LES JUSQU-AU-BOUTISTES DU CUSEMS, BOURREAUX DE L’ANNEE SCOLAIRE

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LES JUSQU-AU-BOUTISTES DU CUSEMS, BOURREAUX DE L’ANNEE SCOLAIRE

 

En levant son mot d’ordre de grève le 25 avril, le CUSEMS vient de lâcher l’arme maintenue sur la gorge  de l’école sénégalaise depuis le mois de décembre. Cinq mois d’étouffement  ont suffi pour laisser entre les mains des  cliniciens de l’enseignement un malade difficile à réanimer.

 Se sentant victimes de la disparité des salaires dans la fonction publique, ahuris par l’immensité des indemnités accordées à des agents de certains corps qui sont de la même hiérarchie, les syndicalistes se sont radicalisés dans leur combat pour arracher le « yémalé » des mains d’un Etat sourd et muet face à leurs doléances.

Le défunt régime a bel et bien eu tort de créer ce fossé trop grand entre des travailleurs de même catégorie. Mais allait-il devenir juste en vous alignant sur ces favorisés de la nation? Il est sûr que si le tiers de ce que vous réclamez vous était attribué, vous alliez crier haut et fort que justice a été rendue. Hors, attribuer ne serait-ce que dix mille FCFA (10.000 Fcfa) à chacun des 86 000 enseignants  couterait aux contribuables dix milliards trois cent vingt millions (10.320.000FCA) l’année. De quoi soulager non pas seulement une infime catégorie de travailleurs mais toutes les couches de la population en subventionnant, un des multiples produits de première nécessité. Le problème est alors de savoir s’il faut d’abord rectifier la générosité inéquitable de l’ex-président qui arrosait de millions les premiers à taper fort sur la table ou arrêter tout bonnement cette hémorragie en posant un garrot.

 Le sentiment généralement partagé de se départir du défunt régime, avait rendu favorable la germination d’un combat syndical  au finish stérile et destructeur. Un silence coupable a été décrété par les acteurs politiques d’alors, particulièrement de l’opposition  qui ont ainsi encouragé le laisser-faire sans en mesurer l’aboutissement. Oui, le CUSEMS, obsédé par ses revendications par ailleurs légitimes, a sorti l’arme à destruction massive pour participer à l’assaut final contre l’ennemi commun contrairement aux autres syndicats  d’enseignants qui ont su se retirer à temps dès qu’ils se sont approchés du seuil critique. Le CUSEMS jusqu’au-boutiste a certes atteint sa cible car le régime de Wade est tombé mais il a raté son but, emportant dans son échec une année scolaire valide, aboutissement d’un effort national sur plusieurs années. En décidant de poursuivre le combat hors du ring c'est-à-dire en le maintenant et en le durcissant durant les deux mois d’élection et même au-delà , malgré les appels à la raison qui commençaient à fuser de partout,  les syndicalistes entraient dans la phase trouble de leur lutte qui n’obéissait plus à une logique syndicale. Comment peut-on paralyser le système scolaire voire universitaire en pleine campagne électorale et exiger des présidents-candidats de délaisser cette mission suprême de la nation pour s’occuper de questions purement pécuniaires d’une classe rendue frustrées par des mesures impopulaires ou injustifiées?

Même leurs élèves,  en la personne du représentant des élèves des lycées de Dakar ont vite fait de déceler la flagrante contradiction des enseignants leurs maîtres qui selon qu’ils mènent la grève ou qu’ils la lèvent se prêtent à des déclarations diamétralement opposées. Ils  ont d’abord soutenu juste après les élections que si dans une semaine aucune solution n’était  trouvée pour leur cause, l’année scolaire ne pourrait plus être sauvée. Bien après cet ultimatum, les voilà qui soutiennent le contraire et jurent qu’il est bien possible de réanimer le corps qu’ils ont étouffé mais s’en lavent les mains et rejettent la  responsabilité sur l’ancien régime et le nouveau à tort.

Vu la situation inextricable qu’ils ont créée, il sera difficile de trouver une magie pour remplacer les cinq mois sacrifiés inutilement. Avec un quantum horaire de fortune, le niveau général des élèves va baisser drastiquement et pour des années encore.

Chers syndicalistes, pour avoir été aussi coupables que l’ancien régime sinon plus, dans l’imminence d’une année blanche au pire  ou noire au mieux  des cas, vous avez laissé une boule de feu entre les mains des élèves, des parents et de l’Etat.

Osons espérer que votre épée de Damoclès ne s’abattra pas à nouveau sur le monde scolaire à la fin de votre ultimatum. 

Syndicalement vôtres

 Cheikh Bamba DIOUM

[email protected]

 

   

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