LES MORTS DE TAMBACOUNDA

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LES MORTS DE TAMBACOUNDA

À Ndeye Magatte Gaye

Vers l'an 3000.

Le Jugement dernier vient de baisser ses rideaux.

Les sérères qui connaissent Allah depuis des temps immémoriaux et L'ont toujours adoré dans Son Unicité prennent possession du Paradis firdawsi.

De l'autre côté de la barrière d'eau parfumée de musc dans laquelle se baignent les Ouroul Ayni à la peau si douce et fondante, aux formes si généreuses que le regard de Ngor Sène ne peut les embrasser d'un regard, au sourire de miel qui fait germer chez lui une boule de feu qui l'étreint si fort qu'il se courbe comme pour leur rendre hommage, ce à quoi elles répondent par un salut si déférant que les yeux de Ngor manquent de couler dans leurs gorges nubiles et profondes qui achèvent le pauvre sérère, derrière cette barrière disais-je donc, la longue foule des condamnés à l'Enfer, mes pauvres cousins toucouleurs et diolas perclus d'épouvante avançaient bien malgré eux, vers les flammes de la Géhenne d'où s'échappaient quelquefois des étincelles qui telle la foudre consumaient sur place le malheureux sur lequel elles tombaient.

Hamtoudo le peul leva la tête comme pour implorer une dernière fois Dieu, et aperçut une peuplade d'hommes et femmes qui couraient ventre à terre vers le feu de l'Enfer, emmitouflés dans de lourdes couvertures et grelottant de ce qui semblait être de froid !

Il se tourna vers Landing le diola stoïque qui avançait vers le feu, les mâchoires tellement crispées qu'il en avait perdu sans s'en rendre compte toutes ses dents et lui demanda :" Qui sont ces gens « ?

Landing lui répondit : " Ce sont les macchabées de Tambacounda. Ils courent vers l'Enfer pour se réchauffer mon pauvre ami !

Ils grelottent de froid sous leurs couvertures !

Car il fait trop froid ici, contrairement à Tambacounda d'où ils viennent ! "

Bon séjour à Tambacounda, chère collègue !


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