La politique monétaire dans l\'UEMOA

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La politique monétaire dans l\'UEMOA

La politique monétaire dans l’UEMOA est défini par quatre textes fondamentaux que sont : le traité de l’UMOA du 14 novembre 1973, la convention entre la France et les pays membres de l’UMOA du 4 décembre 1973, le traité de l’Union économique et monétaire ouest-africaine du 10 janvier 1994 et les statuts de la BCEAO. La Banque centrale a deux instruments pour la mise en œuvre de sa politique monétaire : les taux d’intérêts directeurs et les réserves obligataires. La politique monétaire et ses instruments sont définis par le Comité de politique monétaire (CPM) présidé par le gouverneur au sein de l’UMOA.

Le long de l’année 2015, la politique monétaire est restée inchangée du fait des anticipations favorables et modérées de l’inflation et d’une croissance soutenue.  Le CPM avait décidé de maintenir les taux directeurs inchangés ce qui contribue à garantir une politique monétaire accommodante dans sa globalité. Soit le même taux de réserves obligataires applicables aux établissements financières depuis mars 2012 à 5% de même pour le taux  des appels d’offres de la BCEAO à 2,5 % depuis septembre 2013. La BCEAO a su préserver la stabilité monétaire de l’union malgré que l’efficacité opérationnelle de la politique monétaire reste entravée par l’hétérogénéité des situations économiques  et la segmentation du marché interbancaire.

 

La politique monétaire et l’hétérogénéité des situations conjoncturelles dans l’UEMOA :

Les autorités monétaires sont confrontées à l’hétérogénéité des économies des pays de l’Union, qui est due aux chocs idiosyncratiques qui les affectent et qui s’amplifient dans l’avenir (Guillaumont [2012]). On peut identifier cette difficulté de la politique monétaire résultante d’une insuffisance dans l’intégration financière. En fait, selon Dévoluy [1996], une zone monétaire, pour qu’elle soit optimale, doit être constituée de sorte que la fluidité des capitaux entre les pays excédentaires et les pays déficitaires soit assurée.

Pour mieux faire face aux chocs, depuis les réformes de 1993 et 1996 les instruments de la BCEAO sont identiques à ceux des banques centrales des pays industrialisés. Elle exerce cependant une action indirecte sur le crédit bancaire, à travers le prix de la liquidité bancaire. Avec le taux de soumission minimal des appels d’offre (2.5%) et le taux du guichet de prêt marginal (4.5%), la BCEAO intervient sur le marché interbancaire. Le premier est déterminé par une procédure d’appels d’offres et est fixé à 100 points de base en dessous du taux de guichet de prêt marginal qui est un taux fixe appliqué au guichet permanent de refinancement et susceptible d’être utilisé à l’initiative des institutions de crédit pour des durées qui varient de 1 à 7 jours. La BCEAO depuis 2009 (le second semestre précisément) procède à des adjudications, par l’intermédiaire de l’agence UMOA-Titre, illimitées et à taux fixe. Ceci pour mieux intervenir sur le marché secondaire. En fait, en raison de la dépendance accrue, due à une accentuation des  déficits budgétaires dans l’ensemble des pays de la zone, des banques commerciales, le marché obligataire s’est développé pour mieux permettre l’activité de portage de titres des Etats dans l’optique de financer leurs déficits budgétaires. La position structurelle de liquidité des banques de l’UEMOA a continué de se dégrader en 2015 et était déficitaire de 1 480,1 milliards fin décembre 2015 selon le FMI. Le réglage de la liquidité par les interventions de la BCEAO sur le marché interbancaire est complété par le système de réserve obligataire au taux de 5% depuis 2012 dans tous les pays de l’UEMOA.

 

 

 

La politique monétaire face à la segmentation du marché interbancaire :

Dans la zone de l’UEMOA, les banques ne se prêtent pas, la plupart des flux régionaux sont intra-groupe c’est-à-dire pour éviter le risque de contrepartie les prêts interbancaires sont circonscrits au sein d’un même groupe de banques. La liquidité bancaire s’est inscrit une légère  hausse à 1 812,9 milliards en fin décembre 2015 selon la BCEAO. On peut expliquer cette situation par le fait que les banques sur-liquides préfèrent constituer des réserves excédentaires auprès de la banque centrales que de prêter aux banques qui peinent à respecter les réserves obligatoires (encore sept banques en juillet 2012 selon le FMI). Les concours bancaires de la région se sont élevés de 3 293 milliards en fin décembre 2015, soit une hausse de 28% par rapport à 2014 selon le FMI.

Cependant, depuis 2011 l’intensification des recours de liquidités auprès de la BCEAO des banques commerciales et leurs excédents de liquidités ont cédé la place à un  déficit de liquidité autonome. Par ailleurs, la sécurité des transactions interbancaires serait mal assurée du fait que la plupart des opérations se font en blanc, compte tenu de la disponibilité insuffisante des titres éligibles en garantie.

La faible profondeur et la segmentation du marché interbancaire provoque des tensions sur les taux d’intérêts interbancaires. Les taux débiteurs des banques sont différents d’un pays à l’autre malgré qu’il y ait une certaine  convergence. Selon la Banque mondiale [2010], la fourchette des taux entre pays est passée de 6-12% en 2006 à 7-11% en 2010. Cependant, le ratio des crédits bancaires au secteur en pourcentage du PIB se situait en 2009 dans une fourchette de 10-21%. Récemment selon le FMI, à cause des injections de liquidités à court terme de la BCEAO, le taux interbancaire à une semaine a eu tendance à sortir du corridor formé par le taux minimum de soumission aux adjudications et le taux du guichet de prêt marginal en 2015. Néanmoins, des réformes structurelles sont en cours pour améliorer l’efficacité de la politique monétaire. En témoigne la baisse du taux de guichet marginal (4.5%) pour inciter les banques à se prêter mutuellement.

Les besoins d’injections de liquidités de la BCEAO pourraient diminuer avec un marché interbancaire actif. Face à l’hétérogénéité des situations bancaires dans la zone, la BCEAO pourrait utiliser des instruments monétaires différentiables par pays à l’instar de la BCE (Guillaumont, 2012).

 

 

 

 

 

 

Graphique 1 : Volume des transactions du marché interbancaire

 

Pour mieux traiter la situation conjoncturelle de la zone, il faudrait mieux ne pas se reposer uniquement sur la politique monétaire. Pour mieux renforcer l’intégration régionale, qui devrait dans le temps contribuer à l’amortissement des chocs et mieux assurer un partage des risques, grâce à une mobilité plus important des biens, des personnes et des capitaux dans l’UEMOA, combiner la politique monétaire et budgétaire serait un atout.


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