Est-il vrai que le MFDC avait tenté de stopper l’avancée des troupes de la CEDEAO vers Banjul ?

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Est-il vrai que le MFDC avait tenté de stopper l’avancée des troupes de la CEDEAO vers Banjul ?

Nous découvrons, à notre grand intérêt, que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est bien au courant de l’existence du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) et de ce qui fait sa réputation, une réputation bien triste : le conflit en Casamance, aujourd’hui vieux de plus de 34 ans, et qui oppose l’Etat sénégalais et cette Rébellion indépendantiste de la Casamance.

En effet, le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel Alain De Souza, vient d’affirmer, lors d’une conférence de presse, que « le MFDC avait tenté de s’opposer à l’avancée des troupes de la CEDEAO » dans le cadre de leur intervention militaire en Gambie.

Rappelons que cette dernière a contraint à l’exil le désormais ex-homme fort de Banjul, Yahya Jammeh, depuis le 20 janvier 2017.

En réalité, selon nos sources, il ne s’agissait pas pour le MFDC, en ayant agi de la sorte, à ce stade de la crise postélectorale en Gambie, de s’impliquer dans une guerre qui ne saurait être sienne, mais de prévenir ou d’anticiper toute proximité potentiellement dangereuse d’avec les troupes de la CEDEAO, qui venaient alors, et par stratégie militaire, de camper à proximité de l’une de ses bases, dans le secteur de Diaboudior-Tangal.

Aussi, leur objectif étant atteint, les éléments concernés du MFDC ont-ils immédiatement regagné leur base. C’était cela la réalité, ni plus, ni moins.

Mais peut-être que le diplomate en chef de la CEDEAO reviendra prochainement pour nous annoncer que ses soldats, qui n’auraient rencontré que cette résistance-là dans leur progression vers Banjul, n’y ont guère engrangé de butin de guerre à leur arrivée ; et que les armes tant redoutées de Yahya Jammeh se seraient comme par enchantement volatilisées. A moins qu’elles n’eussent trouvé preneurs auprès de l’on ne sait quel « maquis gambien ». De toute façon, pour certains observateurs, cette dernière hypothèse sonne d’ores-et-déjà comme une certitude, une évidence même.

Nous n’aurions alors fait, in fine, avec cette « aventure » de la CEDEAO, que déplacer le « champ » de guerre et différer l’ouverture des hostilités, tandis que ce que nous craignions, notamment en nous opposant à tue-tête à toute intervention militaire en Gambie pour y régler la crise postélectorale, se serait hélas vérifié.

Or, c’est désormais une vérité de fait, Monsieur De Souza et ses forces armées sont intervenus en Gambie, non pas pour neutraliser ou arrêter Yahya Jammeh pour éventuellement le livrer à la justice gambienne ou internationale, mais, bien au contraire, pour lui offrir un exil assuré dans un pays de son choix. ‘‘Pourvu qu’il s’en aille’’, ont-ils dû se ressasser à longueur du temps. Et il s’en est allé ! Avec armes et bagages, argent et véhicules luxueux, dit-on.

En fait, Yahya Jammeh est parti en exil au terme de son propre agenda, du reste bien maîtrisé, avec cependant toute sa capacité de nuisance. Et l’on feint en même temps d’ignorer qu’il sera forcément plus dangereux en exil qu’ici même, auprès de nous.

C’est peut-être là la rançon de l’amateurisme politique et diplomatique en que le fait d’experts ès-politique et diplomatie.

Dakar, le 24 janvier 2017.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)

et ancien Secrétaire Général du MFDC


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