ILES DU SALOUM, UN PARADIS EN AGONIE

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ILES DU SALOUM, UN PARADIS EN AGONIE

Rien qu’en prononçant son nom, le lecteur se s’en emporté, envoûté dans un monde d’imaginaire où règnent beauté, dépaysement et découverte. Ceci demeure vrai au-delà de l’aspect contemplatif et ce n’est point le contraire que l’on peut lire sur un tee-shirt au dos d’un piroguier qui nous faisait découvrir ce bel coin « le paradis n’est pas loin ». C’est également vrai lorsque l’on s’attarde à jeter un coup d’œil sur les cartes illustratives ou encore en survolant ce bel endroit protégé des pollutions, du bruit, des embouteillages et du surpeuplement. C’est aussi un endroit qui appelle à la quiétude, en tapant juste îles du Saloum dans n’importe quels moteurs de recherche sur internet. Ce nouveau moyen de communication vient donc renforcer le dispositif qui labélise ce territoire riche en écosystèmes. En effet, le delta du Saloum est classé patrimoine Mondial de l’UNESCO. Il fait partie des plus belles baies dans le monde. D’aucuns le classe 27ième, une belle place donc lorsqu’on le compare aux belles îles du Pacifique notamment. C’est aussi le lieu de prédilection des oiseaux migrateurs, une embouchure qui présente aux visiteurs la sublime rencontre entre le fleuve du même nom et l’océan atlantique. La diversité ethnique qui s’adonne avec intelligence et respect à l’activité halieutique est sans doute un des éléments forts de ce territoire. Les habitants vivent dans une harmonie enviée en dehors des contrées d’ici  non seulement entre-eux mais également avec la nature en la préservant.

A l’heure où l’Etat du Sénégal se lance dans un ambitieux projet de redynamisation du tourisme confronté à la concurrence des pays du Maghreb et de plus en plus par les destinations de la sous-région, il est heureux de trouver que de tels endroits laissés à l’état naturel continuent à embellir ce bel pays et à renforcer son offre touristique. Il est également dommage de constater que les sénégalais eux-mêmes dans leur écrasante majorité ne connaissent pas encore ce bel lieu. La faute est relative à une carence d’informations, d’une part et de l’autre, à un manque criard de promotion interne de la destination. Nous continuons à croire que le touriste n’est pas sénégalais ou africain de manière générale. Il est plutôt européen par excellence.

Concernant, la vie locale des habitants des 04 communes que sont Djirnda, Bassoul, Dionewar et Toubacouta, est loin d’être facile. Certainement la dernière commune est plus nantie que les autres. En effet, les 03 premières communes situées au cœur des îles du Saloum se voient confronter à des difficultés relatives au sous équipement. Sur le plan de l’approvisionnement en électricité, celle-ci n’est disponible que de 14h à 00 h c’est-à-dire 10 heures par jour. Pour ce qui est des déplacements intra et inter-îles, les établissements humains sont quasi-enclavés. L’évacuation des malades, des femmes enceintes, l’accès à l’école, l’arrivée des secours, ou même se rendre à la mairie pour déclarer son enfant constituent entre-autres un réel handicap. L’eau de boisson consommée dans les îles s’améliore aujourd’hui avec le projet NDP (Notto-Diosmone-Palmarin) qui la draine de la région de Thiès aux îles. Toutefois, des zones non couvertes existent encore où la qualité de l’eau reste médiocre.

Le sous-équipement des îles du Saloum est une contrainte de taille pour assurer une bonne attractivité. L’Etat du Sénégal grâce à la réhabilitation des routes de Keur Waly Ndiaye-Sokone ; Fimela-Ndiosmone ; Fimela-Keur Samba Dia ; Djifer-Palmarin-Joal a effectué des efforts pour le désenclavement de l’accès par voie terrestre. Il reste donc la liaison de ces axes via les îles pour une amélioration significative des conditions de vie des populations. Sur ce plan, aménager des quais équivalents aux garages en terre ferme, permettrait de faciliter le transport et la mobilité. Il faudrait également les équiper par des bateaux taxis ou chaloupe à l’image de celle qui relie Dakar à Gorée pour une fluidité du trafic. Un tel aménagement jouera à coup sûr un rôle déterminant sur la sécurité des biens et des personnes. Dans une perspective de désenclaver ce territoire particulier, l’Etat du Sénégal doit mettre en place un PUDC (Programme d’Urgence de Développement Communautaire) ou équivalent en faveur des îles du Saloum. Cette discrimination positive territoriale va corriger les réels déséquilibres de développement qui biaisent le véritable développement de cette zone. Un système de péréquation financière pourrait être installé sur le budget de tous les ministères pour accompagner cette politique. Il en est de même pour la localisation et l’accompagnement des entreprises qui souhaiteraient y faire des activités. Cette politique passera aussi par l’exonération de taxes et d’impôts pour une période déterminée et une volonté de subvention allouée aux arrivées.

Voilà quelques pistes de réflexions qui pourront à la longue renverser la tendance en installant définitivement ce territoire des extrémités contradictoires (Riche et pauvre) dans un développement durable. L’agonie se ressuscitera ainsi dans un paradis éternel.

Daouda Thiandoum

Aménagiste, urbaniste et géomarketeur

SG du CRU (Club de Réflexion sur l’Urbain)

[email protected]


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