« Pourquoi les habitants de Kasmass n’abattent jamais un fromager ? »

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« Pourquoi les habitants de Kasmass n’abattent jamais un fromager ? »

« Au temps des Anciens à Kasmass, selon mon ami  historien Wéthiar Ndigil parmi les plus anciens du monde et les plus proches des faits dans la nature et parmi les hommes, chaque citoyen naissait en même que 12 millions d’autres organismes vivants dans la nature : des végétaux de toutes sortes et des êtres aquatiques de toutes sortes et dans toute l’étendue de leur territoire de naissance. C’était son capital initial dans la distribution du capital universel de la nature dans l’homme et en dehors de l’homme. C’est pourquoi la naissance d’un enfant n’était pas seulement la naissance d’un homme, la joie d’une famille mais la joie et l’angoisse de tout un peuple.  En ces temps très éloignés et devenus hautement improbables et pourtant pouvant vient exister, tout citoyen était riche parmi les hommes et dans la nature et la nature. Aux temps des Anciens à Kasmass, la nature ne craignait pas autant les hommes ainsi qu’elle les craint aujourd’hui. En ces temps, la conservation de la nature n’était pas laissée totalement à la nature. Chaque année, chaque village qui connaissait parfaitement sa population et toute la population de sa nature, organisait la plus grande fête et la seule obligatoire de l’année : toute la population du village se retrouvait dans la forêt de son territoire pour la collecte de tout le bois mort et tout le capital était déchargé à l’autel des énergies vitales. Pareillement, chaque espèce végétale morte était remplacée plusieurs fois dans une séance de reboisement. On calculait l’énergie nécessaire pour les besoins des habitants du village et l’excédent qui existait toujours, était destiné au futur que les Anciens ne réduisaient pas au devenir de la génération actuelle. Pour les Anciens, cet excédent ne peut pas appartenir dans sa totalité aux vivants.  En ce temps-là, abattre un arbre encore vivant  était un immense risque, parce que l’arbre que l’on abattait pouvait être un autre abri de l’âme de son bourreau et les conséquences pouvaient ne pas se limiter sur lui mais sur toute sa lignée et sur toute la communauté. C’est ce qui arriva à Goulmaam, un coupeur de bois : cette hache dont tu ne vois plus la lame et dont la manche disparaît de plus en plus dans le tronc du fromager qui devient de plus en plus épais, c’est la hache de Goulmaam. Ce fromager n’est pas né ici dans les terres de notre village qui s’appelle aussi Kasmass comme l’autre duquel vient cet arbre. S’il était un homme, dans votre langage actuel, je dirais qu’il s’agit d’un réfugié politique. A l’époque, pour abattre un arbre, il fallait planter la lame dans le tronc et la laisser passer la nuit avant de revenir le lendemain.  Lorsque Goulmaam est revenu sur les lieux de la veille, à la place du siège du tronc du fromager, il a trouvé un immense trou qui s’enfonçait dans la terre comme un puits sans fin au fond duquel un immense souffle duquel s’élevaient une multitude de voix humaines comme un essaim d’abeilles en vol. Ce sont ces voix que tu entends quand tu poses ton oreille droite sur le tronc du fromager, si elles veulent que tu les entendes. C’est l’Assemblée des Anciens de Kasmass. C’est pourquoi le peuple de Kasmass ici chez nous, c’est le même peuple que le peuple de cet autre Kasmass dont tu entends parler. »


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