PAR DEVOIR DE VERITE A MONSIEUR MAODO MALICK MBAYE !

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PAR DEVOIR DE VERITE A MONSIEUR MAODO MALICK MBAYE !

Par devoir de vérité à Monsieur Maodo Malick Mbaye !

 

Est-ce juste aujourd’hui pour n’importe quel citoyen de bonne foi et sans aucun parti pris quelconque de décerner un satisfecit sans ambages à la justice sénégalaise en raison même de la libération de l’imam Alioune Badara  Ndao ?  Non, monsieur Maodo Malick Mbaye !  Vous le savez sans doute mieux que nous autres citoyens sénégalais. Votre tentative tendancieuse visant à redorer le blason de la justice sénégalaise ne résiste pas à une analyse minutieuse  de la situation du pays de la Teranga.  Au plus, on ne peut pas dans le cadre du débat démocratique sur une  problématique majeure de la vie en société isoler un élément par exemple ( la libération de l’imam Alioune Badara Ndao ) d’un vaste ensemble ( les actes posés par ci et là relatifs à la violation manifeste du droit à un procès équitable de beaucoup de nos compatriotes ) . Ces artifices de langage ne visent ni plus ni moins qu’à induire en erreur nos compatriotes de façon malhonnête.

La libération de l’imam Alioune Ndao par le juge Samba Kane de la Chambre Criminelle de Dakar obéit tout simplement  à une logique de respect du droit. En vérité, le juge n’avait pas les éléments matériels pour condamner l’imam à une peine de réclusion criminelle. Les éléments à charge produits par le ministère public n’ont pas été jugés crédibles par le juge pour condamner un prévenu sévèrement pour apologie du terrorisme, un  terme fourre tout qui peut conduire à toutes sortes de dérives en privant de liberté n’importe quel citoyen pour des raisons fallacieuses. En droit, en l’absence de preuves matérielles irréfutables, le doute doit irrémédiablement profiter au prévenu.

La libération de l’imam Alioune Badara Ndao obéit à ce simple précepte de droit positif. Au plus, le juge n'a pas souhaité violer son serment de rendre la justice en toute équité et par devoir en refusant de prêter le flanc au pouvoir exécutif qui voulait coûte que coûte par la voix du procureur de la République le faire condamner à une peine de prison très sévère afin de donner des gages aux puissances étrangères cheval de Troie de la lutte contre le terrorisme islamique de la détermination du président de la République,  monsieur Macky à combattre au Sénégal même ce fléau et de donner un exemple clair à nos compatriotes qui s’évertueraient à emprunter le chemin du jihad armé. 

Et puis, le titre trompeur de votre contribution : « Hommage à la justice de mon pays ! Et respect à l’imam Alioune Ndao » essaie d'entretenir un amalgame inqualifiable sur sa libération.  L’imam Alioune Badara Ndao a  été exemplaire tout le long  de son procès.  Il n’a jamais esquivé les questions du procureur de la République et a tenu à défendre son honneur et sa vision de la religion loin des fantasmes voire des caricatures de ses accusateurs. Au contraire, c’est aux autorités judiciaires chargés de démontrer la culpabilité de l’imam Alioune Badara Ndao au peuple sénégalais qu’il faut plaindre d’avoir instruit un dossier léger sur son accointance à certains groupuscules djihadistes et de l’avoir privé de liberté pendant trois ans. Innocenter l’imam Alioune Badara Ndao ne suffit pas. La justice a le devoir de réparer sa faute et d’en faire de même pour tous nos compatriotes qui ont purgé des peines de prison de façon injuste.

Par ailleurs, la participation au débat démocratique implique de la rigueur dans l’argumentation et doit nécessairement  faire appel à un devoir de vérité Monsieur Maodo Malick Mbaye. Est-ce trop vous demander ? Nous devons tous nous départir de nos positions partisanes et au-delà pour nous donner le courage d’appréhender le réel en toute objectivité afin que le débat démocratique puisse permettre à nos concitoyens de dévoiler la réalité sociopolitique du pays et non de porter des œillères dans un dessein inavoué de défendre la cause de la mouvance présidentielle Benno Bokk Yakaar et de se taire sur les manquements graves voire préjudiciables à la cohésion sociale.

Cette tentative désespérée de voler au secours du régime du président Macky Sall ne passe pas aux yeux de l’opinion publique sénégalaise. Les citoyens sénégalais savent que la justice n’est pas administrée de manière équitable et juste. Nous constatons de manière récurrente la propension du pouvoir exécutif à s’immiscer dans des dossiers judiciaires  à relents politiques. Cependant, contrairement à vous qui délivrez un satisfecit total au  pouvoir judiciaire, les citoyens sénégalais n’ont jamais dit que les différentes décisions de nos tribunaux étaient injustes voire illégales. Tous les jours et à tous les niveaux de juridiction, des magistrats disent le droit en toute impartialité et en se gardant de violer les droits des prévenus.  Personne n’a intérêt dans ce pays à jeter des anathèmes au pouvoir judiciaire. Une justice impartiale est garante de la protection de nos droits et libertés et assure une égalité stricto sensu des citoyens sénégalais devant la loi.

Toutefois, il existe de nombreux cas où l’application de la justice dépend du statut social du prévenu.  Personne ne peut nier ce fait. A côté des nombreuses décisions de justice qui respectent de manière intrinsèque et résolue les droits des prévenus voire les lois et règlements de la République,  une autre justice à géométrie variable s’est installée de manière insidieuse dans le corps de la magistrature. 

Dites – nous monsieur Maodo Malick Mbaye, en quoi le fait de poser un regard critique et objectif sur le fonctionnement de la justice peut être assimilé à des suspicions injustifiées voire des procès en sorcellerie contre la magistrature ? C’est un mauvais procès que vous faites à nos compatriotes qui s’insurgent et dénoncent de vive voix les dysfonctionnements de la justice sénégalaise et le manque de courage de certains magistrats à assumer en toute responsabilité leur devoir.  Et que dire des sorties récurrentes de l’Union des magistrats du Sénégal ( UMS ) par la voix de son président le juge Souleymane Teliko pour dénoncer l’immixtion du pouvoir exécutif dans le traitement voire le suivi de certains dossiers judiciaires ?  Et, il n’est pas le seul à déplorer cette ingérence coupable du régime de votre mentor Macky Sall. D’autres acteurs de la magistrature déplorent cette situation et appellent à une refonte totale de notre système judiciaire afin d’assurer son indépendance dans le traitement des dossiers.

Pensez – vous, monsieur Maodo Malick Mbaye que ces autorités judiciaires jettent de l’opprobre dans la magistrature dans un dessein inavoué de salir leur corps de métier ? Il  n’y a  que vous pour le penser. En vérité, ces hommes de loi sont plus meurtris que vous et nous autres citoyens du fonctionnement actuel de la magistrature. C’est la raison pour laquelle ils ne cessent de pointer du doigt les nombreux dysfonctionnements du pouvoir judiciaire. C’est un cri de cœur voire de courage pour interpeller tous les acteurs de la magistrature à prendre leurs responsabilités devant l’histoire et devant le peuple sénégalais en vue de mettre un terme aux violations des droits de nos compatriotes.

Dites – nous, monsieur Maodo Malick Mbaye,  qui est plus injuste le magistrat ou le procureur de la République qui bafoue  en toute conscience les droits d’un prévenu ou qui  juge une affaire en violation  flagrante des lois et règlements de la République ou le citoyen lambda qui rappelle à la  magistrature son devoir de rendre la justice en toute équité loin des intrigues du pouvoir politique voire d’autres considérations partisanes ? Il faut savoir raison garder monsieur Maodo Malick Mbaye ! Tant qu’on a pas subi une violation flagrante de ses droits par ceux là même qui sont chargés par les lois et règlements de la République d’en assurer la protection, on ne peut que pérorer sur des hommages laudatifs à la magistrature sénégalaise.

Vous qui appelez monsieur Maodo Malick Mbaye à la paix sociale, à l’égalité des citoyens et au respect de la magistrature,  le socle de notre volonté de vouloir vivre en commun,  passez vous sous silence ces différents dossiers judiciaires qui interpellent la justice et qui renvoient à  sa célérité en vue de clarifier la situation des prévenus ?

? Le dossier du double meurtre sordide de Medinatoul Salam impliquant des thiantacounes disciples du guide saltimbanque enturbanné Bethio Thioune. Dites – nous , monsieur Maodo Malick Mbaye,  qu’est ce qui justifie du point de vue du droit la liberté conditionnelle dont bénéficie monsieur  Bethio Thioune alors que ses co – accusés sont maintenus en prison depuis plus de cinq ans et qui attendent  la tenue de leur procès  en multipliant les signes d'alerte  de leur inconfort matérialisés par une tentative de suicide ou de grève de la faim. Une justice crédible peut elle fonctionner de cette manière ? Et pourtant, Béthio Thioune continue à sillonner le monde en vue de récolter un immense trésor financier.

? Le dossier des faux billets de banque impliquant le chanteur Thione Ballago Seck. La gestion de ce dossier obéit à la même logique de faire bénéficier à un acteur clé de l’affaire de la liberté conditionnelle et de maintenir en détention des co -  accusés. Le dossier traîne et personne ne semble pressé pour traduire devant le tribunal les auteurs de cette forfaiture monétaire qui pouvait impacter de manière négative l’environnement des affaires du pays de la Teranga et au-delà  de la sous région et créer un climat de suspicion généralisée au sein de la société.  Cet odieux crime économique doit – il rester impuni. La justice sénégalaise est vivement interpellée.

Que dire également de l’affaire Lamantin Beach de trafic  de drogue dure impliquant le promoteur monsieur Luc Nicolas ?  Qu’est ce qui justifie cette lenteur après la cassation de la décision de la Cour d’Appel par la Cour suprême ?  Vous me direz sans doute que le temps de la justice n’est pas celui des hommes. Et que dire de la promptitude de la justice dans l’affaire de la Caisse d’avance de la Mairie de Dakar ?  Dans certains dossiers, la justice agit vite et brandit le sabre alors que dans d’autres dossiers de sang, de trafic de drogue, elle traîne le pas , n’est ce pas monsieur Maodo Malick Mbaye ?

Ces exemples triés au volet démontrent à suffisance que l’égalité de traitement des citoyens sénégalais devant la justice n’est pas effective et dépend en grande partie de l’aura du justiciable,  de ses soutiens intéressés ou non dans le milieu politico-maraboutique.

Et que dire encore de la mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou Sene par les forces de l’ordre ? Mais également,  de la mort d’un autre citoyen sénégalais Saliou Sarr en garde à vue au Commissariat de police de Thiaroye ? Dites – nous , monsieur Maodo Malick Mbaye vous qui offusquez tant de voir nos concitoyens accuser la justice de pratiques détestables,  comment justifiez vous le silence du procureur de la République, monsieur Serigne Bassirou Guèye sur ces différentes affaires et d’autres encore ?

L’arrestation brutale voire sauvage d’un autre citoyen sénégalais par les forces de l’ordre en pleine circulation routière  laisse plus d’un pantois. La vidéo circule sur les réseaux sociaux.  Dans un Etat de droit, est -  il acceptable que des policiers ruent de coups un justiciable par excès de zèle et en violation flagrante du code de conduite applicable à nos forces de l’ordre.

Est-ce normal aussi la bande de malfrats de Mame Mor Mbaye, auteurs du saccage du domicile familial de notre compatriote monsieur Assane Diouf se pavanent tranquillement dans les rues de Dakar sans que le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye ne procède à leur arrestation  pour violence et menaces de mort ? Non, monsieur Maodo Malick Mbaye !  Et notre compatriote Assane Diouf continue de croupir en prison et de subir une violence inutile voire vexatoire de l’administration pénitentiaire. 

Que dire également de très nombreux dossiers judiciaires que le président Macky Sall refuse tout bonnement de transmettre à la justice afin de protéger ses collaborateurs ? Pourtant, il y a matière à poursuivre dans ces cas de détournement de deniers publics. Qui protège le ministre du Tourisme Mame Mbaye dans l’affaire Prodac et le maire de Guédiawaye Aliou Sall dans le dossier nébuleux de Petro TIM ? N’est - ce pas encore le président de la République Macky Sall avec la complicité du procureur Serigne Bassirou Guèye, le bras armé de la mouvance présidentielle Benno Bokk Yakaar ?

Encore une fois, tous les citoyens sénégalais  se demandent si nos forces de l’ordre ne  bénéficient pas de fait une impunité totale en commettant des bavures ? Nous avons de fortes raisons de douter de la probité d’une certaine magistrature dans le traitement des dossiers judiciaires. La justice sénégalaise dans son ensemble va mal et est secouée de toutes parts par des mouvements de grogne ou de démission.

Ainsi, de plus en plus, des acteurs du pouvoir judiciaire, des responsables de la société civile et des hommes politiques militent en faveur de la tenue des Assises de la justice en vue d'extirper le mal qui gangrène le corps de la magistrature voire les mauvaises pratiques, son inféodation au pouvoir exécutif et de renforcer son autonomie et son indépendance dans le traitement des dossiers judiciaires.

Toutefois, j’estime peut être à tort que la tenue des Assises de la justice n’est pas la vraie solution  aux multiples problèmes de la magistrature sénégalaise. Cependant, je continue à penser que la clé de voûte d’une société juste voire d’une justice équitable,  respectueuse des lois et règlements et à équidistance des pressions de toutes sortes des autorités de la République ou des milieux politico – affairiste ou  maraboutique réside tout simplement dans les propos de l’avocat Ousseynou Fall : «   Niit dafay am diom ».

Nous y reviendrons in cha Allah  dans une prochaine contribution.

 

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