PORTRAIT PAPA ATOUMANE DIOP, DÉCÉDÉ À L’ÂGE DE 83 ANS, ANCIEN JOURNALISTE AU QUOTIDIEN NATIONAL LE SOLEIL A ABANDONNÉ LE VIEIL HOMME

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  • Article ajouté le : 24 Mardi, 2018 à 21h07
  • Author: babacar diouf

PORTRAIT PAPA ATOUMANE DIOP, DÉCÉDÉ À L’ÂGE DE 83 ANS, ANCIEN JOURNALISTE AU QUOTIDIEN NATIONAL LE SOLEIL A ABANDONNÉ LE VIEIL HOMME

Le 15 novembre dernier 2015, les correspondants de presse de Vélingara se sont étonnés de ne pas voir le doyen de la presse régionale, voire nationale, à la cérémonie officielle de la journée du Fonio organisée dans cette ville du sud du Sénégal. Aux nouvelles, on leur apprit que Papa Atoumane Diop est malade, terrassé par une hypertension artérielle. « Il parvient à se déplacer, même timidement. » Rassure-t-on. Et pourtant, le 1er septembre 2015, il a partagé la loge de la presse avec ses « fils » de confrères, lors de la cérémonie de réception d’une camionnette et d’un lot d’équipements offerts aux éleveurs du département de Vélingara par Mme la ministre de l’élevage, Aminata Mbengue Ndiaye. Ce jour-là, visiblement fatigué, épuisé par la maladie et le poids de l’âge, 80 ans à l’époque (Il est né le 05 septembre 1935 à Kolda), il avait constamment son classeur en matière plastique posé sur un coin de la tête pour se couvrir des rayons de soleil. La démarche dégingandée, le buste légèrement voûté, le pas lent et les mots saccadés du vieil octogénaire indiquaient que l’heure est venue, pour lui, de sceller sa plume de reporter… définitivement dans le tiroir. A cette interpellation de votre serviteur, M. Diop a sèchement répondu : « Tant qu’il me restera un souffle de vie, je ferai du journalisme. » Et pourtant lui-même reconnaît : « le médecin m’a demandé d’éviter les coups de soleil, de bien me reposer.» Mais pourquoi diantre s’obstine « Doyen » à continuer à faire paraître des articles dans Le Soleil ? Cet homme de courte taille, un peigne toujours coincée dans son classeur de compagnon, à la mise sobre mais toujours correcte, a certainement dépassé l’âge de la passion et du tape-à-l’œil. Il renseigne : « Vous savez, les retraités sont maltraités au Sénégal. Je vis d’une maigre pension de retraite. Il faut ces reportages pour joindre les 2 bouts.» Et il ne badine pas avec ce qu’il appelle, le « remboursement du transport. » Et le jour de la visite de Mme Aminata Mbengue Ndiaye, le Dr Ibra Diaw, chef du service départemental des travaux vétérinaires a dû s’en convaincre, lui qui s’est débrouillé à trouver à tous les 8 reporters, présents sur les lieux leur « remboursement de transport ». A ce propos, un chef de service a sa pensée : « Personnellement, pour mes activités ou ateliers je prévois le « remboursement du transport » aux journalistes. Parce qu’il s’agit d’une publicité sur une activité ou une propagande à titre personnelle. Et les partenaires financiers ont également besoin des coupures de presse. Cela doit avoir un prix, surtout qu’il s’agit d’agents peu ou pas payés du tout par leur organe. Le problème avec le Doyen, c‘est qu’il arrive que pour un atelier de plusieurs jours qu’il veuille que la presse soit là tout le temps alors que souvent elle n’est prévue que pour l’ouverture ou la clôture.» Plus tard, en fin du mois de novembre passé, sur son lit de malade à domicile, il a dénoncé l’oubli dont il a fait l’objet de la part du quotidien national Le Soleil. Il dit : « C’est juste quand il faut une commande d’article qu’on t’appelle. Personne au Soleil n’est au courant de ma maladie. Sur le plan social, je n’ai bénéficié de rien, malgré les nombreuses années passées dans ce journal : Pas de billet pour le pèlerinage à la Mecque, pas de décoration. Un ancien directeur général (Mamadou Sèye je crois) s’est même plu à supprimer nos avances sur salaire pour les fêtes religieuses. » Au départ était Mme Annette Mbaye D’Erneville 1958. Le major de la promotion du centre de formation agricole de Louga se nommait Papa Atoumane Diop. Le nouvel agent technique d’agriculture devait choisir son poste d’affectation. Le jeune homme à la chevelure touffue, à la mode yéyé de l‘époque, préféra Diourbel à Dakar. Il eut le bonheur d’y trouver comme chef de service régional de l’agriculture un certain Joseph Mbaye. C’était l’époux de la première femme journaliste du Sénégal, Mme Annette Mbaye D’Erneville, à l’époque directrice du centre d’information de la capitale du Baol. La belle plume du jeune Pape Atou (comme l’appellent ses proches) et sa belle diction poussèrent le patron à envoyer l’employé de charme aider son épouse de journaliste dans ses lassantes tâches au quotidien. Papa Atou ne tarda pas à convaincre Mme Mbaye qui, grâce à ses relations, lui trouva un stage au centre de formation en journalisme de Rufisque. Aujourd’hui reconnaissant, Pape Atou apprécie : « C’était une femme merveilleuse, gentille et disponible. Elle m’a formé et encouragé à bien pratiquer le métier. » Un journaliste est né. Et Adieu l‘Agriculture. Vers la fin de l’année 1960, le jeune pisse-copie est affecté en Casamance. Il précise : « Je couvrais les départements de Vélingara, Sédhiou et Kolda avec résidence à Vélingara. Mon patron résidait à Ziguinchor et se nommait Thiam Bouba Ndiaye. Avec Amadou Bâ et Balabasse Diallo nous formions une belle équipe. D’ailleurs à un moment, j’étais muté à radio Ziguinchor où j’animais « la radio éducative rurale avec un camion-cinéma comme outil de travail. » Entre temps, le jeune journaliste qui s’est perfectionné avec des formations dans le tas et des séminaires a eu l’heur d’écrire pour Paris-Dakar puis Dakar-matin, des journaux officiels de l’époque coloniale et postcoloniale. En 1973, le directeur de l‘Agence de presse sénégalaise, Ciré Thiam, nomme Pape Atou, chef du bureau régional de Haute Casamance, Tambacounda y compris, toujours avec résidence à Vélingara. C’est en 1976, que le vieux journaliste intégra le Quotidien national Le Soleil. « J’ai échappé à la mort par 3 fois. » De 1963 en 1972, Pape Atou a couvert toutes les élections qui se sont déroulées au Sénégal. Certaines couverture ont été grosses de risques pour le reporter le seul qu’il était le plus souvent. Il se rappelle comme si c’était hier de cette embuscade dressée comme l’ancien Député et Maire de Vélingara Ousmane Seydi. C’était en 1963. Il raconte : « A l’occasion d’une campagne électorale, feu Emile Badiane devait présider un meeting de Ousmane Seydi (Ups : Union progressiste sénégalais) à Bonconto, à 23 km au centre-est de la commune de Vélingara. Une équipe de presse venue de Ziguinchor avec à sa tête feu Thiam Bouba Ndiaye, qui était mon patron régional, devait se rende avec moi dans cette localité. En cours de route, Thiam Bouba nous conseilla de nous rendre à Kounkané où il existait une liaison téléphonique pour nous rendre plus efficace. Nous étions suivis par le comité d’actions politiques de l’Ups qui devait sécuriser le meeting. Ceux sont tombés sur une embuscade d’éléments armés du Pra-sénégal (Parti du regroupement africain). Ils ont tiré, les yeux fermés sur le véhicule. Il y eut plusieurs morts. Nous serions les premiers sur les lieux et peut-être les premiers à mourir. » La même année c’est à Wassadou, vers la frontière avec le Guinée Bissau c’est une femme qui est venue au bord de la route informer que des hommes armés de Pra-Sénégal étaient embusqués à l’entrée du village attendant la délégation de Ousmabe Seydi. Ceux qui ne sont pas passés par cette voie sont tombés sur le gang et il eut plusieurs morts. » Au début des années 90, se souvient vaguement Pape Atou, « un essaim d’abeilles est tombé sur une délégation de partenaires étrangers conduite par le député Ousmane Seydi. Un ancien journaliste de Le Soleil, natif du département, Aliou Barry qui était à mes côté, a été mortellement piqué par ces bestioles. J’ai eu la chance d’être très peu touché et j’ai pu me retrouver dans un véhicule dont les vitres des portails étaient hermétiquement fermés. » 


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