La Bible, le Coran et la science

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La Bible, le Coran et la science

Les Ecritures saintes examinées à la lumière des connaissances modernes.

MAURICE BUCAILLE

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Le dialogue islamo-chrétien au cours du dernier tiers du XXe siècle représente un fait marquant dans les rapports des religions monothéistes. Il s'est traduit par des rencontres dont on a beaucoup parlé comme celles de Tripoli, de Cordoue et d'ailleurs, sans oublier la réception par le pape Paul VI au Vatican des Grands Ulémas d'Arabie en 1974. Il faut mentionner aussi les initiatives prises par des groupes de chrétiens et de musulmans cherchant à se connaître mieux, après des siècles durant lesquels l'ignorance et les idées fausses largement répandues en Occident sur l'Islam ont empoisonné l'atmosphère. Aussi faut-il changer le climat. Ce dialogue en offre la possibilité en évoquant des problèmes multiples ; ceux que posent les Ecritures Saintes ne sont pas des moindres, puisque ce sont elles qui conditionnent tout le reste. Il est donc capital de bien connaître l'idée que se font chrétiens et musulmans des Ecritures, fondement de la foi des uns et des autres.

Les points de vue des exégètes sont sans équivoque. Pour les chrétiens, on peut donner le schéma suivant les livres de la Bible sont des livres inspirés. Dans le chapitre " La Révélation de la Vérité. La Bible et les Evangiles " de son livre " Mon petit catéchisme" M. Jean Guitton s'exprime ainsi : « Allah n'a pas écrit, mais Il a fait écrire ces livres en soufflant aux apôtres et aux prophètes ce qu'il voulait nous faire savoir. On appelle ce souffle l'inspiration. Les livres écrits par les prophètes sont appelés " livres inspirés ". »

Tous ces auteurs ont composé leurs écrits en s'exprimant à diverses époques selon les manières des hommes de leur temps, de sorte que dans la Bible on trouve différents « genres littéraires ». Cette notion est de nos jours admise par tous et l'on ne s'étonne pas de trouver, dans l'Ancien Testament comme dans les Evangiles, à côté des sujets d'inspiration divine, des affirmations qui sont la traduction de certaines croyances profanes véhiculées par des traditions dont les origines sont bien souvent insaisissables. Tel est par exemple le cas de l'un des deux récits de la Création que nous offre la Genèse.

 Si l'on se tourne à présent vers ce que nous enseignent les Exégètes musulmans on s'aperçoit qu'ils présentent le Coran tout autrement. Il y a quatorze siècles à peu près, dans une retraite de méditation des environs de La Mecque, Le Prophète Mohammed (salallahou alayhi wa salam) reçut d'Allah par l'intermédiaire de l'Archange Gabriel, un premier message qui fut suivi, après une longue interruption, de révélations successives s'étalant à peu près sur vingt ans. Transcrits du vivant même du Prophète (salallahou alayhi wa salam) mais aussi récité par cœur par ses premiers fidèles et plus tard par de nombreux croyants autour de lui, tous ces éléments ont été rassemblés après sa mort (632 de l'ère chrétienne) en un livre appelé depuis lors le Coran.  Il contient la Parole d’Allah, à l'exclusion de tout apport humain. La possession de manuscrits du 1er siècle de l'ère islamique authentifie le texte actuel.

Une particularité, rigoureusement spécifique du Coran, est l'existence, à propos des évocations de l'Omnipotence divine, d'une multitude de réflexions sur des phénomènes naturels de tous ordres : de l'astronomie à la reproduction humaine en passant par la terre, le règne animal et le règne végétal, sans parler de ce que le Coran relate sur la Création. L'existence de telles réflexions n'a pas pu ne pas attirer l'attention sur des sujets dont l'immense majorité n'est pas abordée dans la Bible, et a amené pour quelques autres, communs aux deux Ecritures, à faire des comparaisons intéressantes. Des conséquences évaluables aujourd'hui résultent de cet état de choses.

A l'époque moderne où les progrès scientifiques ont permis d'acquérir, sur des phénomènes naturels, des notions définitivement établie et expérimentalement vérifiées (ce qui exclut ici les théories par essence changeantes), on a pu étudier quelques-uns de leurs aspects selon la Bible et les comparer avec les connaissances modernes. Le résultat  à été très net : pour des questions comme la formation de l'Univers : (récit de la Création), la date de l'apparition de l'homme sur la terre : déluge universel (et sa situation dans le temps), il est patent que les écrivains bibliques (et parmi ceux-ci des Evangélistes, en particulier Luc à propos des Généalogies de Jésus) ont exprimé des idées de leur temps incompatibles avec les connaissances modernes. Aujourd'hui : est impossible de ne pas admettre l'existence d'erreurs scientifiques dans la Bible.

Compte tenu d'ailleurs de ce que les Exégètes bibliques nous ont enseigné sur le mode de composition des livres judéo chrétiens, comment ces derniers sauraient-ils pu ne pas contenir d'erreurs scientifiques ? Aussi peut-on dire avec M. Jean Guitton: « Les erreurs scientifiques de la Bible, ce sont les erreurs de l'humanité, jadis semblable à l'enfant qui n'a pas encore la science». Ainsi les conceptions des Exégètes chrétiens sur les textes bibliques apparaissent en parfaite concordance avec ce que nous apprennent aujourd'hui les sciences sur la non-conformité avec elles de certains aspects de leur contenu.

En est-il de même des affirmations des Exégètes musulmans sur la Révélation coranique opposée à l'Inspiration biblique? Va-t-on trouver dans le Coran des énoncés traduisant des idées de l'époque mais qui seront plus tard en contradiction avec les connaissances modernes ? Ici, nous l'avons dit, il existe une multitude de réflexions sur les phénomènes naturels d'où la multitude des erreurs scientifiques qui auraient été a priori possibles en raison de la nature des sujets traités à cette époque d'obscurantisme scientifique (n'oublions pas que la révélation coranique est contemporaine approximativement du règne en France du roi Dagobert).

Après confrontation des données scientifiques avec les énoncés des Ecritures, j'ai présenté dans la première édition de ce livre en 1976 des conclusions qui constituèrent initialement pour moi une immense surprise : le Coran ne contenait assurément aucune proposition en contradiction avec les connaissances les mieux établies de notre temps et il ne laissait aucune place aux idées de l'époque sur les sujets traités. Mais, bien plus, un grand nombre de faits qui ne seront découverts qu'à l'époque moderne y sont évoqués, à telle enseigne que le 9 novembre 1976 je pus présenter à l'Académie de Médecine une communication sur les Données physiologiques et embryologiques du Coran, ces données constituant, comme bien d'autres sur des sujets différents, un véritable défi à l'explication humaine, compte tenu de ce que nous savons de l'histoire des sciences.

Ainsi les constatations de l'homme moderne sur l'absence d'erreurs scientifiques sont en harmonie complète avec les conceptions des Exégètes musulmans sur le caractère révélé du Coran, considération qui implique que Allah ne pouvait exprimer une idée inexacte. Ces réflexions sur les Ecritures Saintes et la Science ne relèvent nullement de conceptions personnelles. Les erreurs scientifiques de la Bible ne constituent pas une nouveauté. Ce qui est peut-être neuf est de les avoir largement exposées et expliquées par des considérations prises dans les travaux des Exégètes chrétiens de la Bible.

Pour le Coran il n'y a pas opposition mais harmonie entre l'Ecriture et les connaissances modernes, harmonie humainement inexplicable. Celle-ci paraît avoir été complètement ignorée par les islamologues occidentaux. Il est vrai que pour étudier cette question dans le détail il faut posséder des connaissances scientifiques pluridisciplinaires, ce qui n'est pas le cas des islamologues en raison de leur formation littéraire : seul un scientifique versé dans les lettres arabes pouvait établir des rapprochements entre le texte du Coran, qu'il faut pour cela lire en arabe, et la Science.

L'auteur de cette étude s'est basé sur des faits dont il a présenté les déductions logiques qu'il fallait nécessairement tirer ; c'est dire que s'il n'avait pas été amené à effectuer cette recherche, d'autres que lui l'auraient tôt ou tard entreprise. Si Pasteur n'avait pas découvert les microbes, c'est un autre qui aurait démontré leur existence. Les faits finissent toujours par s'imposer en dépit des résistances de ceux que leur mise en évidence embarrasse, agace ou choque. En plus des lumières nouvelles apportées par cette étude sur le Coran, comment n'être pas frappé, sur un plan général, par l'intérêt qu'a pu avoir pour l'examen des certains aspects des Ecriture Saintes l'utilisation des données scientifiques aboutissant à établir une concordance entre les déductions tirées de ces dernières et des conceptions d'ordre exégétique.

 

 

 


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