La non-diversification des économies de l’UEMOA et leur exposition aux chocs exogènes.

Blogs

La non-diversification des économies de l’UEMOA et leur exposition aux chocs exogènes.

Les économies des pays membres de l’UEMOA sont très peu diversifiées et fortement exposées aux chocs exogènes asymétriques. Ce qui constitue un obstacle majeur à la difficulté des politiques de stabilisation d’assurer leurs fonctions. En effet, les structures économiques sont extraverties. Les exportations sont centrées sur les produits de base. Ils s’agissent entre autre des produits agro-alimentaires comme le sucre, le café, le cacao ; des minéraux et d’autres. En fait, l’agriculture et l’élevage demeurent l’activité majeure dans presque tous les pays. La pêche occupe une part non négligeable dans la plupart des pays côtiers notamment au Sénégal. L’activité minière se développe fortement au Mali, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Burkina, et au Benin. Cette situation traduit la faiblesse des infrastructures et la moindre exportation de produits industriels.

L’hétérogénéité des structures économiques des pays membres de la zone s’explique par la cohabitation de trois types d’économies qui explique en grande partie l’exposition accrue aux chocs exogènes asymétriques et la « faible hausse du caractère symétrique des chocs dans la zone ». En effet, nous trouvons des économies sahéliennes de rentes fortement dépendantes des aléas climatiques autours de trois pays le Burkina Faso, le Mali et le Niger ; des économies plus industrialisées que les autres mais dont l’activité de service prédomine autours des deux géants de la zone la Côte d’Ivoire et le Sénégal et des économies côtières plongées spécialement dans une dynamique de commerce import-export le Togo et le Bénin. La faible corrélation des chocs à cause des termes de l’échange s’explique aussi par l’absence accrue de complétude due à la forte spécialisation dans la production et d’exportation de matières premières. En effet, la faible part de l’industrie manufacturier dans la production de tous les pays (20% au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Sénégal et inférieure ou égale à 10% partout ailleurs[1]) traduit la faible diversification de l’appareil productif. Ce qui limite dans une certaine mesure le niveau faible du commerce intra-communautaire. Exception faite de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, les autres pays de la zone dépendent au plus de deux matières premières pour engendrer des devises. Ainsi, une baisse de la demande mondiale en situation de conjoncture comme celle de 2007, réduit les exportations de la zone.

Ce qui en conséquence impacte négativement la production et l’emploi. Ces économies qui restent à la fois très dépendantes vis-à-vis de l’extérieur et aux facteurs exogènes tels que l’évolution du cours des matières premières, les aléas climatiques ou le protectionnisme des économies industrialisées (PAC en Europe) devraient accroitre leur capacité d’absorption, « négativement liée au degré d’hétérogénéité de la distribution macroéconomique (i.e. plus un pays est inégalitaire et moins sa capacité d’absorption est importante […], consommations « occidentales », des oligarchies dominantes » [Gilles C. Brasseul J. et Gilles P. 2010] afin d’accroitre la diversification de l’appareil productif et de réduire leur degré d’exposition aux chocs externes asymétriques.

Section 1 : Les chocs asymétriques dans une union monétaire

Une zone monétaire est le résultat de l’application par plusieurs pays d’une monnaie commune ou une partie irrévocable. Cependant, l’optimalité et la pérennité d’une zone monétaire dépendent de sa capacité à faire face aux chocs afin que la monnaie puisse occasionner un gain de bien-être. Toutefois, les pays d’une zone monétaire n’ont pas la même capacité de réponse face aux chocs.

Les chocs asymétriques constituent un problème majeur pour les unions monétaires. Ils engendrent des difficultés de stabilisation macroéconomique en ce sens qu’ils ne touchent ni les mêmes pays, ni dans les mêmes proportions.

Dans la mesure où les pays de l’UEMOA n’ont pas les mêmes structures productives, la stabilisation des chocs notamment asymétriques peut poser une difficulté majeure. Il s’agit de distinguer les chocs exogènes causés par des évènements extérieurs, c’est-à-dire liés à la demande et à l’offre mondiale de biens produite au niveau locale et ceux résultant de politiques internes.

Choc asymétrique d’offre

Les chocs d’offre sont des variations des conditions de production. On peut noter les chocs négatifs qui sont causés par :

Une augmentation du prix des matières premières: ex les chocs pétroliers de 1973 et 1979 Une augmentation des salaires supérieure aux gains de productivité Un alourdissement de la fiscalité sur les bénéfices. Un choc exogène comme le tremblement de terre au Japon.

Ces chocs négatifs font augmenter les coûts de production ou pénalisent l’offre. Les entreprises soit augmentent leurs prix ce qui réduit le pouvoir d’achat, soit acceptent une baisse des profits ce qui rend difficile les investissements donc la modernisation. La croissance risque d’en souffrir.

Comme chocs d’offre positifs on peut noter :

Les innovations Les découvertes de nouvelles ressources De nouvelles organisations du travail.

Ces chocs positifs permettent une baisse des coûts donc de nouveaux profits qui favorisent l’investissement et/ou la possibilité de baisser les prix donc de faire augmenter la demande donc la production, c’est à dire la croissance.

Suite à un choc positif d’offre (Figure 1) résultant d’une amélioration de la productivité permanente, la production augmente (yE vers yA). Il en résulte un déplacement de la courbe d’offre à court terme vers la droite ASCT0 vers ASCT1 (figure 1-A). Cette hausse de la production s’accompagne d’une baisse des prix (PE vers PA). A court terme, la production augmente et les prix baissent. L’augmentation de la production par unité de stock de capital (un choc d’offre positif de productivité) entraine à long terme (figure 1-B), une hausse plus importante de la production (yA vers yB) et une nouvelle baisse du niveau général des prix (PA vers PB) : déplacement de la courbe d’offre vers la droite (ASLT1 vers ASLT2).

 

 

 

Chocs asymétrique de demande

Lorsqu’une des composantes de la demande globale[1] adressée aux producteurs se modifie, on parle de choc de demande. Lorsque l’une des composantes augmente, elle peut booster la croissance. Inversement toute diminution d’une des composantes de la demande globale peut provoquer une récession car, si les entreprises anticipent la baisse de la demande des ménages, elles réduiront leurs productions.

On part du point E (figure 2-A), équilibre de sous-emploi. Un choc positif de demande étrangère à une augmentation de la consommation entraine une hausse des exportations. L’amélioration de la balance des transactions courantes qui en résulte se traduit par un déplacement de la courbe IS vers la droite (IS0 vers IS1). L’équilibre instable au point A (excédent) provient de la hausse du taux d’intérêt (r0 à r1). Il y’a alors appréciation du taux de change (baisse de er) et la banque centrale réagit en vendant de la monnaie domestique pour acheter des devises étrangères. La hausse des réserves de change entraîne un déplacement de la courbe LM vers la droite (LM0 vers LM1). A court terme, la courbe AD se déplace vers la droite (figure 2-B : AD0 vers AD1). La production augmente (yE vers yA) et induit une hausse des prix (figure 2-B : pE vers pA). Il en résulte une baisse du salaire réel qui stimule l’emploi. Cependant, la baisse du salaire réel et la hausse de l’emploi peuvent entrainer une pression à la hausse des salaires nominaux. De plus, à long terme, la rationalité des agents économiques les pousseront à anticiper cette hausse. La courbe AS est verticale à long terme (figure 2-C). Cela du fait qu’à long terme le niveau de production sera indépendant de celui des prix. L’économie revient alors à son niveau initial de production (yE) mais au prix d’une nouvelle hausse des prix (PA vers PB).

[1] La demande globale correspond à C + I + G + (X-M) correspond à la quantité de biens et de services produit par un pays et demandée dans ce pays pour une période donnée. Avec C=consommation, I=investissement, G= dépense publique, X=exportation, M=importation.

 

[1] Source : base de données afristat et UEMOA 2009


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Anonyme - #1

1234

le Lundi 03 Avril, 2017 à 08:38:15RépondreAlerter

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *