Tabernacle de lueurs sombres

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  • Article ajouté le : 22 Jeudi, 2014 à 13h34
  • Author: babacar diop

Tabernacle de lueurs sombres

  Toute pratique est supposée avoir comme socle, comme point de départ le réel concret. La pratique politique ne peut  pas se soustraire à un tel énoncé normatif, sous peine de devenir un obscurantisme, une facticité. On ne l’a jamais assez dit : la politique est l’activité essentielle de l’homme. Elle est très sérieuse pour  qu’elle se borne à n’être que factice.

    Imaginez des élections qui n’apportent rien, qui ne valent pas grand chose, excepté de servir à remplir les poches des hommes exceptionnellement doués. C’est bien cela une activité politique factice. Elle est factice parce qu’elle est d’une gratuité totale, peu rattachée au réel.

    La parité entre hommes et femmes, entre garçons et filles est une gratuité pure, une réalité purement illusoire. Quel est le cerveau morbide qui a follement forgé le concept de parité ? Quel en est l’objectif visé ? Pourquoi  dépense-t-on, dans le débat superficiel, faussement passionné, sur la parité des sexes opposés, tant de temps et tant d énergie ? Une activité factice sans aucune base claire cherche toujours des faux-fuyants, des faux-semblants, pour se justifier, mais en vain, aux yeux des esprits critiques. Remplir les poches des décideurs : voila tout ce que nous apportent les types d’activités politiques que l’on mène jusque-là.

   La réalité fictive et factice est pernicieuse; elle fait perdre un sacré beau temps aux fidèles, ainsi qu’aux infidèles, aux cités souillées, tout comme aux cités saintes dans développement historique. Comment un lieu peut-il rester à tout moment sacré et divin, alors qu’il est souillé par toutes sortes de délinquances politiques, sociales, médiatiques et économiques ?

   Néanmoins, il faut saluer la prouesse et la performance des créateurs de modes factices; il faut saluer leur réussite à imposer, peut-être pour de bon, les fantasmes et les fantaisies, non seulement à la pesse, aussi bien parlée qu’écrite, qui ne sait que patauger dans la banalité quotidienne pour survive, mais aussi à l’intelligentsia locale. On s’émerveille, à tort ou à raison, à ce que, par la simple grandiloquence mais couplée d’une rhétorique sophistiquée, une cohorte de malins esprits puissent berner tout le monde et conduire par le bot du nez des pans entiers de l’élite intellectuelle à se passionner exclusivement des questions et des sujets de surface. Partout c’est l’effervescence faussement affichée et affectée avec ostentation sur les fronts bombés et les visages de bon teint; partout c’est la passion fausse et artificielle pour des sujets factices de l’égalité des sexes et le statut spécial des villes particulières. Or, ce n’est ni l’égalité des sexes, ni la parité entre hommes et femmes ou entre garçons et filles qui fera de nous un peuple historique. Ce ne sont ni les faux débats ni les passions fausses pour des sujets de bas intérêt, qui nous donnent une place honorable et enviable dans l’histoire des idées ou dans le concert des Nations fortes. Seuls les débats de fond et les sujets de profondeur historique sont le signal fort de la grandeur d’un peuple. En effet, quelle est la valeur réelle ou même symbolique, pour un esprit foncièrement critique, d’une égalité artificielle entre hommes et femmes, et d’une spécificité factice des cités, pour qu’on puisse aller jusqu’à leur attribuer une légitimité juridique et morale ?

   Au nom de quoi l’élite intellectuelle attache une importance capitale à la parité fabriquée des élus, et à la spécificité créée ex nihilo d’une cité ? Pourquoi ne pas laisser l’évolution sociale et historique imposer, de manière spontanée et sans ingérence factice, telle ou telle réalité, tel ou tel fait ? Pour quelle raison, l’élite intellectuelle doit se préoccuper du retour d’un vieillard, de la visite pompeusement médiatisée aux foyers confrériques et de la mise en tôle d’un petit prince égaré ? Pour quel motif valable cette même élite accorde de l’intérêt à la transhumance d’une brebis galeuse ou à la publication  d’un ouvrage rempli d’hérésies et de blasphèmes ?  

   Les malins esprits s’auto-glorifient et applaudissent, tant avec leurs mains qu’avec leurs pieds, à leur propre performance dans l’imposition des sujets et des thèmes pour lesquels ni les corbeaux ni les moutons ne daignent se battre.

   Un tabernacle est toujours fait de lumières ; il est toujours habillé d’une beauté poétique radieuse à nulle autre pareille, brillant de mille feux, et inonde de luminosité le sanctuaire où il est logé. Mais faute d’un bon usage le tabernacle peut être d’une sombre beauté. Facticité sur facticité, notre pratique politique s’illumine d’un tabernacle de lueurs obscures.

                                                      Babacar Diop


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