La dépravation des mœurs au Sénégal

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La dépravation des mœurs au Sénégal

Si on considérait l’ensemble des Etats du monde dans un classement en fonction des mœurs de leurs populations, quelle serait la place de notre pays ? Certes, un héritage très riche faisait du sénégalais, une personne éprise d’honneur. Même indépendamment de la religion, l’histoire nous fait le portrait d’un homme juste, généreux, courtois, courageux, loyal, laborieux, digne, sincère…, Un gentleman qu’on ne rencontre plus dans nos rues.

A-t-il renoncé à ces vertus au prix de satisfaire ses désirs animaux ? Ou bien, le législateur a-t-il confondu son peuple au point de légaliser, pour lui, la pratique du mal au nom de la liberté ? Car nous constatons que l’essentiel, pour la loi, est de veiller à ne jamais causer de dommage à l’encontre de la liberté d’autrui.

Aujourd’hui, l’autorisation est donnée à quiconque désire commettre un « mal légal ». Autrement dit, vous pouvez faire ce que vous voulez, mais respectez la loi. Que la prostituée s’occupe de son commerce sans problème, mais qu’elle le pratique légalement. Qu’elle se procure de la carte professionnelle et effectue régulièrement son suivi médical. Que l’homosexuels aussi exerce librement son homosexualité, mais qu’il évite d’être pris en flagrant délit d’acte contre nature.

Par ailleurs, d’autres actes de débauche sont commis de la manière la plus banale : la prostitution clandestine, l’utilisation mal saine de l’internet, la production de vidéos pornographiques et leur publication dans des sites web…

En outre, citons le mauvais comportement dans tous ses aspects : le manque de dignité, l’égoïsme, l’injustice, l’impatience, la lâcheté, le mensonge… qui contribuent tous au développement de la corruption, à la recherche du gain facile, à la culture de l’incompétence, à la mise en œuvre de politiques politiciennes… la liste est longue. Donc cessez de nous parler de bonne gouvernance.

Quand la parole donnée ne sert plus de garantie sûre chez un vieillard, comment pourrait-elle en constituer chez un enfant ? Quand de hautes autorités osent se dédire publiquement, et que la diffamation et la calomnie deviennent des armes légitime contre des adversaires, et quand des gens, dans des assemblées institutionnelles, font de la politique un synonyme du mensonge, comment pourriez-vous prétendre être des modèles pour la jeune génération.

Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus, au-dessus d'eux, l'autorité de rien et de personne, alors, c'est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. (Platon)

A l’école, le « bon comportement » n’est plus au programme. En vérité, le Sénégal a beaucoup régressé sur le plan éducatif. Ne serait-il pas mieux de faire abstraction du mot « Education » dans la dénomination du ministère chargé de l’Enseignement ? L’enseignant a perdu tout son charisme d’éducateur. Il n’est plus cet être illuminé qui ne cessait d’être exalté par « son public scolaire ». Il n’est plus celui que ses élèves ou étudiants traitaient, même dans la rue, mieux qu’un Président de la République. Il n’est plus très respecté par ces derniers qui ne le considèrent plus comme très savant, ni très respectable.

A la maison, faudrait-il évoqué la démission des parents ou l'impuissance de l'autorité parentale ? Si vous avez lu cette Prophétie de Mahomet, paix et salut sur lui : « lorsque l'esclave engendrera son maître », vous saisirez la pertinence de cette interprétation qui la contextualise par rapport à notre époque où, selon certains savants, « la désobéissance s'accentue chez les enfants de sorte que l'enfant se comporte avec sa mère (ou son père) de la même manière que le maître (se conduit) avec son esclave, en l'humiliant par l'insulte, le coup ou le travail. »

Aujourd’hui, la majeure partie des parents ne se comporte-t-elle pas comme des serviteurs de leurs enfants, en âge de « prendre le relai » ? En plus, ça devient très fréquent de voir un père ou une mère de famille insulté ou tabassé par son propre fils.

Ce qui met en évidence le manque notoire d’autorité dans les foyers. Actuellement, pour les enfants, l’exemple à suivre ne se situe plus dans le cadre familial ou scolaire, mais le modèle à imiter peut bien être un lutteur ou un danseur qui, très souvent, n’a que violence ou vulgarité à transmettre.

Il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités en apportant à ce fléau des solutions idoines. Bien qu’il est important de noter que la lutte contre la dépravation des mœurs et son dénouement nécessitent l’engagement et la détermination de l’Etat et de tout son peuple.

Sur le plan éducatif, l’école et la famille sont directement interpellées :

Du point de vue scolaire, la très pertinente vision du Professeur Papa Ibra SAMB nous montre le chemin à suivre en nous faisant savoir qu’« un grand peuple arrive à transcender des problèmes parce qu’il privilégie de réfléchir, de comprendre et d’agir sans mettre en avant les sentiments. Dans le cadre de cette crise accidentelle, des mesures conservatoires peuvent et doivent être prises pour calmer les esprits et cela est absolument nécessaire…, mais pour la durabilité des options à entreprendre pour agir utilement, selon mon intime conviction il faut convoquer des états généraux sur l’école avec toutes les forces vives sans exclusive. »

Du point de vue familial, la responsabilité des parents doit s’engager telle que le Messager de Dieu, paix et salut sur lui, l’a évoquée : « Chacun d'entre vous est un berger et chacun d'entre vous sera interrogé concernant son troupeau. Le dirigeant est un berger, l'homme est un berger pour les gens de sa maison, la femme est une bergère pour la maison de son époux et pour ses enfants. Ainsi chacun d'entre vous est un berger et chacun d'entre vous sera interrogé concernant son troupeau. » Donc le rôle des parents est primordial dans l’éducation des enfants.

Sur le plan culturel, les artistes ne devraient-ils pas se conduire comme des modèles dans leur comportement et dans leur manière de s’habiller et de parler ? Bref, ne devraient-ils pas être des exemples dans leur manière de vivre leur art ? Pourquoi un artiste doit-il être vulgaire ? Cheikh Ahmad Tidiane SY disait : « la vulgarité tue l’art. » En plus, la loi condamne tout attentat aux bonnes mœurs. On ne peut pas être dans une société qui se veut vertueuse et prétendre à une quelconque liberté de s’exhiber ou de dire des obscénités.

Dans un tel désordre, la notion d’ordre public ne devrait-elle pas être un frein au libertinage ? Il est temps que les Ministres de l’Intérieur et de la Communication, chacun en ce qui le concerne, prennent leurs responsabilités, car force doit toujours rester à la loi. Il faut que la brigade des mœurs joue pleinement son rôle en montrant à tous les citoyens que l’outrage public aux bonnes mœurs est condamné. De même, il faut que le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) veille bien à sa mission de « sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence dans les contenus des programmes (des radios et télévisions). »

Tout compte fait, sachons que les plus profondes réflexions et les plus fructueuses concertations ne pourront jamais résoudre nos problèmes de mœurs, si elles ne sont pas accompagnées d’une bonne volonté et d’une ferme détermination d’agir des autorités politiques.

Où sont les conclusions des États Généraux de l’Education et de la Formation de 1981 qui avait connu la participation d’éminents chefs religieux, musulmans et chrétiens, des chefs coutumiers et tant d’autres hommes de valeur ?

Où est le rapport sur les assises nationales de 2009 qui avaient connu l’expertise de tout le capital humain sénégalais ?

Enfin où sont les conclusions des Assises de l’Education du Sénégal de 2014 qui était de petite envergure par rapport aux deux premiers rassemblements cités ?

En fait, des pays dits émergents était moins nantis que le Sénégal, il y a quarante ans. Mais ils se sont attaqués à l’Education de manière drastique, et aujourd’hui, ils nous dépassent de très loin.

Mor SARR

Ansou SAMBOU

Assane Bocar NIANE

Université Libre des Patriotes (ULP)


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Vvv - #1

Merci Pour Ces Réflexions. Vous Ne Trouverez Pas Beaucoup De Commentaires Ici Car Tout Un Chacun Se Sent Concerné Au Moins Par Un Des Points Que Vous Avez Soulevés Dans La Dépravation Des Mœurs. En Plus Les Gens S'intéressent Plus à Autre Chose Qu'à Cela Et C'est Là Où Il Y A ProblÈme Car On Laisse Faire. Vous Avez Tout Dit Et Votre Combat Ne Sera Pas Facile. Beaucoup De Barrières Se Dresseront Et Ceux Qui Sont Les Premiers Dresseurs De Barrières, Ce Sont Ceux Qui Devraient Agir En Premiers Pour Contrer Ces Dépravations. Bonne Continuation.

le Lundi 18 Février, 2019 à 11:02:44RépondreAlerter

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