Le Blogs de : oumar ndiaye

Aux pays de la Téranga, « Le Prince » de Machiavel n’est qu’un syllabaire pour les politiciens si habiles dans la manipulation du mensonge qui a fini par leur donner leurs surnoms de menteurs et de truands. Et paradoxalement c’est ce qui paie le plus au Sénégal où être véridique est un handicap majeur. Un personnage politique adossé à des valeurs et principes d’éthique et de morale en politique est si rare qu’il en devient incompris, anachronique. En politique, les seules valeurs qui vaillent sont celle  des contre-valeurs et des relativités conjoncturelles.

 Dans leur langue de bois, les politiciens tissent leurs mensonges avec des mots à double sens, allusifs, équivoques, nuancés sur une syntaxe nébuleuse et fluage. Ainsi ils peuvent toujours dire le contraire de ce qu’ils pensent et crier qu’ils ont été mal compris. Aussi, ceux qui usent de vérité sont redoutés et marginalisés car la vérité est durable et est sujette à une traçabilité certaine alors que le mensonge est événementiel et évanescent. Or les politiciens fourbes, menteurs, manipulateurs, calomniateurs, transhumants, teigneux et parasites, veulent rester libres de toute imputabilité et de tout engagement durable.

 Mimi TOURE est d’une sagesse belle et forte, de celle-là des personnes pétries des valeurs prônées par la sagesse des philosophes et  des soufiankais. Sa posture actuelle dans l’APR et  dans le champ politique du pays le prouve à souhait. Son image de Dame de Fer agitée en épouvante par les détracteurs n’a pas prospérée car le hangar du mensonge peut s’élever haut sur les piqués de la désinformation mais il ne porte jamais ombrage à la vérité.  En fait Mimi ne dérange que ceux-là qui craignent la vérité, ceux qui préfèrent les compromissions et qui se réfugient dans les lignes de masses pour camoufler leurs fourberies.

Tous ceux qui attendaient un duel au sommet entre le Ying et le Yang de l’APR ont fini par désenchanter amèrement. Mimi nous a épargné un feuilleton politique passionnant de rebondissements et de suspense qui n’aurait servi qu’à alimenter les faits-divers. La sœur jumelle, directrice de campagne de son frère siamois porté à la présidence de la république, n’est pas entrée en dissidence. Elle n’a pas pris les fourrées du maquis de l’opposition pour déstabiliser son Macky de frère, qui pourtant l’aurait bien mérité pour l’avoir mis au frigo pour des broutilles d’élections municipales perdues. Comme si la mission d’un ministre ou d’un premier ministre c’était de devenir maire d’une bourgade ! Mais en fin, le Président du parti avait annoncé la couleur !

Mimi aurait pu comme Djibo KA et Moustapha NIASS, jadis et dans un passé plus récent, comme MACKY, jouait sur la fibre de l’inconscient collectif formaté au « Koumba amoul Ndèye », l’orpheline victime de  la traitrise de sa marâtre et de la nouvelle belle famille de son père, envouté. Le pays entier aurait ainsi  assimilé le limogeage de Mimi comme une incivilité de MACKY qui a trahi sa sœur  dévouée. Le malaise serait d’autant plus indigeste que c’est sur l’autel des exigences  cryptopersonnelles(presqueprivées) et claniques que Mimi aurait été sacrifiée. La naïveté coutumière des  sénégalais autorise toutes les spéculations. Des foules entières de justiciers populaires qui la portent déjà dans leurs cœurs  l’auraient certainement positionnée de façon incontournable sur l’échiquier politique national ; mieux qu’un APR en mal de structuration.

Mimi aurait pu rebondir et consolider ses bases politiques sur un élan de solidarité national et supranational. Elle aurait pu confier son dossier aux « Entrepreneurs de morale » qui l’aurait extrait du champ politique pour l’embourber dans les marécages ethnico-moralistes et agiter la vase de la victimisation médiatisée. Mais elle a été constante dans sa  fidèle posture de gardienne du temple APR. Contre vents et marées, elle est là en bouclier. Face à l’impérieuse nécessité de structurer et de massifier le Parti APR, elle ouvre des perspectives innovantes, accueille et motive les adhésions nouvelles. Et pour assumer davantage ce rôle qu’elle joue pour l’APR du futur, il serait opportun qu’elle continue d’aller aux charbons et qu’elle n’hésite pas à user de l’eau de javel et de lavande après besogne. Le temps est à l’action.