La prison : Seulement pour les bien-portants?

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La prison : Seulement pour les bien-portants?

La relation entre maladie et emprisonnement doit faire l'objet d'une réflexion profonde afin que chacun en saisisse les fondements. Je voudrais donner ici ma contribution et susciter un débat utile pour notre société.

La prison est un lieu de privation de liberté, pour faire s’amender un individu qui a causé un préjudice à un autre individu ou à la société. C'est donc une sanction normale prévue par les lois et règlements d'un pays. En principe pour s'y soustraire il suffit simplement de vivre en accord avec ces lois et règlements. Et naturellement lorsque l'on vit en marge des lois, on s'expose au risque d'aller en prison.

Il est aussi évident que personne ne veut se retrouver en prison et dès lors, tout moyen devient bon pour s'en soustraire. Parmi ces moyens, la tentation qui voudrait qu'on utilisât le droit humanitaire. Il est en effet de bon ton de ne pas mettre en prison un sujet gravement malade, parce qu'humainement on ne peut pas s'acharner sur un mourant. Mais il reste entendu que l'esprit de la loi du 4 Mars 2002 qui en France avait été inspirée par Mr B Kouchner, ne prend en compte que les patients condamnés en fin de vie. Les prévenus sont exclus du champs d’application de cette loi, ainsi que tous les patients, certes malades, mais dont la vie n'est pas immédiatement menacée.

Lorsqu'un risque de mort subite existe, il s'exerce même si le patient est chez lui. En d'autre terme le fait de vivre dans sa maison ou même à l'hôpital n'exonère pas le patient du risque de complications paroxystiques. Ce qui minimise le risque de complications, c'est le respect des règles hygiéno-diététiques prescrites,  la prise régulière des médicaments, un suivi et une évaluation régulière de la pathologie afin d'en mesurer l'évolution.

En d'autres termes, un patient X porteur d'une cardiopathie majeure peut, quelque soit le lieu où il se trouve, faire une complication paroxystique. Par contre ses chances de survie au moment de sa complication dépendront entre autres facteurs,  de la rapidité de la prise en charge et de la qualité de celle ci. Fondamentalement, que le malade soit chez lui ou en prison, la complication peut survenir à tout moment. Au moment de sa survenue, ce qui est déterminant c'est que la prise en charge commence tôt, de préférence même à la phase pré hospitalière au moment du transfert à l'hôpital.

Maintenant, il est bien établi que le milieu carcéral  est un milieu spécial , générateur de souffrances de toute sorte. Ce qu'il faut alors, c'est humaniser nos lieux de privation de liberté et les rendre compatibles avec une vie digne. Il faut les organiser et les rendre fonctionnels, de telle sorte qu'un individu qui s'y trouve, puisse accéder aux meilleurs soins possibles dès qu'il en a besoin, comme tout citoyen par ailleurs.

Dans une société civilisée une bonne organisation d'ensemble permet à tous les hommes, quelque soit leur état, d'être traités dignement, même s'ils ont commis des fautes graves envers la société. Par contre ce qui peut nous éloigner de la barbarie, c'est aussi la sauvegarde du devoir de rendre compte de ses manquements quelque soit notre qualité. Ce sont là les exigences d'une société juste, portée vers le progrès et le bien être de tous.

 

 

Dr Jean François Diene

Médecin

Dakar.

 

 

 


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Vérité - #1

Bien Pensé Et Bien Dit. On Ne Peut Pas Faire Des Bêtises Et Vouloir échapper A La Sanction En Prétextant Une Maladie. L'état A Par Contre L'obligation De Prendre En Charge Correctement La Santé Des Prisonniers.

le Mercredi 12 Juin, 2013 à 14:14:31RépondreAlerter

Anonyme - #2

Je Pense Qu'il Faut également Considérer Le Facteur Psychologique Pour Expliquer Le Dépérissement Des Détenus En Prison. Quand Bien Même On Arriverait à Améliorer Les Conditions De Vie En Détention, Il Y Aura Toujours Des Personnes Qui Se Porteront Plus Ou Moins Bien Dépendamment De Leur état Mental.

le Mercredi 12 Juin, 2013 à 18:37:39RépondreAlerter

Ndiaye - #3

Personne Ne S'inquiète De Pauvres Citoyens, En Délicatesse Avec La Justice Pour Souvent Des Délits Mineurs. Lorsqu'il S'agit De "yakh Bou Rey", On Instrumentalise Des Médecins Et Des Journalistes Pour Soustraire Des Brigands à La Rigueur De Cette Meme Justice. Ino Est Mort Dans Les Liens De La Prévention, Comme D'autres Anonymes, Malgré Une Grave Maladie. Le Patron D'orange En France A Fait Un Malaise Au Cours De Sa Garde De Vue, Celà N'a Pas Empeché Que Son Interrogatoire Et Son Inculpation Soient Poursuivis. Il Est Temps Que Cette Manupilation Malsaine Cesse. Si Ces Voleurs N'avaient Pas Soustrait Des Milliards à La Collectivité, N'avaient Pas Mis à Genoux Des Entreprises, Les Finances De Notre Pays, Sans Doute Nous Aurions Construit Des Structures De Santé Plus Performantes, Suceptibles De Les Soigner. Un Voleur Reste Un Voleur. Quand On Suce Le Sang Du Peuple (voler Des Centaines De Millions Voire Des Milliards), On A Droit à Aucune Compassion. La Prison à Vie Avec La Confiscation De Leurs Biens Est La Seule Chose Qu'ils Méritent, à Défaut De La Peine Capitale (comme En Chine).

le Jeudi 13 Juin, 2013 à 09:50:01RépondreAlerter

Anonyme - #4

En Tout Cas Aucun Pays Ne Peut Se Développer Durablement Sans Des Institutions Fortes Et Surtout Sans Une Justice Irréprochable. Malade Ou Pas, Celui Qui Transgresse La Loi Doit Payer. Un Point C'est Tout.

le Vendredi 14 Juin, 2013 à 06:26:32RépondreAlerter

Leuk_ - #5

Fondamentalement, Que Le Malade Soit Chez Lui Ou Dans Son Lit D'hôpital, L'altération De Son état, Dans Certains Cas (cf Avis D'expert), Constitue à Suffisance Une Privation De Liberté Déjà. Et Pour L'instant, Même Si La Garde Des Sceaux A Entrepris (ou Annoncé) Un Vaste Chantier En Vue D'humaniser Le Milieu Carcéral, Il Est Clair Que Desserrer L'étau S'impose Dans Certains Cas Limites Sinon C'est La Mort Assurément. Serait-ce Le But Visé?

le Vendredi 14 Juin, 2013 à 17:51:55RépondreAlerter

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