Souffrances et douleurs du démocratisme

Blogs
  • Article ajouté le : 18 Mercredi, 2014 à 00h38
  • Author: babacar diop

Souffrances et douleurs du démocratisme

    Il ne s’agit pas ici précisément du concept clair, sans équivoque, de démocratie conçue comme pratique politique érigée en un système idéal, mais de démocratisme comme esprit de règne d’une classe sociale triomphante et victorieuse. La désillusion est grande, la déception immense à la mesure des espoirs et des espérances tant nourris, mais cruellement déçus. Toujours est-il qu’assez nombreux sont les hommes et les femmes désabusés qui s’interrogent, qui se posent des questions, suite au réveil brutal à des lendemains qui ne chantent que pour les hommes de ce que Schopenhauer, tout comme Nietzsche d’ailleurs, nomme,  avec une forte dose de sarcasme « La canaille souveraine ». Est-ce réellement la démocratie ? Elle est coûteuse, elle l’a été et n’a jamais cesser de l’être, mais son coût vaut-il les sacrifices consentis à son instauration ? Dans la plupart des cas, les sacrifices sont loin d’être volontairement consentis, mais imposés par l’élite triomphante accédée au pouvoir par des moyens et des chemins tantôt droits, tantôt tortueux. Le jeu vaut-il donc la chandelle ?

    La démocratie comme type idéal est synonyme de quiétude sereine, de paix psychologique et sociale solide, et pourquoi pas, de salut final auquel aspire toujours l’âme des citoyens de qualité. Or, sous notre ciel assombri par tant de vanités, par tant de désinvoltures, c’est un climat de terreur très singulière qui règne sans partage. C’est l’esprit d’excès de démocratisme qui en est l’origine. L’esprit d’excès et de démesure laisse passer l’intolérable dans les mailles du filet, grâce à sa subtilité. La terreur est devenue un phénomène banalisé à force de répétition et de redondance, et finit par donner l’impression que la pratique du terrorisme et de la criminalité est bien tolérée et devient finalement, comme pire résultante, un droit démocratiste/démocratique inaliénable. Qu’est-ce qui pourra dissuader, désormais, avec efficace le criminel de l’accomplissement de ses forfaitures, le déclinquent de ses délits quotidiennement commis, tant que la peine consécutive n’est pas proportionnelle à l’acte abominable ? L’élite victorieuse ne saurait trouver des réponses à ces dilemmes d’existence, tant que l’excès de démocratisme restera son principal handicap. Les peines infligées sont inférieures à la gravité des péchés commis, et c’est ainsi que le libre cours est donné à la volonté de nuisance. Rien n’y fait, car c’est l’esprit de démocratisme qui en est le soubassement et que professe l’élite vantarde et vaniteuse d’une nation sous-développée. Nombreuses sont les illustrations de la vantardise, de l’ostentation et de la vanité qui excitent à exhiber la force là où il n’y a que faiblesse, la plénitude là où il n’y a que carence et vacuité. On se montre ostensiblement, alors qu’on devrait rester dissimulé, caché. En effet, quoi de plus vantard, quoi de plus vaniteux que d’appeler à la suppression de la peine capitale dans un pays qui, à coup sûr, restera sous-développé jusqu’au jour de la résurrection, un pays où l’on est fier d’être assassin et briseur de vie ? En réalité ce que je voudrais dire avec de simples mots de la langue de Molière, est que nous somme des « « Waanés ».

    Certes, de lourdes peines peuvent être prononcées dans les tribunaux  du Tiers-Monde. Mais il ne s’agit nullement de véritables peines, mais plutôt  de peines comiques du point de vue pratique, ou mieux de simples malédictions populaires sans efficace aucune sur l’âme et la conscience des damnés. Au sortir d’une malédiction, le recyclage est facilement à la portée de main. Le criminel retrouvera, s’il est suffisamment malin, après son emprisonnement,  sa grâce d’antan, sa noblesse souillée, par des apparitions éphémères dans les médias publics ou privés, par des publications intempestives de bouquins de mauvais goût, ou par la conduite d’une action politique et sociale grotesque. C’est par l’esprit d’excès de démocratisme que la canaille politique puisse régner et que la racaille républicaine puisse accéder au pouvoir. D’ailleurs, le signe formel de la bonne santé d’une démocratie semble bien être le fait que toutes les dispositions nécessaires soient prises pour que des hommes et des femmes sans envergure accèdent au pouvoir et règnent sur leurs semblables et dictent leur tyrannie.

    Par ailleurs la démocratie formelle nous a valu cette sacrée léthargie qui nous pollue l’air, qui fait de nous un sacré peuple en éternelle voie de développement. L’excès de démocratisme précisément a figé notre peuple en une peuplade qui, nous ne l’espérons pas, restera sous-développée jusqu’au jour de la résurrection des morts.

    C’est en « démocrate authentique » que l’on tabasse sauvagement certains citoyens honnêtes, mais téméraires, qui osent lever les yeux et dire du mal sur un leader politique ou un leader d’opinion. C’est en démocrate prototypique que l’on casse les bus de transport en commun, sans épargner les véhicules particuliers des autres. De qui se moque-t-on lorsqu’on veut faire accepter cette logique folle selon laquelle le démocrate original jouit du plein droit de destruction et de pyromanie. C’est en bon démocrate que l’on vante les vertus du prince et de ses princesses, même s’ils n’en ont aucune.

    Seule la logique de l’excès de démocratisme tente d’assimiler la dénonciation légitime des péchés à une diffamation répréhensible. Seule la démesure du démocratisme a l’audace de prendre la sagacité, cette « sagesse apte à juger les hommes et les choses » (H. Coulet), pour pure vanité, pour du « waané ». C’est en démocratie formelle que les gueux sont vénérés, que les délinquants sont investis et élus, et que les rebelles deviennent de hauts dignitaires adorables.

    Seul le formalisme démocratique rend légitime la possibilité que des êtres défectueux accèdent aux postes de commande, et que les êtres doués d’une raison forte et saine, et d’une superbe intelligence  en soient écartés et subissent lois et dictats en provenance de caprices.

                                                   Babacar Diop


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *