START UP AU SÉNÉGAL :  ENTRE IGNORANCES ET ILLUSIONS

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  • Article ajouté le : 03 Mercredi, 2019 à 16h04
  • Author: Tamba Danfakha

START UP AU SÉNÉGAL :  ENTRE IGNORANCES ET ILLUSIONS

Il y a quelques années un business school de Dakar, m'avait demandé de former ses étudiants pour leur permettre de démarrer des start up.

J'avais, tout de suite, remarqué que l'ignorance est la chose la mieux partagée, tant au niveau des enseignants que des étudiants, dans le maniement d'un concept qui fait tendance, mais qui n'est pas compris.

Start Up signifie, littéralement, "démarrer en allant vers le haut". C'est une image qui décrit une réalité qu'il est impossible de détacher de ses conditions juridiques, historiques, sociales et économiques de naissance. En effet, la notion de Start Up est une invention purement anglo saxonne, née aux USA en particulier.

A noter, déjà, qu'une start Up n'est pas une entreprise. Une entreprise, nouvelle ou ancienne, a déjà une offre de produits ou de services qu'elle vend ou peut vendre pourvue qu'elle fasse les efforts de management requis pour ce faire. Une start Up est un cadre de recherche développement où on s'efforce à "inventer" l'offre de services ou de produits destinée à une clientèle spécifique. Le problème de l'entreprise se résume à "serai-je capable de vendre?" et celui de la start Up à "serai-je capable de trouver quoi vendre ?"

Une entreprise peut commencer à produire et à vendre avec des ressources, raisonnablement, modestes (à partir de 5 millions de francs CFA au Sénégal), une Start Up ne peut pas commencer à produire et à vendre avec des ressources modestes compte tenu du temps consacré à concevoir le business model, il faut compter en centaines de million de francs CFA pour ne pas cracher dès le premier envol.

Dès lors, nous pouvons constater qu'une start Up peut, difficilement, naître dans le contexte sénégalais pour certaines raisons dont en voici quelques exemples :

1) il n y a pas d'économie au Sénégal, une économie est une organisation dans laquelle il existe des lois et règlements qui régissent les comportements des différents acteurs. Avec un secteur informel hyper développé et un secteur formel minuscule, fondé sur des rentes, notre pays peut difficilement fournir aux start up un terreau fertile pour leur naissance et pour leur croissance : pas de statistiques fiables, pas de prédictibilité, pas de pouvoir d'achat stable, pas de consommation stable...etc.

2) Il n'y a ni assez de fonds d'investissements, ni assez de surplus de capitaux sur le marché financier pour permettre des investissements "coup de cœur" souvent voués à l'échec et dont ne peut se passer une start Up qui est une sorte de pari, à peine moins risqué que la loterie

3) Les jeunes, les mieux indiqués pour réussir dans les start Ups ne sont ni assez autonomes, financièrement et mentalement, ni assez formés pour la créativité et l'innovation, socles de tout start Up pour supporter les sacrifices que requiert le développement des start UP

4) Notre cadre judiciaire est formé par des praticiens peu au fait des exigences du monde de la recherche, de l'invention et de l'innovation, les conflits qui sont une des marques de fabrique des start Up ne trouveront d'issues dans notre pays qu'au détriment de l'avenir des starts Up.

C'est pour tout cela que je pense qu'il serait plus sage de travailler à accompagner les jeunes dans la création d'entreprises, disons classiques, pour créer, plus vite les conditions favorables à l’événement des start Up qui, de mon point de vue, ne sont que le résultat de l'évolution normale de toute économie familière de compétitivité tant du marché de la consommation que de celui des finances.

On peut enseigner aux gens à créer et à gérer des entreprises, mais on ne peut pas leur apprendre à créer des start Up, une start Up étant une histoire improbable et incroyable qui ne peut séduire que des individus familiers de sa douce folie.


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