Critères traditionnelles d\'une zone monétaire optimale

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Critères traditionnelles d\'une zone monétaire optimale

1) Critère de mobilité du facteur-travail de Mundell (1961) Par l’adoption d’une monnaie commune ou de la fixation irrévocable des taux de change, les pays prenant l’engagement mutuel de constituer une zone monétaire renoncent à employer le taux de change comme instrument de politique économique. L’économiste canadien Robert Mundell [1961] (lauréat du prix Nobel d’économie en 1999) est généralement considéré comme le père fondateur de la théorie des ZMO. Il fut le premier à rechercher dans quelles conditions le bénéfice réel d’une renonciation à l’instrument de taux de change outrepasse le coût réel de cet abandon. Pour Mundell l’élément déterminant est le degré de mobilité des facteurs de production, plus singulièrement celui du facteur-travail. Lorsque deux nations produisent des biens différents, tout déplacement de la demande d’un pays vers un autre provoquera un déficit commercial, une récession économique et un accroissement du chômage dans le pays produisant le bien dont la demande s’est contractée. Inversement, la nation sujette à une évolution favorable de la demande mondiale connaîtra un excédent commercial, un accroissement de l’activité économique et la résurgence de poussées inflationnistes. Dans un monde keynésien (empreint de rigidité des prix), et en situation de fixité des changes, le réajustement passerait par la migration de travailleurs de l’économie récessive vers le pays en expansion. Le déplacement des forces labo rieuses induit une réduction des coûts associés à l’instauration d’une union monétaire. Un groupe de nations dont les cycles économiques seraient moins corrélés pourrait tout de même constituer une zone monétaire, sous réserve que la main d’œuvre soit suffisamment mobile. 2) Critère d’ouverture de Mac Kinnon Le second critère développé par la théorie des ZMO porte sur le degré d’ouverture ou d’interdépendance des économies susceptibles de constituer une zone monétaire. Mc Kinnon [1963] fut le premier à insister sur le degré d’ouverture comme critère de décision entre régime de change fixe ou régime de change flexible. Le degré d’ouverture étant défini comme le rapport entre biens échangeables et non - échangeables. Pour Mac Kinnon, plus une économie est ouverte, plus elle a intérêt à opter pour un régime de changes fixes afin d’éviter les fluctuations des prix relatifs entre biens échangeables et biens non-échangeable. L’objectif de stabilité interne des prix pourrait être en effet compromis si une part significative de la consommation domestique est importée et est sujette à d’importants mouvements de prix suite aux variations du taux de change. Ainsi, les économies de petites tailles engagées de manière intensive dans le commerce international auraient avantage à former une zone monétaire. Mac Kinnon soulève un autre argument en faveur de l’adoption de changes fixes par de petites économies ouvertes : une probabilité plus forte d’illusion monétaire. La présence d’une illusion monétaire est ce qui permet aux changes flexibles d’assurer leur fonction stabilisatrice. Néanmoins cela est difficilement validé dans la dynamique. Plus les dévaluations sont fréquentes, plus elles auront des effets inflationnistes ; ce qui réduira la probabilité d’une future dévaluation. Une grande différence entre la caractéristique dévoilée par Mundell et le critère d’ouverture de Mac Kinnon est que ce dernier influe non seulement sur les coûts mais aussi sur les bénéfices associés à la formation d ‘une zone monétaire. L’idée d’une relation positive entre le degré d’ouverture économique et les bénéfices relatifs à une union monétaire ou à des changes fixes n’appelle pas une justification particulièrement élaborée. En effet, plus le commerce intra-zone sera significatif, plus grande seront les économies réalisées en matière coûts de transactions. Par contre, la relation entre l’ouverture et les coûts éventuels d’une zone monétaire est a priori moins évidente. On sait que la perte de l’outil de taux de change constitue un des coûts majeurs associé à la formation d’une zone monétaire. Or, il existe une relation inverse entre le degré d’ouverture et l’efficacité stabilisatrice du taux de change. Plus grand sera le degré d’ouverture d’une économie, plus grandes seront les répercussions des variations du change sur les prix domestiques. Le coût global de la formation d’une zone monétaire sera donc plus faible si le degré d’ouverture est élevé. 3) Le critère de diversification de la production de Kenen En réponse aux travaux initiaux de Mundell et de Mac Kinnon, Peter Kenen [1969] introduit la diversification des produits comme critère de ZMO. L’idée défendue par Kenen peut être exprimée en ces termes : si la structure productive d’une économie est bien diversifiée, un choc adverse de demande sur un bien ou un secteur aura des répercussions relativement peu significatives. La diversification aura pour effet de substituer la mobilité intersectorielle au critère de mobilité internationale du travail. Il ressort de cette analyse que des pays aux productions diversifiées constitueront plus facilement une zone monétaire puisque les chocs asymétriques frappant chaque pays auront un effet atténué. Inversement, les pays aux structures productives spécialisées auront intérêt à laisser flotter leurs monnaies. Ils doivent être en effet capables d’ajuster leurs taux de change pour stimuler leurs exportations en situation de faible demande mondiale (pourvu que cette demande soit élastique au prix). La diversification a une influence immédiate sur le niveau d’asymétrie des chocs. Plus la structure productive d’une économie sera diversifiée, moins grand est le degré d’asymétrie des chocs. La diversification productive œuvre donc à réduire le coût attendu d’une union monétaire ou de changes fixes.
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Anonyme - #1

1234

le Lundi 03 Avril, 2017 à 09:34:32RépondreAlerter

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