  Ndiaga Isseu DIOP  grâce à un prosélytisme réussit à rallier la majorité des marabouts et musulmans   du Walo sous la houlette de son talibé  Diilé Fatim Thiam Coumba Diomboss pour s’attaquer au royaume du Walo miné par une guerre civile

En effet à la mort en décembre 1827 du   Brack Yérim Mbagnick  Tegue  Rella MBODJ , le pouvoir échut  entre les mains de  la Linguére  NDieumbeut Fatim Yamar MBODJ qui cherchait  un candidat Brack qui ne lui  ferait pas ombrage. Elle jeta son dévolu sur le  tedieck  (de la branche cadette de Keur Niasse  Yatma ) Fara Peinda Adam Sall MBODJ. 

Rappelons que Fara Peinda Adam Sall MBODJ  pendant longtemps prince héritier a toujours été disqualifié pour briguer le trône  parce que  homme de peu de caractère, il ne remplissait pas toutes les conditions requises. Une fois parvenu  au pouvoir, il procéda à un changement radical de la cour en nommant ses hommes de confiance et en destituant le Premier Ministre le Diawdine Madiaw Khor Aram Bakar DIAW et le chef des armées le Beuckneck-Ndiourbel Biram-Koura DIAGNE ,

Limogé l’ex Diawdine Madiaw Khor Aram Bakar Diaw assassina à Ndiao son remplaçant le Diawdine Mandiaye Aissa Ndickou . Condamné à mort suite à ce meurtre par le nouveau Brack le Diawdine alla se refugier chez ses amis  français du fort de Dagana ;

Ce fut le début de la guerre civile avec  la division du  royaume en deux parties : l’une composée en grande partie des captifs de la couronne qui  soutinrent le Brack ; l’autre bien plus forte parce qu’elle avait pour appui les chefs les plus puissants et presque indépendants de Brak, sans approuver la conduite de l’ancien Premier ministre, demandait le retour à ses prérogatives.

Renforcé d'un nombre important de captifs de la couronne qui avaient suivi le nouveau Beuknéck, le Diawdine partit de Dagana, chassa de Khouma le Brack, Fara Peinda Adam Sall  et la Reine Ndjieumbeutt qui  se réfugièrent à N'diangué en faisant garder les gués de la Taouey pour arrêter la poursuite du Diawdine. Celui-ci ne put forcer le passage et se contenta de brûler les villages de Khouma, Djidiëry, N'dombo, Ntiago et Témêye, où le Brack avait séjourné au début des hostilités, puis retourna à Dagana.  Une vingtaine de jours plus tard, le Diawdine Madiaw Khor Aram Bakar Diaw avec un commando  réussit à franchir la riviere Taouéy par surprise et marcha sur N'diangué, battit le Brack qui s'avançait à sa rencontre et reprit sa marche sur N'dianguë et N'Diao.

Le Brack se retira à N'der, où il reçut des renforts du Béthio et de divers autres chefs, ce qui l'incita à reprendre l'offensive cinq jours après son arrivée à N'der. Franchement battu au sanglant combat de N'Tohla et poursuivi jusqu'à Mall, il n'arrêta sa fuite qu'à Mouye, près de Mërinaghem.

Pour protéger les intérêts du comptoir français de Saint-Louis, le gouverneur Brou entreprit une médiation entre les deux parties protagonistes   qui avait presque réussi , malheureusement de graves événements  menaçaient le Walo .

« les armes étaient déposées et tout annonçait une sincère réconciliation quand un nouvel ennemi ; cent fois plus formidable, vint tomber subitement à l’improviste sur ce malheureux pays le menaçant d’une guerre  d’extermination, bien autrement grave que celle dont elle vient de se relever à peine » relatait  monsieur le gouverneur Brou dans une correspondance .

 Cette menace fut rapidement mise à exécution si l’on se réfère à ce procès verbal du même  gouverneur par sa lettre du 08 Mars 1830  faisant entendre ceci « un troisième ennemi vient d’entrer en lice; un mahdi ou faux prophète, avec une troupe de fanatiques, semble vouloir profiter de ces troubles pour s’emparer du pays de Walo et y établir un gouvernement théocratique ».

A travers le compte rendu suivant  le gouverneur  nous relate les combats, « accompagné du Prince Serigne Koki Ndiaga Isseu fils de l’ancien roi de koki et appelé par les vœux et les trahisons de tout ceux qui tenaient au maraboutage, il fondit dans le walo et dévasta sans opposition, les villages si riches et si populeux du Paniefoul (ancienne appellation du Lac du Guiers) . Bien que cette invasion fut formidable, la terreur qu’il inspirait était tel le secret si bien gardé par les complices qu’il avait partout que nous apprîmes son arrivée dans le Walo lorsque ce pays lui était soumis, qu’il menaçait déjà nos établissement, et par l’ordre à tous blancs, jaunes ou noirs de venir se raser et de le reconnaitre comme second Moïse ».

A la tête de 3000 guerriers fanatiques Serigne Koki Ndiaga Isseu et son lieutenant exécutèrent à Dimb le prince dandy Mbagne DIOP   Mbathio d’une beauté légendaire    « ils (Serigne Koki et Diilé) entrèrent dans le Walo ; le brak voulut lui interdire le passage et se porta à sa rencontre jusqu’à Naéré, où Diilé le battit, et mis son armée en déroute».

Encerclé à Khouma  le Brack  réussit à s’échapper  avec la Reine Ndieumbeutt réunit un conseil du trône à Foss  à l’issu duquel les esclaves de la couronne demandèrent au Brack de soumettre et de se convertir à l’islam.

Le Brack et la Reine préférèrent aller se réfugier au Cayor auprès du Damel Birima Fatma Thioub FALL dont les armées s’apprêtaient à attaquer les troupes musulmanes de Serigne Koki au Walo .

Le prince héritier le Briock Mambodj Fanta MBODJ et le Béthio Madiop Rimb DIOP et leurs troupes  face à la débandade  rejoignirent  le Dyawdin Madyaw Khor Aram Bakar  cantonné prés du fort de Dagana et qui jouissait de la supériorité morale de n’avoir pas été vaincu par Diilé et qui disposait de mille deux  cents fantassins et trois cents cavaliers.

Les troupes musulmanes coalisées incendièrent   des établissements agricoles de la colonie  à Richard Toll ce qui poussa le comptoir français de Saint louis  à réagir pour sauvegarder ses intérêts. A cet effet le Gouverneur Brou disait : « le pays de Walo est envahi, on a osé porter la main sur un de nos établissements, les autres sont gravement menacés par cette agression directe, notre devoir est tout tracé, je vais agir ».

Un conseil de guerre entre le gouverneur Brou se tint au taata de Dyawdin Madyaw Khor Aram Bakar à Dagana et un   plan de bataille fut arrêté entre eux, « le gouverneur vint mouiller pendant la nuit devant Mbilor, où se trouvait l’armée du prophète, et commence au point du jour à mitrailler le village ; les gens de Diilé en sorte immédiatement pour gagner Dagana par la plaine qui se trouve derrière Mbilor ». Pour la circonstance le Gouverneur Brou n’a pas lésiné sur les moyens pour mobiliser la grosse artillerie, « j’avais boulets et mitrailles dans mes canonnades, toutes les armes étaient chargées et chacun à son poste. 

Le 11 mars 1830 la défaite de la coalition  musulmane fut totale le marabout  Diilé Fatim Thiam Coumba Diomboss fut capturé et conduit au pied d’un grand  tamarinier qui se trouve sur la berge à la jonction de la riviere Taouey et du fleuve Sénégal, ou devant une foule  immense, il sera exécuté par pendaison.

Au même moment Serigne Koki Ndiaga Isseu réussit avec quelques de ses soldats à échapper au Gué de la Taouey. « Le Prince Serigne Koki Ndiaga Isseu  quoi que grièvement blessé par nous, avait eu le bonheur d’éviter les gens du Walo acharnés à sa poursuite » s’exclamait le Gouverneur Brou.

Le Serigne Koki Ndiaga Isseu Diop va trouver refuge à la République lébou malgré la traque acharnée du  Gouverneur Brou  à travers des instructions  données au commandant de Gorée Hesse,  « le courrier venant de Gorée m’a dit qu’il avait rencontré le Serigne Koki à 3 ou 4 lieues du village de Mouitte, il est accompagné de sept cavaliers et se faisait appeler Allioune Gaye. Il parait que les gens de Gandiole se sont déjà mis à sa poursuite et j’espère qu’il ne leur échappera pas. Puisqu’il est proscrit dans le Kayoor, il ne peut pas avoir d’autres intentions que de demander asile à Moctar Chef de Dakar , c’est de ce côté que vous devrez diriger vos recherches  ».

 Expulsé de Dakar Serigne Koki Ndiaga Isseu DIOP finira ses jours en exil à Ndioum au Fouta.

A la veille du grand Magal de Touba, les marabouts Mbacké Mbacké héritiers en majorité de Serigne Koki Ndiaga Isseu Diéye DIOP, du Damel Birima Fatma Thioub FALL, du Brack Fara Peinda Adam Sall MBODJ et du  Diawdine Madyaw Khor Aram Bakar DIAW méditeront de l’adage wolof « Ceddo mo diour Serigne ;Serigne diour Bour .».

 

 


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Anonyme - #1

Thiédo Mo Diour Bour. Serigne Si Nekatougn Fi Bour Am.

le Dimanche 20 Novembre, 2016 à 14:55:15RépondreAlerter

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