PLACE ET ROLE DU TERRITOIRE DANS LE DEVELOPPEMENT DE DIAMNIADO

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PLACE ET ROLE DU TERRITOIRE DANS LE DEVELOPPEMENT DE DIAMNIADO

Assez provocateur me diront certains spécialistes concernant le titre car dans Diamniadio figure en bonne place le Territoire, pourquoi choisir donc un tel libellé pour cette réflexion ?

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Hitler disait à ses soldats parce qu’il n’avait pas de bons géographes, qu’il perdait des batailles.

Nous pouvons dire que oui au Sénégal, nous avons des spécialistes du territoire, une vision pour le projet déclinée à travers sa localisation, mais ce que nous ne soutenons pas assez relèvent de son harmonisation et de son articulation sur le plan local. Le territoire est utilisé sous un angle sectoriel sans une réelle volonté d’articulation féconde.  Le résultat est qu’aujourd’hui nous vivons dans un pays présentant de réels déséquilibres, une utilisation irrationnelle de l’espace et une mauvaise répartition de la population entre Dakar (plus de 3 millions d’individus sur 0.3% du territoire national) et les autres capitales régionales (exemple de Kédougou moins de 160 000 habitants), entre capitales régionales, entre le rural et l’urbain, entre la frange occidentale et le reste du pays. D’où un « développement » linéaire, occidental et côtier allant de Saint-Louis à Ziguinchor dans une largeur ne dépassant les 300 km autrement dit de Dagana à Vélingara.

Tout raisonnement macro économique ou sectoriel qui ignorerait la dimension spatiale est donc voué  ou menacé d’irréalisme. Ne rien faire, c’est également agir, en laissant librement s’exercer des évolutions territoriales intenses. Il n’est pas de politiques sectorielles ou globales qui puissent réussir qui ne prendraient  pas en compte la dimension spatiale des contraintes, des objectifs et des moyens qui sont les siens.

Le souci territoire n’est pas une contrainte qu’il faille ignorer. BERNARD PECQUER disait « qu’il n’existe pas un territoire sans ressources, ce qui existe c’est l’incapacité des hommes et des femmes à faire valoir ses ressources » Il ne doit pas donc être un simple support comme c’est souvent le cas mais plutôt comme un facteur de la production et comme l’un des éléments du vaste système qui définit l’évolution de la nation et qui doit répondre aux besoins de la population.  Il faudrait donc bien le géré, l’utilisé et l’exploité.

Il oblige à s’assurer que le projet envisagé sont pris en compte la localisation ou l’implantation optimale, les mains d’œuvre nécessaire, la disponibilité des infrastructures, des matières premières, de services, de débouchés….La dimension territoire aide le projet dans son appropriation locale et donc dans sa réussite. Elle permet de tirer le meilleur parti pour la collectivité et d’éviter au maximum le gaspillage.

Sur un espace restreint, on peut constater la localisation future de plusieurs projets et programmes comme c’est le cas actuellement à DIAMNIADIO et plus loin dans l’axe ou triangle Dakar-Thiès-Mbour. Il est donc nécessaire et opportun de disposer une lecture globale et transversale de cette zone et surtout de donner à l’aménagement du territoire la place qui lui revient non seulement dans ce secteur mais également sur toute l’étendue du territoire national.

L’aménagement du territoire pourrait être défini dans le contexte sénégalais marqué par de grandes disparités inter et intra régionales, comme étant un ensemble de mesures allant dans le sens de corriger les déséquilibres constatés sur le territoire par le biais d’une utilisation rationnelle, conscience et réfléchie de l’espace pour satisfaire les besoins actuels de la population sans compromettre ceux des générations futures. Il utilise trois types d’action de nature différente :

Conception, élaboration et harmonisation des grands projets d’infrastructures de réseaux et d’équipements collectifs. C’est la partie active de l’aménagement du territoire. Il s’agit de concevoir, de programmer, de réaliser d’actions ayant un grand impact spatial,

Promotion des politiques incitatives et dissuasives, le but recherché est de promouvoir l’orientation des investissements privés ou l’installation des ménages vers un espace au détriment d’un autre. Un ensemble de moyens pourraient être utilisés par les pouvoirs publics, entre autres on peut citer : politiques tarifaires dans le cadre des transports, en agissant sur la fiscalité, en instaurant de primes à la création d’emplois, aides directes à l’économie, réalisations directes d’investissements publics industriels, en délocalisant certains emplois administratifs…..,

Instauration de politiques de contrôle et de suivi de l’utilisation du sol, celui-ci étant réduit, limité et non renouvelable, l’objectif est de veiller à sa bonne utilisation.

Ces trois types d’action trouvent leur justification dans cette zone. Pour éviter d’avoir  les mêmes contraintes actuelles que connaissent les grandes villes africaines à l’instar de Dakar en transférant les problèmes vers Diamniadio (détérioration du cadre de vie, indemnités des occupants pour les grands projets (autoroute Dakar-Diamniadio notamment), pollutions, occupations illégales, anarchiques et spontanées de l’espace, ruée vert le poumon vert que constitue les niayes, spéculation foncière, mauvaise planification spatiale, manque de respect à l’environnement, inondations, non respect des codes ayant une incidence spatiale, occupation des rues et voies réservées aux piétons, défragmentation et/ou juxtaposition de l’espace,  problème d’eau et d’électricité, lotissement sans une réelle volonté de créer une ville d’où un étalement urbain à perte de vue, absence de VRD dans certains quartiers, une périurbanisation non contrôlée et archaïque au détriment des zones agricoles, ANTICIPONS car le développement soit on le subit ou soit on l’organise et  le devenir de cet espace doit être en parfaite adéquation de disposer un souhait voulu. Le leitmotiv devrait être TOUS ACTEURS, TOUS CONCEPTEURS ET TOUS SOLIDAIRES.

Force est de constater qu’aujourd’hui, vu le nombre d’acteurs qui agissent sur le territoire en vertu du transfert et du partage de la compétence aménagement du territoire, il est urgent d’harmoniser les violons pour ouvrir une vue d’ensemble.

Pour ce faire, La loi d’orientation sur l’aménagement du territoire est plus qu’URGENTE eu égard des nouvelles initiatives des autorités sénégalaises ainsi que la révision du plan national d’aménagement du territoire qui va photographier le territoire, qui va guider la cohérence des actions futures dans un cadre itératif et concerté. Réchauffer également d’autres outils d’aide à la décision permettra également de disposer toujours l’espace en ligne de mire dans toutes les politiques publiques.

 

Daouda Thiandoum

Aménagiste, urbaniste et géomarketeur

Diplômé des universités de Paris et Grenoble

[email protected]

 


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