POUR UNE MEILLEURE LOCALISATION DU FUTUR STADE DU SÉNÉGAL

Blogs

POUR UNE MEILLEURE LOCALISATION DU FUTUR STADE DU SÉNÉGAL

En marge de la cérémonie marquant l’inauguration de Dakar Aréna, complexe sportif multifonctionnel localisé dans la ville nouvelle de Diamniadio, le Président de la République a annoncé la construction prochaine d’un stade de football. Il s’agit du Stade du Sénégal, nom choisi pour cette infrastructure sportive, d’une capacité de 50 000 places. Une bonne nouvelle dirai-je dans le sens que c’est plus qu’une nécessité eu égard à l’image non attractive que reflète le Stade Léopold Sédar Senghor. On pourrait de belle manière réhabiliter ce stade mais son environnement très enclavé constitue l’autre difficulté. Pour titiller les grands de ce monde, il fallait donc rehausser le niveau des infrastructures et équipements sportifs du pays. Les stades de certaines régions sont certes réhabilités mais leur reconnaissance internationale est  toujours un besoin. Voilà pourquoi nous saluons l’initiative. Un pays de foot ball comme le Sénégal ne peut pas rester sans infrastructures sportives de qualité comme celles retrouvées en Afrique (Gabon, Guinée Equatoriale, le Maghreb, Afrique du Sud, Cap Vert….).  Toutefois, le choix de localisation du futur stade du Sénégal attire notre attention. Il doit être bien pensé. En effet, il ne faudrait pas commettre les mêmes erreurs que les présidents Senghor et Diouf qui ont densifié la plupart des équipements structurants dans Dakar au détriment du reste du pays. Rappelons-nous des efforts consentis pour mettre à niveau le stade Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor pour accueillir la Coupe d’Afrique des Nations de 1992. Non seulement sa proximité de Dakar Aréna est peu enviable et donc problématique mais aussi les limites que cela induirait dans l’exploitation de toutes opportunités liées aux externalités.

Nous défendons l’idée selon laquelle, la place optimale pour accueillir ce joyau se trouve dans le triangle Mbour-Bambey-Fatick et cela pour les raisons suivantes :

Une proximité non souhaitable avec le stade Dakar Aréna comme énoncé plus haut. En regardant la répartition géographique des infrastructures et équipements sportives dans le Sénégal et surtout dans Dakar, nous avons l’impression que non seulement un problème foncier se pose (ce qui est  discutable car l’espace est disponible seulement il est mal occupé ou utilisé) mais aussi que nous suivions le peuplement sans l’influencer à l’exception de ceux implantés dans la ville nouvelle de Diamniadio bien sûr. La France en préparant la coupe du monde de 1998 avait construit le Stade de France à Saint-Denis, département le plus pauvre de la région d’île de France. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, la plaine de France est devenue un espace dynamique et attractif renforcé par le ledit évènement sportif et d’autres en perspective tel que les jeux olympiques. C’est aussi le lieu par excellence des studios de télévision qui y trouvent le cadre adéquat pour leurs enregistrements. La conversion de cet espace en Etablissement public d’Aménagement en est aussi pour quelque chose dans le sens où l’EPA a dans ses missions, l’aménagement, la restructuration des quartiers en difficulté, la promotion du développement économique et social etc. Voilà pourquoi, et eu égard aux  équipements structurants prévus dans cette zone avec des quartiers résidentiels, touristiques, administratifs, commerciaux, industriels….l’idéal serait de délocaliser le stade du Sénégal ailleurs pour générer d’externalités positives dans les autres terroirs du pays. La métropolisation de Dakar est certes un besoin pour renforcer son positionnement en Afrique mais elle doit se faire avec les autres territoires ; Une disponibilité foncière existante ailleurs et qui permettra d’aménager au-delà du stade, des terrains adjacents, un lieu de retraite pour les lions à l’image de celui de la France à Fontainebleau. Nous avons tous constaté que notre équipe nationale squatte les terrains de l’équipe de football de Diambar ainsi que les hôtels de Saly pour se regrouper au Sénégal. Ce qui n’est pas mauvais en soi pour nos amis hôteliers mais il est de préférence qu’ils retrouvent plus de quiétude. Avec cette disponibilité foncière, une ville nouvelle sera adossée au stade et finirait par structurée l’espace. Elle se verra renforcer par les infrastructures de transport, une proximité de grandes villes en devenir à l’image de Mbour, de Malicounda, de Fatick, de Bambey et plus loin celles de l’intérieur du pays ; Une présence d’infrastructures de transport qui dessine de nouveaux flux d’espoir pour la mobilité. En effet, il se verra desservi par le biais de routes, d’autoroutes, d’aéroport. Avec ce maillage, la mobilité sera améliorée et les distances raccourcies ce qui générera des flux centrifuges vers le stade et plutard avec la ville, un flux centripète ; Une équité « sportive », nous voulons dire par là que l’hinterland du pays ne se déplacera plus ou moins vers Dakar pour assister aux matches des équipes nationales. L’effet inverse sera observé et de cette configuration découlera une nouvelle économie ; Eviter de commettre les mêmes erreurs que Senghor et Diouf comme indiqué dans la partie introductive en concentrant les principales infrastructures acceptées par les fédérations internationales dans la capitale, Dakar. Ce qui était compréhensible à l’époque car celui-ci devait jouer les premiers rôles. Comme disait l’autre par analogie, il fallait construire la nation. Aujourd’hui, plus de 50 ans après les indépendances, il faudrait territorialiser d’avantage bien que le souci qui anime le Chef de l’Etat est de bâtir son joyau, la ville nouvelle de Diamniadio. Ce qui n’est pas mauvais en soi et tout le mérite lui revient mais faisons-le de manière réfléchie et articulée au reste du pays.

 

Daouda Thiandoum,

Aménageur, Urbaniste et Géomarketeur

[email protected]

 

 


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *