Chômage et Pauvreté

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Chômage et Pauvreté

Un des objectifs centraux de la politique macroéconomique est de maintenir l’économie aussi proche que possible du plein emploi ou de la pleine utilisation des effectifs de la population active. Les économistes considèrent que le chômage est un mal nécessaire, à un certain niveau, puisqu'il faut du temps à un travailleur pour passer d'un emploi à l'autre. Néanmoins, une sous-utilisation significative des capacités d'un pays représente à l’évidence une grande perte de ressources. Un des problèmes auxquels les décideurs sont confrontés réside dans la difficulté à déterminer le niveau à partir duquel le taux du chômage devient préoccupant. Comme nous le verrons par la suite, il existe généralement une contrepartie entre chômage et inflation. La question que les économistes se posent habituellement est celle de savoir jusqu’à quel point le taux du chômage peut baisser sans déclencher de pressions inflationnistes. (Une interrogation similaire pourrait probablement être soulevée par rapport au sous-emploi dans les pays en voie de développement, mais cette question n'a pas fait l’objet de recherche systématique.)     Bon nombre d’économistes définissent le plein emploi comme étant le niveau de chômage en dessous duquel l’inflation pourrait augmenter. Le problème vient du fait que cette estimation, souvent désignée sous le nom de NAIRU (non-accelerating inflation rate of unemployment, taux de chômage n'accélérant pas l’inflation) est insaisissable et variable. En 1993, le NAIRU était estimé aux Etats-Unis autour de 6,0 à 6,2 pour cent. Lorsque le chômage a baissé en deçà de ce chiffre sans provoquer une hausse de l'inflation, il devenait clair que l'économie était capable de fonctionner à un taux de chômage bien inférieur à celui qui était annoncé par les « faucons » de l’inflation. Il existe d’importantes contreparties que les décideurs doivent prendre en considération : le fléchissement du taux de chômage peut augmenter l’inflation et, plus important encore, la lutte contre l’inflation est susceptible d’entraîner un taux de chômage supérieur et une plus grande pauvreté.    Le chômage et le sous-emploi sont les deux sources majeures de la pauvreté et de l’inégalité. Dans la plupart des pays en voie de développement, un individu sans emploi est condamné à une vie de pauvreté et d’exclusion. Le chômage affaiblit également la capacité d’un travailleur à négocier son salaire, ce qui entraîne une baisse généralisée des salaires et creuse d’autant plus les écarts d’inégalité. Par ailleurs, le chômage a un coût social très élevé, ne l’oublions pas. Cependant, il existe des raisons supplémentaires qui expliquent pourquoi le chômage peut avoir un impact particulièrement fort sur la pauvreté et l'inégalité. Tout d’abord, le chômage frappe généralement les personnes les moins qualifiées. En effet, en temps de pénurie d’emplois, ce sont les demandeurs d’emploi les plus qualifiés qui prennent à l'assaut les opportunités disponibles au sein de l’« échelle des emplois », au détriment des moins qualifiés. C’est pour cette raison que les chômeurs les moins qualifiés sont les   17  plus susceptibles d’arriver en phase de fin de droits.8 Deuxièmement, le chômage élevé provoque une baisse des salaires, ce qui accentue d’autant plus les inégalités. Troisièmement, dans bon nombre de pays et en particulier dans les pays en développement, l’assurance chômage est non existante ou totalement inadaptée aux besoins. La plupart des travailleurs ne peuvent compter que sur leurs maigres économies. Par conséquent, après un chômage prolongé, les économies sont épuisées et les individus perdent généralement tous leurs actifs gagés.     Il est clair qu’il existe deux objectifs clé généralement complémentaires : le maintien des taux de chômage et de sous-emploi à des niveaux faibles et la réduction de la pauvreté. De la même manière, certaines politiques visant à promouvoir la croissance contribuent également à réduire la pauvreté. Cependant, d’autres orientations peuvent encourager la croissance sans réduire la pauvreté ou promouvoir la stabilité sans stimuler la croissance. Des contreparties importantes existent pourtant, particulièrement lorsque les décideurs se concentrent sur les variables intermédiaires Dans la prochaine section, nous examinerons les principaux instruments de politique macroéconomique, les compensations qui leur sont associées ainsi que leur utilisation pour réaliser les objectifs économiques à long et moyen terme.


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