L’ETHIQUE ET LA PRATIQUE MÉDICALE

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  • Article ajouté le : 23 Dimanche, 2014 à 23h38
  • Author: Daam SOW

L’ETHIQUE ET LA PRATIQUE MÉDICALE

Les articles (17; 41) en début de texte et (4; 9) en fin de texte, sont tirés du code de déontologie médicale du Sénégal de 1967

 

Article 17

Sont interdits :- Tout acte de nature à procurer à un malade un avantage injustifié ou illicite ;- Toute ristourne en argent ou en nature faite à un malade ;- Tout versement, acceptation ou partage clandestin d’argent entre praticiens ;- Toute commission à quelque personne que ce soit ;- L’acceptation d’une commission pour un acte médical quelconque et notamment pour examens, prescriptions de médicaments, d’appareils, envoi dans une station de cure ou de maison de santé, etc.

 

Article 41

Tout partage d’honoraires entre médecin traitant d’une part, consultant, chirurgien, spécialiste d’autre part, lors d’une consultation ou d’un acte opératoire, étant formellement interdit, chaque médecin doit présenter sa note personnelle.En aucun cas, le chirurgien, spécialiste ou consultant ne peut accepter de remettre lui-même les honoraires au médecin traitant, mais il doit préciser que ces derniers ne sont pas compris dans sa note.L’acceptation, la sollicitation ou l’offre d’un partage d’honoraires même non suivis d’effet, constituent une faute professionnelle grave.

 

Ces dispositions du code de déontologie médicale avaient anticipé sur fléaux qui polluent actuellement la pratique médicale au Sénégal. Combien sont les médecins qui ont été saisis par les émissaires de certains de leurs pairs ou même par ces derniers aux fins de nouer un "partenariat". C’est un secret de polichinelle l’existence de "partenariat" entre praticiens qui se base sur l'orientation de patients vers des structures bien déterminées qui, en retour octroient un dividende à l'agent référent. C’est le cas cette dame très "pudique" qui me trouva avec des stagiaires et décida de me parler en aparté. Elle me disait du voix chuchotante "que Docteur X vous propose de lui envoyer vos malades pour leur imagerie." Elle poursuivait en me disant les échographies se font à 15.000 FCFA et les 5.000FCFA vous seront reversés."

 

A l’opposé de cette pratique malsaine, certains praticiens orientent d’une manière désintéressée leurs clients vers des cabinets ou centres médicaux qui ont une expertise reconnue. Ce choix devrait être l’attitude de tout praticien soucieux de la santé de son patient, d’autant plus que le secteur de la santé est envahi par des usurpateurs de fonction qui ont fini d’étendre leurs tentacules partout (de la consultation à la chirurgie en passant par l’Imagerie médicale). Cela aiderait à extirper de la profession ces criminels qui tuent les populations devant l’inertie coupable de l’État du Sénégal.

 

Combien d'agents de santé (médecins et paramédicaux) prescrivent d’une manière effrénée des examens complémentaires dans le seul but de renflouer les caisses de leurs structures. C’est l’exemple de ce collègue qui me disait d’une manière laconique lors de ma première journée dans sa structure "même pour un palu il faut tout demander. C’est le labo qui nous fait vivre."

 

Toutefois, l’efficience n’est pas opposable à l’obligation de moyens qui impose au médecin de recourir à tous les moyens qui lui sont accessibles pour donner consciencieusement les meilleurs soins à son client.

 

Combien de nos confrères prescrivent, les yeux fermés, tel ou tel autre médicament car y ayant intérêt personnel tout en occultant celui du malade et de la société. L’ouverture du marché du médicament qui visait l’accessibilité et la disponibilité du médicament a entraîné une pullulation des firmes pharmaceutiques et d’agences de marketing. Cette pléthore d’acteurs ou quelquefois d’affairistes, le plus souvent, étrangers au secteur de la santé, n’est pas sans dégâts collatéraux. L’avènement du médicament générique a permis la démocratisation des offres de soins en rendant accessible les médicaments de qualité. Cependant, nul n’ignore l’existence de médicaments dont la qualité est remise en cause quelquefois par les malades eux-mêmes. Dès lors il devient obligatoire pour le médecin d’assurer dans la mesure du possible une sécurité à ses patients en sélectionnant les médicaments à prescrire. Cette place centrale qu’occupe le médecin dans l’écoulement des médicaments lui vaut une convoitise de la part des visiteurs médicaux. Ce qui engendre une rude concurrence qui est quelquefois malsaine. Ainsi les médecins de moralité faible n’hésiteront pas à se laisser corrompre sur l’autel des intérêts du malade et de la communauté. C’est l’exemple de ce visiteuse médicale qui me disait "si vous voulez on travaille en partenariat. Vous prescrivez mes médicaments et je ferai quelque chose pour vous". Curieusement je lui demandais: Comment sauras-tu que j'ai prescrit tes médicaments? Elle me rétorquait " je vous donnerai des ordonnances pré-remplies sur lesquelles il y'aura 2 de mes produits."

 

Toutefois, il faut souligner les efforts consentis par certains fabricants ou vendeurs de médicaments pour accompagner les médecins dans leurs formations, ou en investissant dans le système sanitaire pour le relèvement du plateau technique et l’accessibilité des produits de santé. Afin de leur permettre de pérenniser leurs actions, ces derniers mérites d’être soutenus pourvu qu’ils produisent des médicaments de qualité à des coûts proches des moyennes.

 

Combien de professionnels de santé sont complices d’une arnaque organisée dans certaines structures de santé. C’est révoltant et écœurant pour un médecin de voir ses patients dans conditions avilissantes et traumatisantes tels que : S’aliter sur un lit d’hôpital sans draps; Être hospitalisé dans un pavillon sans toilettes fonctionnelles ni moustiquaires et j’en passe; Payer le ticket de consultation et se retrouver sans aucun soins d’urgence du fait d'un manque de tout (gants, compresses, fils de suture, anesthésiques, antidouleur …) Malgré qu’il paie à ses propres frais tous les consommables nonobstant du ticket, le malade doit quelquefois supporter sa douleur pendant des minutes voire des heures le temps que son accompagnateur fasse le tour des pharmacies de garde. Combien de confrères ont exigé ce minimum pour le malade avant d’accepter de faire la garde au risque de se voir renvoyé de leur poste? 

 

Article 4 

En aucun cas, le médecin ne doit exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre la qualité des soins et des actes médicaux.Le Directeur de la Santé publique est habilité à s’assurer des conditions dans lesquelles sont effectués les soins et les actes médicaux.

 

Article 9 

Tout médecin doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tous actes de nature à déconsidérer celle-ci et notamment de toutes pratiques de charlatanisme.Il est interdit à un médecin d’exercer une autre activité incompatible avec la dignité professionnelle.

 

Daam SOW

[email protected]

Dakar, le 23 Mars 2014


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