Une mort suspecte dans la république

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Une mort suspecte dans la république

L’inspecteur Thiakhane Fakher  s’est tué lui-même aujourd’hui, à 8 heures 13 minutes, après avoir constaté lui-même et d’autres policiers, la mort d’un homme au milieu d’une grande foule de citoyens et d’étrangers qui attendaient les services de l’institution dans la cour du Commissariat de Police de Wakhaldiam : une plainte, une convocation, une carte d’identité nationale, un certificat de nationalité.

L’homme paraissait pourtant en pleine santé et en pleine forme dans son corps comme dans son esprit malgré ses propres déclarations. C’est sans doute à cause de cette apparence que se forma l’opinion générale qui fit que ses interlocuteurs aient pu penser qu’il se moquait de la république et des hommes et surtout des malades. Il était couvert d’un boubou blanc qui descendait à la hauteur des chevilles et portait de très belles chaussures qui brillaient d’éclat comme son corps et ses yeux et certainement comme son esprit.

 

Avant l’arrivée de l’inspecteur Thiakhane Fakher, l’homme qui tenait dans sa main droite une toute boîte  levée vers le ciel,  parlait à haute voix et s’adressait à l’immense assemblée des citoyens et des étrangers massés dans la cour : « Depuis 33 jours je suis à la recherche de 4496 milles francs pour s’acheter ce médicament. Le médecin a dit que cette maladie ne peut pas durer encore et me laisser en vie. Il ne me reste plus beaucoup de temps pour mourir sans ce médicament.»

L’inspecteur est le dernier à qui il a parlé quand il sortait et qu’ils se sont croisés au milieu du chemin qui sépare la porte d’entrée de l’immense bâtiment des bureaux et la porte centrale séparant les locaux de l’institution de l’extérieur. Je n’ai pas entendu ce que l’inspecteur lui a répondu quand il lui a parlé à cause de la distance qui nous séparait. J’ai entendu dire à son égard et à l’égard d’autres dans la cité : « au lieu d’aller travailler, ils sont prêts à s’inventer tous les malheurs, à inventer tous les maux pour leur progéniture, leur quartier et leur peuple, à se faire les faux soldats d’une cause humanitaire».  

L’homme est tombé en franchissant la porte du commissariat, couché sur le ventre, la tête dehors, la main droite tenant la boîte, les reins et le reste du corps dans la cour du commissariat. L’inspecteur Thiakhane Fakher qui entrait dans le bâtiment s’est retourné. Le Commissaire Thiakhane Fakher  arrivait en face de la victime.

Devant tout le monde, pour plus de prudence, les policiers ont tourné et retourné le corps et ont fouillé dans ses habits. Il n’y avait rien, si ce n’est ses couvertures et la boîte du médicament à acheter. Ils ont ensuite couvert et le corps et l’ont éloigné du public.

Ils ont récupéré la boîte.

 Ils ont ouvert la boite et l’ont renversé. Un oiseau tout de blanc vêtu avec un bec rose comme le soleil est sorti de la boîte et s’est envolé vers le ciel. Le ciel s’est ouvert et l’oiseau sous mes propres yeux est passé vers l’au-delà de mon regard et puis la fenêtre s’est refermée.

Pourtant, non loin du commissariat de police, il y a l’autre immense Haut-commissariat de la couverture maladie universelle.

 


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