Le Blogs de : Cheikhou Aidara

Avec 17% de cote de popularité, François Hollande plonge en grande profondeur dans les sondages en France. Mais, pourquoi cette impopularité du président français ? Parce qu'il n'a pas simplement tenu ses promesses ? Non ! Pas du tout…

En effet, dans un article paru le jeudi 3 mars dernier sur ‘’Le Figaro’’, le sondeur, Jérôme Sainte-Marie, nous apprend que jamais, sous la Vème République, un président n’a atteint des cotes d’impopularité aussi catastrophiques que Hollande. Et, après avoir analysé cette situation, on peut dire affirmer, sans risque de se tromper, que cette impopularité du successeur de Sarkozy, n’est pas liée au fait de ne pas avoir tenu ses promesses électorales. Parce que, Charles De Gaulle n’avait pas été élu pour accorder son indépendance à l’Algérie. Gorges Pompidou n’avait pas été élu pour faire entrer la Grande-Bretagne dans l’Europe. Giscard n’avait pas été élu par la droite pour légaliser l’IVG, la contraception et le divorce par consentement mutuel. Mitterrand n’avait pas été élu pour créer l’Union Européenne économiquement ultralibérale de l’Acte Unique Européen et du traité de Maastricht, bien au contraire. Nicolas Sarkozy, non plus, n’avait pas été élu pour débaucher des personnalités socialistes, pour répondre à la crise de 2008 en augmentant la dette de la France, ni pour retarder l’âge de la retraite.

Elle n’est pas aussi liée au fait d’avoir mené une politique économique de droite. Puisque l’électorat s’apprête, dans 15 mois, à le remplacer par un Président qui mènera une politique plus à droite que la sienne, c’est-à-dire un ex-Ump, quel qu’il soit. Et que si, par extraordinaire, un socialiste avait une chance de succéder à Hollande si celui-ci ne se représentait pas, ce ne pourrait être que Manuel Valls, encore plus «blairiste» que son patron, et certainement ni Martine Aubry ni un quelconque «frondeur». Sans parler des représentants de «la gauche de la gauche» du PS, tels que Mélenchon.

Elle n’est pas également liée au fait de ne pas avoir obtenu les résultats annoncés car ses prédécesseurs ont échoué dans leurs promesses de réduire le chômage de masse ou de retrouver la croissance. «Contre le chômage, on a tout essayé», avait déclaré Mitterrand. «J'irai chercher chaque point de croissance avec les dents», disait Sarkozy, sans atteindre pour autant ces records d'impopularité.

La vraie raison de l’impopularité de François Hollande, pour moi, tient au fait qu’il donne l’impression d’un Président indécis, ce qui est incompatible avec cette monarchie élective qu’est la Vème République, et au contresens de communication qu’a constitué cette idée de se présenter comme un «président normal» pour cette fonction qui n’est justement pas une fonction normale. Il ne peut pas tenir à ses troupes un discours conforme à sa politique. Celle-ci doit être présentée au Parti Socialiste, à ses militants, à ses électeurs, comme une politique « socialiste » au sens qu’avait ce mot jusqu’au milieu du XXème siècle. Ne pas pouvoir assumer verbalement ses changements d’orientation, comme ont su le faire ses prédécesseurs, constitue un énorme handicap et donne une impression permanente d’incohérence et de flou idéologique, qui ne peuvent qu’inquiéter l’opinion dans cette période d’incertitudes que nous vivons face à un monde nouveau, et où elle attend d’un président qu’ il la rassure en montrant qu’il sait ce qu’il veut et qu’il fait ce qu’il dit.

Mais surtout, son «habileté tacticienne» se retourne contre lui et, alors qu’il espère en retirer une sorte de consensus, il ne provoque que déception et sentiment d’indécision permanente, car toutes les réformes se sont faites sur le mode déconcertant de «deux pas en avant, un pas en arrière». Or, c’est seulement ce dernier qui marque les esprits : le mariage pour tous a abandonné en route son aspect le plus important, qui est l’autorisation du recours à la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour les couples homosexuels, promesse ni tenue ni reniée, mais simplement «oubliée». D’où une suite sans fin de manifestations, alors qu’il a été adopté en 48 heures en Grande-Bretagne, parce que ce pays avait commencé par régler préalablement la question de la PMA. Aussi, des réformes qui méritaient de longues discussions, comme la déchéance de la nationalité pour les auteurs d’actes terroristes, la loi du travail de Myriam El Khomri ou la diminution de la période d’égalité du temps de parole des partis politiques à la télévision auraient dû être entamées bien plus tôt. Mais, lancées à 15 mois de l’élection présidentielle, elles ne peuvent apparaître que comme de simples astuces électoralistes destinées à embarrasser la droite, en la mettant dans l'obligation de les voter.

Au total, c’est la trop grande habileté politicienne de M. Hollande et son incapacité à énoncer clairement les principes de la politique qu’il mène qui sont les vraies causes de l’impopularité exceptionnelle d’un président que les Français s’apprêtent à remplacer par un autre qui mènera à peu près la même politique, mais en l’assumant sans états d’âme, et en les rassurant parce qu’il leur donnera le sentiment de savoir où il va.