LA SANTE PARTOUT ET POUR TOUS

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  • Article ajouté le : 03 Vendredi, 2014 à 00h21
  • Author: Daam SOW

LA SANTE PARTOUT ET POUR TOUS

A l’heure où nous entrons dans la première phase de la  Couverture Maladie Universelle (CMU) avec la gratuité des soins pour les moins de cinq ans, nos structures sanitaires manquent de tout (personnels, intrants et consommables). Ainsi le Sénégal est très en deçà des normes édictées par l’OMS en terme de personnel médical, paramédical et d’infrastructures sanitaires. Ce qui constitue un frein pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)  et la réussite  de la CMU. On ne peut parler de « la santé pour tous » sans au préalable fournir un personnel de santé qualifié et en nombre suffisant pouvant permettre le maillage de tout le territoire national jusque dans ses  contrées les plus enclavées.

 Ainsi on note un manque criard de personnel de santé notamment de médecins, ce qui peut paraître paradoxal, et contraste avec le chômage endémique des agents de santé (médecins, infirmiers et sages-femmes). Ainsi sous le poids des attentes familiales, les plus dégourdis, se font exploiter dans les structures sanitaires avec, pour les plus chanceux,  un contrat indigne de leur rang, ou dans la majorité des cas, ils officient  au titre de prestataire de service journalier. Certains ne pouvant faire valoir  leurs compétences dans des contions qui respecte leur dignité, préfèrent se tourner les pouces ou, au meilleur des cas, changer de métier.

 C’est révoltant et inadmissible de voir un jeune médecin qui a sacrifié toute sa jeunesse et enduré  huit (8) années de formation aussi dures que longues, et devenir un misérable qui ne peut même pas se payer le plus petit article. Delà provient l’explication de ce que beaucoup de sénégalais fustigent et n’arrivent pas à comprendre jusqu’ici, je veux parler de la rareté des médecins sénégalais dans les hôpitaux (CHU) aux heures de garde et de permanence. Très souvent, les populations laissent entendre  dans les médias, qu’ils ne trouvent que des médecins étrangers dans les hôpitaux universitaires  aux heures de descente.  Alors, il est important de signaler que ces médecins étrangers sont venus au Sénégal pour parachever leur formation (la spécialisation). Ce que l’on doit, du reste,  encourager, car ce qui fait la réputation et la crédibilité de la médecine sénégalaise et la formation universitaire d’une manière générale c’est la polarisation de plusieurs nationalités, ce qui contribue à l’intégration et l’unité africaine.

 La question que les sénégalais devraient se poser est la suivante : pourquoi il y a peu de médecins sénégalais qui s’inscrivent dans la formation postdoctorale pour devenir des spécialistes ?  Cette question trouve sa réponse dans les conditions dans lesquelles s’effectue  la spécialisation en médecine au Sénégal. Après  avoir enduré les huit années de la formation initiale (médecin généraliste), le jeune  médecin doit encore débourser pour payer sa formation. Du moment qu’il ne dispose pas de salaire car ne travaillant pas, ce médecin (un enfant de 28 ans) doit assurer  sa formation (inscriptions, logement, transport, bouffe…) aux frais de ses parents. Il faut rappeler que l’Etat ne met à la disposition de ce médecin qu’une bourse mensuelle de 100.000 F CFA payée à la fin de l’année académique. Ces bourses ne couvrent pas toutes les spécialités, seuls ceux qui sont inscrits dans une spécialité chirurgicale y sont éligibles. Cependant, pour sa spécialisation qui dure cinq ou quatre années selon, le médecin doit payer annuellement au minimum 500.000 f ou quelquefois 3,5 millions voire plus, sans compter avec la réforme de l’enseignement supérieur qui préconise une augmentation de ces frais pédagogiques.

 Sous ce rapport il devient quasi-impossible pour beaucoup de  médecins sénégalais de poursuivre leur formation médicale postdoctorale en vu de devenir médecins spécialistes.

Ainsi la solution passera nécessairement par une implication de l’Etat qui a la mission régalienne d’assurer aux populations une éducation et des soins de santé de qualité. Pour cela, je suggère que l’Etat alloue plus de  ressources aux secteurs de l’éducation et de la santé. Ce qui est loin d’être le cas car l’Etat traîne toujours le pas pour respecter son engagement de porter budget alloué à la santé à 15% du budget national. 

Pour doter le Sénégal d’un nombre suffisant de médecins spécialistes, l’Etat doit accompagner ces derniers dans leur formation en leur octroyant une allocation conséquente à défaut de leur payer un salaire, ceci sur la base d’un contrat bipartite gagnant-gagnant. Ceci permettra de résorber le gap en médecins spécialistes et de réduire les disparités entre Dakar et l’intérieur du pays. A l’état actuel de la situation, le ministère de la santé ne dispose  d’aucun moyen pour affecter dans les régions un médecin spécialiste qui  par ailleurs ne trouve aucune motivation pour y aller. Ceci du fait que le spécialiste qui officie en région, travaille plus, car le plus souvent seul pour une population qui dépasse de très loin les normes,  et se retrouve à la fin du mois avec  un salaire sensiblement égale à celui du médecin généraliste.  Au même moment son collègue établi à Dakar amasse dès fois en une journée l’équivalent du  salaire d’un médecin.

 J’espère que mon appelle sera entendu pour la réussite de la CMU au grand bénéfice des populations.

 Dakar le 31 déc. 13

 Daam SOW ([email protected])

 


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Lg - #1

Analyse Très Pertinente De La Situation Des Médecins Sénégalais. Et Le Pire C'est Qu'il N'y A Aucune Esquisse De Solution Proposée Par Les Autorités Pour Palier à Ce Manque Criard De Médecins....qt à La Couverture Maladie Universelle..il Faut Croire Que C'est Une Tradition Bien Sénégalaise De Mettre La Charrue Avant Les Boeufs....c Désolant.

le Samedi 04 Janvier, 2014 à 15:10:30RépondreAlerter

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