Célébration de la journée internationale de la femme africaine : Un oubli regrettable pour notre pays (Par Fatou Sow Sarr)

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Célébration de la journée internationale de la femme africaine : Un oubli regrettable pour notre pays (Par Fatou Sow Sarr)

 

Le 31 juillet, la journée internationale de la femme africaine a été célébrée dans beaucoup de pays par les gouvernements et les organisations de femmes. Le Sénégal qui aurait dû être aux premières loges, est resté totalement aphone. C’est pourtant Dakar qui a abrité en 1974 la conférence qui a donné son nom à cette journée et aujourd’hui c’est une compatriote, Astou Koïté, qui préside aux destinées de la panafricaine des femmes. C’est dommage que le gouvernement du Sénégal ait manqué un tel rendez-vous.

Il faut remonter à l’UFS (Union nationale des femmes du Sénégal)  créée en 1954 à Dakar, pour en comprendre le processus. Les femmes de cette organisation dirigée par la guinéenne Jeanne Martin Cissé, feront une première tentative de mise en place d’une organisation sous régionale, lors d’une réunion de l’UGTAN tenue du 20 au 24 juillet 1959 à Bamako, en créant l’Union des Femmes de l’Afrique de l’Ouest (UFOA). Mais prenant en compte les limites liée à une composition exclusivement francophone (Guinée, Sénégal soudan/Mali et Dahomey/Bénin), elles ont posé un nouveau jalon en 1960, lors de la Conférence des Peuples africains tenue en Guinée pour regrouper des associations féminines de pays francophones et anglophones comme le Ghana et prendre contact avec d’autres dont le Nigeria. La poursuite des efforts permettra la tenue la même année d’un séminaire intitulé « La femme africaine trace son avenir  », à Ibadan du 1er au 12 août 1960, avec la participation de soixante-et-une femmes, venues de la Guinée, de la Sierra Leone, du Ghana, du Togo, du Dahomey, du Sud Cameroun, de la Fédération du Mali (Soudan et Sénégal) et du Nigéria.

C’est le lieu de rendre hommage à deux grands hommes : Sékou Touré et Julius Nyéréré. C’est d’abord Sékou Touré qui en 1961 a autorisé la tenue à Conakry de la première Conférence des femmes où, en dehors de celles des pays francophone d’AOF, on a noté la présence de femmes de la Sierra-Leone, du Libéria, du Nigeria, du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie. C’est au sortir de cette conférence que les participantes ont décidé de créer une Panafricaine des femmes. A la même période se préparait la création de l’OUA, et Mme Jeanne Martin Cissé qui était mandatée par Sékou Touré pour accompagner le secrétaire Général de la Conférence des peuples africains, M Abdoulaye Diallo, profita des missions de contacts pour se mettre en rapport avec les femmes des pays visités. En 1961, lors d’un séjour au Tanganyika, Julius Nyéréré accepta la proposition d’une réunion des femmes africaines dans son pays.

Du 27 au 31 juillet 1962 à Dar-Es Salam, un an avant la naissance de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), des femmes des pays francophones et anglophones de l’Afrique Occidentale, celles des Mouvements de libération de la Rhodésie et de l’Afrique du sud à travers la délégation Kenyanne, le Tanganyika pour l’Afrique de l’Est et du sud, l’Afrique centrale représentée par les femmes du Cameroun (le Congo connaissant des troubles sociaux et politiques). Le Congrès constitutif de La "Conférence des Femmes Africaines" (CFA), le 31 juillet 1962, est formé de 14 pays indépendants et de 10 mouvements de libération nationale. Le secrétariat général est confié à la Guinée avec Jeanne Martin Cissé et le secrétariat général adjoint  au Sénégal secondé par le Mali, le Ghana, le Libéria, la Tunisie et le Tanganyika.

La CFA prendra le nom d’OFP (Organisation Panafricaine des Femmes) après le Congres de Dakar (Sénégal) en 1974 où le 31 Juillet sera consacrée Journée de la Femme Africaine.

De 1962 à 1968 le siège du secrétariat général était au Mali, c’est suite au coup d’état contre Modibo Keita qu’il sera transféré en 1968 en Algérie pour se retrouver en 1986 en Angola et enfin en Afrique de Sud.

L’OPF a joué un rôle important durant les luttes de libération sur le continent. Elle apportera un soutien indéfectible aux femmes des pays sous domination étrangère notamment lusophones et ceux victimes de la ségrégation raciale comme l’Afrique du Sud. De par son statut consultatif auprès de l’OUA, cette organisation a pu offrir des tribunes d’expression aux femmes des mouvements de libération africaine, en les invitant à différentes manifestations en Afrique et en Europe.

Au moment où tous les pays célèbrent cette journée c’est regrettable de noter le silence du  Sénégal. Le Togo, a placé la journée sous le thème « Santé de la femme et de la jeune fille, une priorité pour l’atteinte des objectifs du développement durable», et au Mali, le thème porte sur «Comment promouvoir la participation communautaire dans l’assainissement ». En Cote d’ivoire, les femmes se sont mobilisées pour réclamer la Libération de Simone Gbagbo et ont organisé un Colloque international sur "le refus ou la peur du leadership féminin en politique". En Algérie, la ministre de la Solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme, a appelé à r continuer à lutter pacifiquement.

Des mobilisations sont notées au Cameroun, en Afrique du sud, au Nigeria, à Madagascar, en Guinée, etc. En Mauritanie  la parole a été donnée à Aissata Kane, 1ère femme ministre de la Mauritanie, membre fondatrice de La Conférence des Femmes africaines (CFA).

Dans la diaspora la mobilisation a été au rendez-vous en Belgique en France au canada et même les noires brésiliennes ont voulu manifester leur soutien aux femmes du continent africain. Donc partout, sauf au Sénégal, cette journée a été célébrée.

C’est dommage que notre pays, compte tenu du rôle historique qu’il a joué dans la constitution de la panafricaine des femmes et du symbole que représente Dakar dans l’évolution de cette organisation, qui nous vaut la présence quasi interrompue d’une sénégalaise au secrétariat général, soit aujourd’hui totalement absente de la célébration de cette journée ; cela ne nous honore pas.

Fatou Sow Sarr

Directrice du Laboratoire Genre de l’IFAN


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Anonyme - #1

Thies A Célèbre La Journée Avec Le Maire Talla Sylla Voir Thiès Info

le Jeudi 04 Août, 2016 à 14:36:22RépondreAlerter

Anonyme - #2

Votre Attachement à Ce Continent Qui Nous Est Cher N'est Plus à Démontrer.dieu Sait Quelques Jours Avant Le 31, J'ai échangé Avec Des Actrices De La Société Au Sujet De La Célébration Mais Le Manque De Moyens Revenait Souvent Mais Je Leur Disais Même En Envoyant Un émail De Rappel C'est Une Forme De Célébration!

le Vendredi 05 Août, 2016 à 13:30:31RépondreAlerter

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