La dynamique des partis politiques au Sénégal

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La dynamique des partis politiques au Sénégal

La dynamique des partis politiques au Sénégal

Le premier parti politique africain, le True Whig Party libérien, remonte aux années 1860. C’est un siècle plus tard que les partis se généralisent, avec la démocratisation partielle des régimes coloniaux : selon une estimation probablement basse, 150 partis auraient été créés entre 1943 et 1968 ; S. Mozaffar, « Introduction », Party Politics, vol.... , période pendant laquelle les sociétés africaines se mobilisent en vue d’accéder à l’indépendance, d’acquérir le suffrage universel et d’élire des gouvernements nationaux.

Toutefois, le pluralisme révèle sa faiblesse puisque les partis uniques et les régimes militaires dominent rapidement la scène politique presque partout sur le continent. Des années 1960 aux années 1980, le multipartisme ne survit qu’au Botswana, en Gambie et à l’Île Maurice ; il est réintroduit au Sénégal et au Zimbabwe dans les années 1970 et 1980, sous les auspices de partis dominants. Ce n’est qu’à la faveur de l’entrée de l’Afrique dans la troisième vague de démocratisation que la situation commence à changer. Dans les années 1990, pratiquement tous les pays africains s’engagent dans la démocratisation et le multipartisme. Dans des pays confrontés à des contraintes structurelles (comme la pauvreté, la faiblesse de l’État, l’illettrisme) et marqués par des pratiques politiques cristallisées (comme l’autoritarisme et la corruption), des doutes sont rapidement exprimés quant à la réalité des changements démocratiques. S’il est vrai que ces changements sont parfois cosmétiques, il n’en demeure pas moins que les réformes entreprises ont conduit à une réintroduction significative du multipartisme en Afrique subsaharienne.

La classification actuelle

1. Parti dominant

- Plan sociologique :

On assiste à un clivage historique entre le PS et le PDS, chacun de ces partis ayant eu droit à des périodes de morcellement et reconfiguration par alliances et autres transhumances clientéliste à l’avantage du PS pour la période d’indépendance aux années 2000. Les clivages ethniques, clientélistes et religieux n’ont pas été prédominants dans la société Sénégalaise mais occupent une place non négligeable dans la dynamique des partis dominants.

L’idéologie quant à elle, est soit importée des partis occidentaux, soit marginale car non acceptée ou comprise par la masse électorale obnubilée par la personne en lieu et place de son programme.

- Plan électoral :

Il y a une domination stable du parti capable de remporter la majorité des suffrages quel que soit le mode de scrutin (majoritaire ou proportionnel). Le PS est resté 40 ans au pouvoir avec plus ou moins des contestations sur la régularité des élections organisées par ses soins, le PDS est resté stable pendant 02 mandats post alternance laissant la place à une large COALITION de partis au pouvoir actuellement sous la férule de l’APR.

- Plan institutionnel

Un « système de partis institutionnalisé » est un système dans lequel « l’existence des partis principaux et la façon dont ils agissent est empreinte de stabilité. Ainsi, le changement n’est pas entièrement exclu, mais il est limité » S. Mainwaring, « Party systems in the third wave ».

La tendance des partis dominant a été marquée par des phases de création, leadership autour d’une personne phare, système de gouvernance présidentielle fort pendant la gestion du pouvoir, tentative d’hégémonie ratée (transhumance clientéliste religieuses et affairistes, parapluie juridique pour les hors la loi…) et scission de parties dissidentes internes au parti l’obligeant ainsi  à mener des accords de coalition.

La cristallisation de l’idéologie par une école interne, des débats contradictoires et une bureaucratie propre n’est pas une priorité et la démocratie interne et faible voire inexistante d’où des fragmentations limitées n’allant pas jusqu’à l’implosion.

Le parti est juste un véhicule pour accéder au pouvoir, et le pouvoir un moyen d’accéder aux ressources publics rendant une vision durable du parti dans le temps tout à fait négligeable.

2. Partis d’opposition

- Plan sociologique

Le PDS s’est opposé 26 ans au PS ultra-dominant  avant d’accéder au pouvoir qu’il cédera après 02 mandats successifs à un de ses dissidents par coalitions interposées. Le leader historique a eu à faire beaucoup de coup de force idéologique, des compromis avec le pouvoir en place, un populisme à outrance et tout un artifice de décisions stratégiques qui ont mené son parti le PDS au pouvoir dans le cadre d’une large coalition avec les autres partis d’opposition demeurant marginaux et peu structurés pendant toute la période.

L’idéologie des partis d’opposition est faible, avec des tendances clientélistes mais peu ethnicisées dans l’ensemble, la religion restant neutre dans les joutes idéologiques.

La masse électorale est restée fortement attachée à la personne et à son charisme plus qu’à son programme en définitive.

- Plan électoral

Le schéma de l’opposition correspond à un parti dominant le PDS suivi des autres partis ou coalitions, cela à évoluer dans les années 2000 à nos jours en faveur des coalitions de partis politiques suite à l’effritement du parti au pouvoir le PS et à l’émergence d’un électorat plus exigent sur le programme et moins attaché au leadership fort du dirigeant charismatique.

Les joutes électorales sont restées relativement claires et sans grandes contestation depuis les années 2000, et l’opposition siège régulièrement dans toutes les assemblées électives du pays.

- Plan institutionnel

Le constat est le même par rapport au parti dominant avec une forte tendance à la volatilité des partis politiques à l’exception notoire des partis dominants (PS, PDS), de leur portion dissidentes (URD, AFP, APR…) et des partis historiques (PIT, LD, …). Lorsque les partis politiques deviennent des organisations durables, ancrées dans la société, légitimes et efficaces sur le terrain, ils sont plus susceptibles de contribuer de façon positive à la consolidation démocratique.

On assiste à une émergence notoire de partis non institutionnalisés (inachevés), notamment l’éclosion d’un pouvoir personnaliste, les influences et la politique populistes, les tendances néo-patrimoniales et la marginalisation du parlement dans une vie politique centrée sur l’exécutif.

En résumé :

Un système électoral fiable dans l’ensemble et des élections régulièrement tenues. Aucun parti dominant et autoritaire depuis l’avènement du multipartisme. Un ensemble de partis dont des dominants qui restent stables au pouvoir  (PS, PDS…) avant de céder devant des scissions/coalitions. Aucun parti n’a réussi le pari de la consolidation (concentration au lieu des scissions) et de l’autonomie (finance floue et collusion possible avec des acteurs étrangers ou occultes…). Les partis d’opposition faibles, volatils et peu structurés voire clientélistes. Les coalitions semblent être une alternative au système du parti dominant (APR et alliés) et des partis d’opposition volatils assurant ainsi une compétition dont les préoccupations idéologiques sont reléguées au second plan. La masse électorale a évolué vers une prise en compte de ses besoins dans ses choix plus que la confiance en un leader éclairé et charismatique.

En conclusion nous pouvons dire que :

Le fil idéologique, les préoccupations légitimes de la population et  l’institutionnalisation des partis sont les points sombres du système de partis politiques au Sénégal, malgré un bon système électoral et une masse électorale en pleine transition idéologique et  sociale. Une lecture sociologique erronée sera donc la plus grosse faute qu’un parti pourrait faire à l’avenir sachant que survie et sa durabilité seront en jeu. Un des paris de l’avenir sera de mettre l’accent sur la transparence, la démocratie interne et les finances des partis politiques  mais aussi de mettre un cadre juridique définissant tous ces contours.

 


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