Malheurs du Ciel ! Malheurs du Sol !

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  • Article ajouté le : 09 Samedi, 2014 à 14h53
  • Author: babacar diop

Malheurs du Ciel ! Malheurs du Sol !

   Pas de pluies tombées du ciel ! Pas  de fruits cueillis au sol ! Excepté depauvres mangues sans goût. Excepté des sorgos de malheur sans vitamines. Lanature, que veut-elle réellement ? Certainement elle veut en finir avecl’Afrique et ses habitants. L’Afrique serait-elle donc une terremaudite depuis jadis? Mais maudite par qui ? Assurément par le ciel..Par le sol. Une terre écrasée par les malheurs du ciel et ceux du sol. Sonexistence historique n’a duré qu’un demi-siècle et la voila cette terrerudement frappée par les forces célestes et terrestres à la fois.

 

   L’apocalypse now. Le monde s’effondre. Lescénario catastrophe. Toute cette rhétorique de malheur, toute cetteterminologie du mal se précise sémantiquement. La nature veut en finir avec lavie sur cette région du globe. Pas du tout avec la vie. Plutôt avec unecertaine vie d’une certaine espèce d’humains auxquels vont succéder d’autresêtres plus adaptés à cet environnement aride et rude, hostile à la vie sous saforme actuelle. Où donc iront les êtres faibles rescapés de l’apocalypse ?Nulle part ailleurs dans l’univers. L’univers ne veut pas d’un être faible. Lafaiblesse est une vacuité. Or « lanature, dira le vieil adage, ahorreur du vide ». La vie est une plénitude. Elle reste toujoursl’apanage des hommes pleins et vigoureux.

 

    La nature veut certainement en finir avecnous dès l’aube de notre existence historique. Elle a voulu nous exterminer enfrappant avec de terrifiants engins de mort. Mais toujours est-il que noussavons résister. Je dirais que nous l’avons échappé belle. Car il s’agit d’unerésistance passive. Gare à la résistance.

 

   La peste a-t-elle jamais frappé ? Peut-êtreoui, peut-être non. Nous en aurons toujours un vague souvenir, un souvenir desravages causés par la peste. C’est un souvenir du passé. Le passé ne nous ajamais intéressés que pour revigorer des vérités usées. En effet, le souvenirdu passé n’a d’intérêt que pour celui qui sait en tirer de belles leçons. Lapeste a-t-elle jamais sévi dans cette région du monde ? On ne sait pas..Objection. Exception accordée au Prix Nobel de littérature. Camus seul sesouvenait de La peste, cette cruauté de la nature, avec son lot demalheurs. Néanmoins l’auteur de L’étranger fut un occidental intrusdans nos propres affres. Vous le savez sans doute, mieux que moi, l’hommeoccidental est capable de souvenir qui lui est très utile, car il sait en tirerdes conséquences et des leçons de sagesse pratique.

 

   Halte à la digression inutile sur lesénormes capacités de l’homme occidental dans le domaine de la mnémotechnique.Revenons en à la peste et aux autres malédictions de la nature. La lèpre et lepaludisme, sans oublier les mouches tsé-tsé, ainsi que  les gisements inépuisables, renouvelables, demoustiques qui voltigent nuit et jour dans la maudite zone des Niayes, àl’opposé des énergies non renouvelables comme le gaz butane. Malheur aurédacteur de ces lignes pour y avoir élu domicile définitif. Ce que vous nesavez pas, c’est que, par le passé, j’ai failli délocaliser ma demeure etréélire domicile ailleurs. En tout état de cause, d’autres habitants plustéméraires des Niayes ont vendu leurs maisons pour s’éloigner des bestioles,des vols rocambolesques, nocturnes et diurnes, et pour l’échapper belle aux impôtsauxquels je n’ose pas attribuer un qualificatif par peur de représailles. Je nesavais pas que c’est pour des raisons démagogiques que l’on prétend qu’uneterre est riche par ses hommes et ses femmes, tout comme je ne savais pas nonplus que c’est pour les mêmes raisons perfides que l’on a prétendu qu’unvieillard qui meurt chez nous est une bibliothèque qui brûle. Une terre est appauvriepar ses hommes et ses femmes. Cela est une vieille certitude, et une autrecertitude est que l’idée fantastique d’ériger des gratte-ciel, de construire debelles avenues n’a pas germé dans la tête de nos ancêtres, afin de conjurer ennotre faveur les maux et les affres célestes comme terrestres à la fois.

 

   Revenons une fois de plus à la peste, à lalèpre et au paludisme. Et nous y voilà déjà avec le syndrome de l’immunitéréduite au néant du corps, de tous les corps d’Afrique. Ce dont on est certainest que la peste, le paludisme et le syndrome maudit tuent avec une certainelenteur qu’on leur connaît. Mais la nature sait toujours concevoir d’autresvirus plus mortels, d’autres malheurs, pour être plus précis, qui exterminentles êtres vivants en un temps record. Nous y voilà encore avec Ebola. Quelfrisson ! Quelle terreur ! Quelle idée folle que celle-ci : ceserait l’Occident qui l’a fabriqué. Quelle démence ! Qu’a donc l’Occidentpour créer Ebola ? La nature cruelle est là pour ce faire. Les occidentauxont d’autres chats à fouetter que de fouetter les africains. Les occidentauxpeuvent fouetter d’autres peuples qu’eux-mêmes, mais c’est pour le propreplaisir des peuples fouettés. L’Occident n’est pas sadique, ce sont les peuplessous-développés qui sont masochistes, qui se délectent à être torturés. Ebolaest bien là, chez nous et son nom sonne particulièrement local. Ebola n’est pasun nom occidental. Les racistes et les fascistes seront enchantés de nous voirpatauger dans une boue de virus mortels. C’est dans la nature des choses que desouhaiter le malheur à ses ennemis, à ceux que l’on méprise, à ceux que l’ondéteste.

 

   Ebola frappe à nos portes et c’est lui lenouveau-né. Gare à la résistance ! Si l’Afrique y résiste encore et necède pas, comme elle l’avait fait par le passé, alors d’autres bêtes férocesinfinitésimales, plus cruelles en génocide et en extermination, plus rapides,surgiront des ombres et des entrailles de la terre.

 

   Le scénario catastrophe se dessine avecprécision. Ebola frappe et se propage à une vitesse vertigineuse. Les victimesse cachent et se dissimulent dans des foules compactes. Les hécatombes semultiplient. L’homme blanc, comme il est toujours le sujet historique, prend lafuite. Le continent commence à se vider de l’homme blanc qui est facilementeffrayé, des diplomates et des hommes d’affaires. L’élite sportive devient plusprompte à s’enfuir. Ebola, tout comme d’autres malédictions, remonte au Nord, descendvers le Sud, et se propage à l’Est et à l’Ouest. L’élite intellectuelle,contrairement à son alter ego,l’élite footballistique, sera emmurée vivante. L’élite a du talent. On n’endisconvient pas. Mais elle n’a rien à vendre. Une élite n’a que des idées. Maisl’élite sous-développée n’a pas de bonnes idées.

 

                                                   Babacar Diop

 


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