Les échos d’une voix présocratique

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  • Article ajouté le : 02 Mardi, 2014 à 16h55
  • Author: babacar diop

Les échos d’une voix présocratique

   De primeabord, nous nous posons la question de savoirsi les échos de la pensée du philosopheprésocratique, Parménide, et par delà lui, toutes les figures emblématiques decette période de l’antiquité grecque, se sont fait entendre dans un livreauthentiquement révélé qui structure la religion monothéiste la plusauthentique que l’histoire des religions ait jamais enregistrée. Il est déjàlonguement question du cas de Platon que certains auteurs ont commis l’erreur monumentalede considérer comme prophète dont les idées auraient retenti amplement sur destextes sacrés de la religion monothéiste. Ces erreurs d’appréciation sontlargement dues à l’usage des versions ou des aperçus fragmentaires nonseulement surla République de Platon,mais aussi sur les œuvres fragmentaires et obscures des philosophesprésocratiques. Il est hors question de revenir sur le cas de Platon.Cependant, on retient qu’il est absolument faux que le père de la philosophieoccidentale soit considéré comme prophète d’une religion monothéiste, d’autantplus que la manière dont Platon décrit l’univers mythologique grec laisseprésager ses penchants païens. Même la tonalité de son Apologie de Socratejure avec la religion monothéiste.

 

   Il est vrai que Platon n’est pas unphilosophe présocratique, mais ses idées et ses enseignements sontprincipalement une continuation de la tradition des philosophies et des mythesde la période présocratique.

 

 

Pénélopeou la frivole ?

 

 Ces errements, allant de la confusion entrepaganisme et monothéisme jusqu’à déceler des échos venant des voixprésocratiques, proviennent des vues fragmentaires, basées notamment surl’occurrence d’éléments linguistiques dans des corpus différents. Il s’agit eneffet d’une méthode d’appréciation fondée sur l’intertextualité lexicale. Cecas est illustré par l’évocation de la figure féminine mystérieuse que certainsauteurs ont hâtivement identifié avec Pénélope, personnage homérique, épousefidèle durant l’absence de son héroïque époux, Ulysse  d’Ithaque. Le Coran évoque en effet unecertaine figure féminine qui défait le fil de son fuseau après l’avoirpatiemment filé. S’agit-il réellement de Pénélope d’Homère ? A ce sujetaucune hypothèse sure ne peut être avancée. Si Homère cite Pénélope dans lalégende épique, c’est pour illustrer la haute fidélité. Voila le sujethomérique. La loyauté de Pénélope est légendaire. Alors que le texte coraniquecite l’exemple de cette femme, non pas pour dire qu’elle est fidèle et loyale,mais pour un tout autre propos. Les hellénistes ont même relevé un trait d’ambiguïtédans le traitement homérique de Pénélope. Pénélope serait un simple mythequ’Homère a créé. Une autre possibilité est qu’Homère ait simplement transcritun événement anodin produit dans son entourage, avec une certaine dose demystification destinée au camouflage.

 

    Si le traitement d’Homère est teinté deflou d’authenticité, le passage coranique ne souffre d’aucune équivoque,d’aucune ambiguïté. Une autre différence de taille est que, chez Homère ils’agit d’un exemple à caractère positif. Dans le texte coranique au contraire,le fidèle est exhorté à se méfier de la folie et de la désinvolture de cellequi défait ce qu’elle a pu filer après un dur labeur, sans que rien ne le justifie.Tous les commentaires consacrés par l’érudition quasi-officielle convergentvers cette interprétation. Abdullah Y Ali dont l’œuvre exégétique synthétisedes commentaires officiels classiques évoque en ces termes le passagecoranique : « The covenant whichbinds us in the spiritual world makes us strong. Like strands of fluffy cotton spun into a strongthread. It also gives us a sense of security against evil in the world. Itcosts a woman much labour and skill tospin good strong yarn. She would be foolish indeed, after she has spun suchyarn, to untwist its constituent strands and break them into flimsy pieces. »(Les engagements qui nous lient dansle monde spirituel, nous rendent vigoureux, comme des fils de fuseau en cotonsolidement faits. Ils nous procurent également le sentiment d’être à l’abri dumal de ce monde. Il coûte à une femme beaucoup de labeur et de dextérité defiler de bons et solides fuseaux. En effet, ce serait une folie de sa part, aprèsavoir fait de tels fuseaux, de défaire ses composantes et les réduire en depiètres  pièces). Ici la femme enquestion n’est pas un bon exemple à suivre. Elle n’est ni fidèle ni loyale. Deplus il n’est même pas question ni de sa loyauté ni de sa fidélité. Elle estune folle, irrationnelle. On se demande : qu’est-ce qu’elle peut avoiravecla Pénéloped’Homère ?

 

   Sur ce même sujet Seyd Qutb qui, fidèle à saméthode consistant à être toujours à l’affût du sens littéral du textecoranique, n’y va pas par quatre chemins. Il a beaucoup insisté sur la positiondu livre sacré à l’égard du respect scrupuleux des pactes et des conventionsainsi que de la parole donnée. « L’islam,écrit-il dans son livre exégétique monumental : (A l’ombre du coran), a insisté sur la question du respect des pactes et des accords. Il n’a jamais transigé à ce sujet, parceque ce respect est à la base de la confiance sans laquelle le contrat de lacommunauté s’effrite et s’effondre. Le texte coranique ne s’arrête pas ici à lalimite d’injonction et d’exhortation au respect des pactes et des conventionset à l’interdiction de leur violation. Il va au-delà de ces limites en citantdes paraboles, en stigmatisent l’infidélité à l’égard des pactes et conventionset en niant les causes qui servent de prétextes et d’excuses à  certains. Ainsi celui qui viole les accordsest comme une femme qui n’est pas douée de raison, déréglée, sans fermeté niréflexion, qui fait sa quenouille pour la défaire et la laisser en piètresmorceaux séparés. Chacun des éléments de la métaphore signifie un mépris, unestigmatisation et un étonnement. La métaphore vise à conduire les esprits etles cœurs à désapprouver ce comportement. Un individu noble ne se permet pasd’être égal à une telle femme faible en volonté et en raisonnement, qui passesa vie à faire ce qui est inutile ». Cette citation en dit long  sur la compréhension quasi officielle du senslittéral du passage coranique concernant cette curieuse figure féminine quidéfait sa quenouille après l’avoir bien filée. Loin d’être un exemple deloyauté et de fidélité, la figure en question est la métaphore d’une conduiteirrationnelle et, de surcroît, absurde.

 

 

Sisyphe ou Walîd ?

 

   Un autre élément anodin d’intertextualitéformelle, sur la base de laquelle on se fonde pour entendre les échos des voixprésocratiques qui sont supposées être retentissantes sur le texte sacré est lepassage qui concerne selon l’exégèse officielle le personnage odieux de Walîdibn Moughîra, farouche ennemi du Prophète de l’islam. Certains auteurs croientdéceler dans ce passage un écho du mythe de Sisyphe condamné par Zeus àremonter une haute montagne située aux confins de l’univers des êtres vivants,plus précisément dans le monde des morts, avec un rocher d’une grande masse.Une fois arrivé à la cime, le rocher dégringole, et Sisyphe reprend le même travailinutile et absurde. Cette peine fait suite à la révolte et au sarcasme deSisyphe à l’égard des divinités olympiennes. Si le personnage homérique est unsage, un malin rusé, le mécréant mecquois est un opulent, cruel et odieux. Riende commun entre le personnage historique et le personnage mythologique.              

 

    Laformule lapidaire du Coran dira littéralement : (Je l’épuiserai en montée).A.Y. Ali traduit cela en ces termes : « Je l’épuiserai avec une masse de calamités, un cumul de désastres ».Quant à Sadok Mazigh, il adopte une autre version consistant en cestermes : (Je lui ferai plutôt gravir une rude montée). L’exégètemaghrébin commente la totalité du passage où s’est insérée la citation en cestermes : « Tout ce passage serapporte à Walîd ibn Moughîra. Sur un ton nettement sarcastique se trouvestigmatisée l’outrecuidance de ce personnage opulent qui, invité à seconvertir, n’a trouvé rien de mieux que de traiter le Prophète demagicien ».  

 

    Seyd Qutb est toujours fidèle à lui-même ens’attachant à mettre en relief le sens littéral du passage en ces termes :« il s’agit d’une expression imagéed’un mouvement de peine. Remonter la route est le déplacement le plus pénible,le plus épuisant. S’il s’agit d’une poussée involontaire d’un remontoir, cesera encore plus rude, plus épuisant. Il s’agit également de l’expression d’unevérité, à savoir que celui qui s’écarte du chemin de la foi,  facile à emprunter, s’épuise en s’engageantdans un sentier raide, pénible, entrecoupé, escarpé. Il passera la vie dans l’angoisse, la rudesse, latristesse et l’étroitesse. C’est comme s’il montait au ciel ou sur une montagnerocheuse, sans eau ni viatique ; sans repos ni espoir au bout duchemin ».

 

   Dans l’ensemble de toutes ces vues, il estquestion d’épuiser cet odieux ennemi déclaré « dans une montée harassante ». Dans certainscommentaires, l’effort humain, depuis les temps pharaoniques, est évoqué,tendant à monter au ciel par pure curiosité ; un effort permanent,épuisant et harassant, mais inutile et improductif. Si Seyd Qutb s’évertue àmettre en relief le sens exotérique du passage et que Mazigh restituel’environnement historique de l’événement, A. Y. Ali cherche à élargir laperspective en affirmant qu’il y a dans tous les âges des hommes de la mêmeespèce, toujours prêts à tout entreprendre pour barrer la route à la noblemission. Ali termine ses remarques sur cette catégorie d’hommes par cetteformule hautement judicieuse : « Theeternal Hope is to them mere delusion ».(L’Espoir éternel est pour eux une simple illusion). En d’autres termes,l’espoir est un désespoir, un mirage. Evidemment l’Espoir authentique estincarné par les prophètes et les réformateurs. Le Coran, on le voit, bien qu’ilsoit une œuvre divine s’adressant à tous les hommes de toutes les époques et detous les lieux, ne fait toujours pas abstraction des contextes historiques.

 

  Pour proposer une compréhension juste etjudicieuse du texte sacré, on ne peut pas ignorer royalement les circonstanceshistoriques et sociologiques de la révélation. Ce serait également faire fausseroute que de tourner le dos aux exégèses de l’érudition quasi-officielle dansl’interprétation des faits coraniques.

 

Parménide

 

 

    La même fausse route a conduit des auteurs àentendre des échos en provenance des voix présocratiques, en particulier cellede Parménide, dans certaines séquences. Même l’une des merveilles du textecoranique, à savoir le verset de la lumière dont le rédacteur de ces lignes a déjàtenté de mettre en relief la beauté inépuisable, dans un texte publié sous letitre : Le tabernacle en modèle réduit, n’a pas été épargnée. Lesauteurs en question ont malencontreusement attribué la quintessence dumerveilleux verset à des philosophes présocratiques. Nous aurions pu exposerleurs arguments fallacieux l’un après l’autre et les démonter pièce par pièce,mais les exemples cités précédemment peuvent tenir lieu de ce travaillabyrinthique. Les conclusions tirées des illustrations proposées peuvent êtregénéralisées. Parménide est une illustration supplémentaire. Parménide, commetout autre philosophe présocratique, n’a pas pu s’affranchir des tendancespaïennes de son temps. Jonathan Barnes souligne avec vigueur cet état de faitlorsqu’il écrit: « There aresimilarities between certain aspects of these early tales and certain parts ofthe early philosophers’ writings. But Aristotle made a sharp distinctionbetween what he called the mythologists and the philosophers, and it is truethat the differences are more marked and far more significant than thesimilarities ».( Il y a dessimilitudes entre certains aspects de ces premiers contes (mythologiques) etcertaines parties des premiers écrits des philosophes. Cependant Aristotefaisait une nette distinction entre ce qu’il appelait mythologistes et lesphilosophes; et il est vrai que les différences sont plus marquées et beaucoupplus significatives que les similitudes). Il est indéniable qu’à l’époqueprésocratique il y a eu une nette avancée, une réelle percée de la philosophiesur la scène de la connaissance, par rapport à la mythologie. Cependant, ilreste vrai que la pensée présocratique n’était pas exempte d’éléments païens etmythologiques dans sa composition. Le fameux texte poétique de Parménide Surla nature en est une parfaite illustration parmi tant d’autres. Envoici un extrait :

    « Iln’est plus qu’une voie pour le discours. C’est que l’être soit ; par làsont des preuves nombreuses qu’il est inengendré et imprévisible, universel,unique, immobile et sans fin. Il n’a pas été et ne sera pas, il est maintenanttout entier. Un continu. Car, quelle origine lui cherchera-t-on ? D’où etdans quel sens aurait-il grandi ? De ce qui n’est pas ? Je ne tepermets ni de le dire ni de le penser ; car c’est inexprimable,inintelligible que ce qui est ne soit pas. Quelle nécessité l’eût obligé plutôtou plus tard à naître en commençant de rien ? Il faut qu’il soit tout àfait ou ne soit pas, et la force de la raison ne te laissera pas non plus, dece qui est, faire naître quelque autre chose. Ainsi ni la genèse ni ladestruction ne lui sont permise parla  Justice ;elle ne relâchera pas les liens où elle le tient. Il est ou n’est pas ;mais il a été décidé qu’il fallait abandonner l’une des routes, incompréhensibleet sans nom, comme sans vérité, prendre l’autre, que l’être est véritablement.Mais comment ce qui est pourrait-il être plus tard ? Comment aurait-il pudevenir ? ».  

 

   Voila le fragment obscur et énigmatique duphilosophe présocratique, Parménide, que l’on tient faussement pour une sourcede la pensée religieuse monothéiste, abrahamique. Je laisse au lecteur le soind’apprécier objectivement le texte de Parménide, s’il en possède les outilscognitifs appropriés, en fonction du sens exotérique des passages coraniquestraitant des attributs divins. Mais ce faisant j’attire particulièrementl’attention sur la conception parménidienne de la divinité comme une sphère,comme une balle. Un autre élément d’appréciation sur lequel j’attirel’attention du lecteur est que la clé de voûte du passage en question est queParménide, selon ses propres dires, a écrit son poème énigmatique et obscursous l’inspiration d’une déesse dont il n’a pas donné le nom et qui lui tenaitla main.

 

   Cependant, il faut analyser le poème deParménide avec les opinions des philosophes et des hellénistes sur les idéesmaîtresses contenues dans ce texte.

 

   Brigitte Boudon résume les thèses deParménide comme suit : «  PourParménide, l’étoffe du réel c’est l’être immobile, éternel, inengendré qui seulpossède Vérité, alors que les fugaces réalités sensibles vouées au changementet à la mort ne sont pas. Seul est l’Être, objet de la pensée véritable, sousla forme d’une sphère arrondie, parfaite et indestructible. Le non-Être n’estpas. Parménide professe que le réel, en profondeur, est rigoureusement immobile.L’Être est inséparable dela Pensée ». Les principaux attributs de l’Êtreparménidien sont donc : immobilité, liberté et affranchissement de latemporalité, immuabilité, pensée inséparable de l’existence, infinitude etpossession d’une forme sphérique bien arrondie. Ce sont évidemment là descomposantes d’une conception totalement étrangère à la vue monothéiste etabrahamique de la divinité.

 

   Pour Mathieu Jacquemet, le seul discours dela vérité possible, selon le philosophe grec, est celui de l’Être qui est un etimmuable. Parménide, pour Jacquemet, semble affirmer tant l’unité de l’être queson immuabilité. Le philosophe libanais R. Habachi identifie l’Être parménidienavec le même principe à l’œuvre dans l’illimité d’Anaximandre, l’eau chezThalès, l’air d’Anaximène, le nombre chez Pythagore et enfin le feuhéraclitéen. Platon a repris l’idée et parle non plus de l’Être, mais de lathéorie des formes, immuables elles aussi, marquées du sceau de la divinité. EtHabachi d’ajouter qu’en concevant l’Être, Parménide inaugure la métaphysiqueabstraite, et selon Russel c’est une métaphysique fondée sur la logique. Mais l’Êtredu père de la métaphysique est un être immuable, immobile. Habachi note queHegel, fidèle à sa logique dialectique, a fait du non-Être une réalité aussipositive que l’Être. J. Barnes reprend les mêmes éléments d’appréciation etprécise que Parménide, dans son grand poème décrit la voie de l’opinion qui estfausse et trompeuse, et la voie de la vérité qui mène à un terrain aride etdifficile. L’helléniste britannique dégage la clé de voûte du texte enaffirmant que ce qui existe possède une série de propriétés dont : êtrenon engendré, indestructibilité, continuité, immuabilité, immobilité, sansaugmentation ni diminution et finitude en forme sphérique. Une autre idéemaîtresse du poème, selon Barnes, est que Parménide envisage les sujetspossibles du discours. En effet le discours peut porter aussi bien sur l’Êtreque sur le non-Être. Cependant la seconde alternative n’est pas une possibilitéréelle, car il est impossible de parler de ce qui n’existe pas. L’Être seulpeut être l’objet du discours.   

 

   L’appréciation par Bertrand Russel de laconception de Parménide s’inscrit dans la même logique. En élargissant la perspective,Russel pense que l’Être est immuable. En d’autres termes, rien ne change. PourParménide, les sens sont trompeurs. Ils sont loin d’être sources de laconnaissance. De là le monde sensible est un monde d’illusions. Si Parménide aperdu en popularité, c’est à cause de son rejet de l’existence du monde desapparences. Seul donc existe l’Être qui est infini, indivisible, sans qu’ilsoit pour autant l’union des contraires. Dans la lecture russellienne,Parménide réaffirme l’intentionnalité de la pensée, dans ce sens que la penséeet le langage exigent au préalable l’existence des objets. Ce n’est passeulement l’Etre qui est immuable, mais les mots ont également une existenceimmuable. Bien que nous n’ayons pas de connaissance du passé, car le souvenirn’est pas identique à l’événement, mais décrit le passé, la mémoire est unesource de la connaissance. Russel accepte de Parménide cette idéed’indestructibilité de la substance ou du concept. Enfin l’idée fondamentale que Russeldégage du texte de Parménide estcellequ’il précise en ces termes: « TheOne is not conceived by Parmenides as we conceive God; he seems to think of itas material extended, for he speaks of it as a sphere. But it cannot bedivided, because the whole of it is present everywhere”. (L’Un n’est pas conçu par Parménide comme nousconcevons Dieu ; il semble en penser comme d’une matière étendue, car ilen parle comme d’une sphère. Mais il ne peut pas être divisé parce que satotalité est partout présente).              

 

   La constante dans tous ces points de vueherméneutiques est que l’être ou l’entité dont parle Parménide est inerte, sansvie ni mouvement ni personnalité précise et se présente sous une formesphérique. Il est inacceptable d’assigner au grand poème de Parménide plusd’acceptions et de significations qu’il ne pourrait contenir. La penséeprésocratique en  général et celle de Parménide en particulier n’ont pasété exemptes d’éléments mythologiques ou même païens. Le rationalisme outré lesa poussés à marcher sur des chemins tortueux et sinueux. Loin d’être desdogmatiques, les présocratiques mettaient l’accent sur l’usage de la raisondans le traitement des sujets. Selon le philosophe libanais Habachi déjà cité,l’univers des présocratiques fut un monde opaque, confus et chaotique. Cetteopacité est largement due à leur pensée intuitive. Ce fut un univers où laraison est mêlée à l’intuition. « Chez les présocratiques, écrit Jaspers,une pensée essaye de prendre forme, issue de l’intuition d’une expérienceoriginelle de l’être. Ils nous font assister aux premiers efforts d’une penséequi s’éclaire ». C’est une pensée immature qui ne peut pas inspirer unepostérité distante de plus d’un millénaire. L’univers présocratique et lemonothéisme authentique s’opposent radicalement. C’est d’ailleurs dans la mêmelogique d’antinomie structurelle que Jacques Berque conseillait aux arabesd’opter pour les présocratiques contre Abraham, père du monothéisme. Une foisencore aucun philosophe présocratique ne peut servir de source aux textesfondateurs d’une religion monothéiste authentique. Les échos des voixprésocratiques, dans leur globalité, ont beaucoup faibli, durant leur longvoyage vers les confins de l’univers grec. Ils parvenaient difficilement à sefaire entendre au-delà des limites de l’humanisme classique grec. Enconséquence, une bonne compréhension du texte coranique sacré exige aupréalable une abstraction totale de l’âme de la culture grecque.  

 

    Faut-il donc rappeler cette exigenceméthodologique dont il est déjà question ? On ne saurait proposer uneexégèse scientifiquement valable du Coran, tout en ignorant royalement lescirconstances historiques de la révélation ; tout en méprisant les exégèsesde l’érudition traditionnelle. L’épistémologie du discours exégétiquetraditionnel reste encore la source irremplaçable et incontournable de toutcommentaire adéquat fait par les hommes de notre temps sur le texte sacré.

 

                                               BabacarDiop 

 


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