Heureux qui comme le président Macky Sall !

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Heureux qui comme le président Macky Sall !

[Avis d’expert ? Ou bien une simple lapalissade ? (XI)]

 

Autant celui qui aime agace celui qui n’aime pas, autant le patriotisme contrarie ce qui lui est radicalement contraire. Le nationalisme aussi. Et ceux qui ont fait l’expérience des trois, ont sûrement découvert que l’amour, le patriotisme et le nationalisme se caractérisent singulièrement par l’égoïsme, plus ou moins exacerbé, sinon à deux (notamment pour l’amour), du moins unilatéral.

C’est que l’amour, comme le patriotisme et le nationalisme, sacrifie tout à soi. Si l’on sait, de surcroît, que tous les trois peuvent vivre de mensonges (cas de figure moins périlleux) ou des pires passions (cas de figure autrement plus périlleux).

Pour le tempérer, c'est-à-dire pour minimiser ce risque de péril, une certaine éthique prescrit d’aimer l’autre comme soi-même (i), et d’appréhender le patriotisme ou le nationalisme de l’autre comme le sien propre (ii) ; sachant, toutefois, que le plaisir, ici, réside dans l’habitude de vivre son amour, son patriotisme ou son nationalisme (iii). Et seulement dans cette habitude-là.

Sous ce rapport, notre patriotisme, ou notre nationalisme, vaut, par exemple, celui du président Macky Sall. Tout comme le patriotisme ou le nationalisme du chef de l’Etat vaut celui de chacun de ses opposants politiques, y compris les plus irréductibles.

Or, le président Macky Sall a décidé que certains d’entre eux ne sont pas assez patriotes ou nationalistes pour mériter le suffrage du Peuple sénégalais. De quel droit ?

Notons bien que par patriotisme, nous entendons ‘‘attachement sentimental à sa patrie’’ ; et par nationalisme, ‘‘doctrine qui affirme la prédominance de l’intérêt national’’.

Postulons, aussi, qu’il nous est comme donné d’aimer ou d’être aimé, d’être patriote ou nationaliste.

De quel droit, nous interrogions-nous, le président Macky Sall s’autorise-t-il, de manière autoritaire et discriminatoire, une telle sentence à l’encontre de ceux d’entre ses opposants réputés les plus dangereux pour lui ?

En fait de droit, il s’agit plutôt de loi. En effet, il n’est question ici que de loi, activée ou réactivée comme telle, selon les seuls desiderata du président de la République, contre le droit, celui de ses opposants.

De la sorte, le président Macky Sall a avec lui la loi (et avec elle la force sans la norme), et ses opposants avec eux, le droit (et avec lui la norme sans la force). En fait, la légalité contre la légitimité.

En l’occurrence, la loi contre l’enrichissement illicite en est une, opportunément remise au gout du jour avec la réactivation de la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite). La loi sur le parrainage en est une autre, qui va permettre de recaler les « insoumis », certainement, et en même temps de divertir les plus « téméraires », tout en leur donnant l’illusion de lutter, de se battre, ou de combattre l’adversité, pendant les quatre mois prévus par ladite loi pour la quête de ‘‘parrains’’. Entendu qu’entre les deux, la révision de la Constitution par référendum aura fait la démonstration que ce qu’il reste de la démocratie sénégalaise n’est pas mort.

Heureux, donc, qui comme le président Macky Sall ! Car, en fin de compte, il n’aura rien fait. Pas coupable, même pas responsable, puisque la justice s’en est chargée en l’espèce ; et qu’elle continue de s’en charger, tout indépendante qu’elle est, dans notre Etat de droit.

Karim Wade l’a payé cher pour le comprendre : une amende d’environ 141 milliards de francs, plus cinq ans de prison, moins deux ans à la faveur d’une grâce présidentielle qui sent le souffre, plus un exil forcé au Qatar. Et jusque là, le président Macky Sall n’a toujours rien fait. Simplement, il lui demande de bien se tenir là-bas, au Qatar, et, surtout, qu’il n’ait pas la mauvaise idée de venir lui disputer indûment son 2nd mandat, enfin ! son possible 2nd mandat.

Le député-maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, quant à lui, continue de croupir en prison, pour avoir pris la lourde responsabilité de rompre les amarres de son compagnonnage avec la Majorité. Et, par décret présidentiel, il sera déchu de son mandat de maire. Là encore, c’est le fait de la justice, mais guère du président Macky Sall.

Et, pour couronner le tout, Jean-Paul Dias, qu’on ne présente plus, imperturbablement, de déclarer (en substance) : « Je n’exclus pas de retrouver et de soutenir le président Macky Sall… Je n’ai pas de problème personnel avec lui… » Lui, Jean-Paul Dias, qui disait pourtant, en substance, quelques petits mois auparavant : « Vous me voyez, moi président de la République, et faire arrêter puis emprisonner le fils de Macky Sall ?... » Son fils, Barthélémy Dias, qu’on ne présente plus, non plus, était alors embastillé à la prison de Rebeuss. Si cela n’est pas un problème personnel, en tout cas c’en a tout l’air. Bravo ! les artistes.

Au demeurant, c’est désormais connu et admis de tous, chez nous, quand on n’a jamais rien fait contre personne, on se « bunkerise ». Et de son « bunker », on appelle au dialogue.

Tenez, le président Macky Sall n’a rien fait en Casamance. Et tout en n’ayant rien fait en Casamance, le chef de l’Etat y a fait la paix, qui lui vaudra en prime de se « bunkeriser », et avec lui la Casamance toute entière, plus que de raison, lors de sa dernière tournée « économique » dans le Sud.

Puis, tout à coup, un braqueur, un seul, lourdement armé, surgit de nulle part pour perpétrer un braquage aux dépens d’une vingtaine de véhicules, tous alignés les uns derrière les autres sur la RN4, en Casamance. Le malfrat s’en tirera à bon compte, non sans avoir préalablement couvert ses arrières par la prise en otage de six ou sept personnes. Ces dernières seront relâchées peu de temps après, tandis que le mystère entourant ce forfait demeurera tel, probablement à tout jamais.

Qui peut-il bien être, ce malfrat ? Et où se terre-t-il ? Se peut-il qu’il soit notre voisin et qu’ainsi, son forfait commis avec grand-succès, il soit revenu pour se fondre littéralement parmi nous ? A moins qu’il ne se soit plutôt retiré dans son « maquis », pour s’y « bunkeriser » jusqu’au prochain coup ; d’où il pourra toujours dire : ‘‘après tout, il ne s’est rien passé, puisque je n’ai fait de mal à personne. Pas pris, donc pas responsable, encore moins coupable’’.

Et, en attendant le prochain coup, ou plutôt les prochains coups, ceux d’ici et de là-bas, y compris ceux qui nous surviendront de nulle part ; en attendant donc ces coups prochains, tout va bien dans le meilleur des mondes sénégalais.

Dakar, le 11 novembre 2018.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)


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