Le Blogs de : oumar ndiaye

Celui qui a eu l’idée et qui conduit le scénario est un expert-toxique de la société sénégalaise. Il est ici question de la série télévisée qui passe sur TFM. Le film est certainement le plus suivi par les sénégalais, si j’en crois ma fille, âgée à peine de 12 mois. Tout y est très professionnel : le casting, les costumes, la musique,  la réalisation est sublime. Tous les éléments sont réunis pour nous rendre accros à cette série, diffusée et rediffusée plusieurs fois par semaine. Et c’est là où réside le danger ou en tout cas ce qui gène. Car Si nous aimons à ce point « Un café Avec… », c’est que la série nous renvoient à notre profonde réalité ou alors à nos rêves les plus secrets.

Le rôle qui se veut le  principal est porté par une icône de l’évènementiel, Un Jeune homme très clean qui inspire la sympathie. Mais voilà qu’il se met dans le costume d’un GIGOLO, logé dans une suite de l’Hôtel le plus huppé du Pays, comme un jouet à la mode que se disputent deux Dames. Afin qu’il ne sombre pas dans la mélancolie, il lui est collé un Chaperon.  

Dans ce Café Avec ….. , ce sont les Dames qui cachent leur amant aux yeux de leurs rivales dans l’inaccessible confort d’un Hôtel cinq étoiles. Et chaque fois qu’il boude un peu, la dame lui refile un bonbon sur un buffet « self service à volonté »…. Où veut-on en venir ? Voudrait-on déconstruire le Sénégal classique où les hommes nantis recevaient ou logeaient leurs maîtresses à l’hôtel ?

L’autre rôle principal accessoirement est éclaté entre deux frères, mafiosi qui calment leurs nerfs en « effaçant » leurs employés devenus encombrants ou inutiles. Ils entretiennent une bande de jeunes dames et hommes qu’ils utilisent comme des outils ou des gadgets selon leur humeur. Ils n’ont pas de famille mais plutôt des « femmes qui leur préparent du café et sur qui ils se défoulent ». D’ailleurs, dans le cas du cadet des bandits,  pour éviter des rivalités entre père et fils, les garçons sont biffés de sa « Famille » composée de trois servantes. Le grand Capo lui n’a d’attachement que pour son chapeau de Don Diego. IL faut s’investir dans le CRIME  pour réussir et contrôler son entourage……

Un autre rôle pour boucler la triangulation du mal, Bakayoko, le Niak sympa…..qui a pactisé avec le diable pour se sortir de la galère. Il vit l’enfer spirituel, psychologique et physiologique au milieu de son paradis matériel et financier. Le diable paie comptant. Il ne te promet pas le paradis, il te l’offre juste pour un petit prix qui vaut la peine de signer ses contrats juteux.

Les Dames….. Naïves, Putes et soumises ; elles n’ont certainement pas eu le choix.  Aucune d’elles n’a d’attaches familiales ; parfaitement libres dans des appartements meublés, luxueux et payés par des inconnus. Deux belles-mères qui émergent du lot de par leur âge, ni veuves ni divorcées,  mais sans maris, s’invitent  et s’imposent dans le mariage de leurs enfants. Si la première belle-mère est prête à faire l’amour à son beau-fils afin que sa fille garde ses privilèges et conforts matériels et financiers, la seconde estime que son fils doit jouir des femmes à sa guise à la hauteur des richesses dont Satan l’a pourvues et qu’il partage si généreusement.  Les vieilles sénégalaises sont des entremetteuses….aux formes fanées très friandes d’occultismes.

Il ya aussi une folle furieuse qui incarnerait le beau rôle de mère du fils du héros. A peine  sortie  d’un traitement  en psychiatrie pour schizophrénie, elle est pourtant celle qui manipule tout le monde et tire son épingle du jeu à tous les coups.  Même la dernière sur le casting, venant de Guinée, n’est que l’incarnation la plus parfaite de « celles qui utilisent ce dont la nature les a dotées pour avoir ce que les hommes doivent leur donner…. ».

Nous sommes certes très loin de la téléréalité mais voilà une histoire qui ne s’appuie que sur nos fantasmes, mettant à nu nos rêves les plus fous et nos côtés les plus sombres. L’idée du film est tout simplement machiavélique. Il s’agit de prôner de nouvelles valeurs qui progressivement vont avoir raison des fondamentaux de la société sénégalaise, déjà très malmenée par la mondialisation.

Voilà ce qui nous est servi quatre à six fois par semaine comme breuvage par le Miroir du Sénégal… et on en redemande. Vivement vendredi soir !