Hommage à Alfred SAGNA dit Doudou

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Hommage à Alfred SAGNA dit Doudou

Alfred Sagna était mon grand-frère. Il m’avait vu naître et se plaisait à dire qu’il faisait partie de mes « nounous ». Cependant, ça n’était pas à ce titre qu’il officiait à mes côtés, en tant que mon homme de confiance et proche collaborateur.

En effet, quand l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, alors Président du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), s’estima condamné à quitter ce bas-monde pour l’Au-delà, il fit venir à lui dare-dare Alfred Sagna, notamment pour l’informer de son départ manifestement imminent.

Interloqué, Alfred Sagna lui dit : « Ta mission n’est pas terminée… Qu’allons-nous faire maintenant ?... »

J’étais alors Secrétaire Général du MFDC, quoique réputé limogé de mes fonctions par le Président du Mouvement.

Or, pour celui-ci, j’étais encore, jusqu’alors, le Secrétaire Général du MFDC. Malgré donc l’acte de mon limogeage portant sa signature.

Et Alfred Sagna de lui demander : « Qui est donc ton successeur ? »

La réponse de l’Abbé Diamacoune était alors sans appel, qui me confirmait dans mes fonctions de Secrétaire Général du MFDC, tout en enjoignant à Alfred Sagna d’accepter le rôle central et stratégique qui était désormais le sien, à mes côtés, jusqu’à sa disparition, en ce Vendredi-Saint, le 30 mars 2018.

Dès lors, Alfred Sagna avait perdu le sommeil, au sens propre comme au figuré, si l’on sait de surcroît que sa mission, à lui impartie par l’Abbé Diamacoune, était d’introduire, de faire découvrir et accepter le « véritable Jean-Marie François Biagui » au Maquis casamançais. Mission apparemment impossible.

Pourtant, sans plus attendre, Alfred Sagna s’attelait à sa tâche, laborieuse, et à sa mission, périlleuse. Qui plus est, à l’évocation de ‘‘Jean-Marie François Biagui’’, Alfred Sagna s’attirait systématiquement les foudres de nos frères du Maquis. Il s’en défendait notamment en ces termes : « Je suis venu pour que vous me tuiez. Mais faites-le seulement après m’avoir écouté ».

Des mois puis des années s’écoulèrent, mais la détermination d’Alfred Sagna ne faiblissait point. Bien au contraire, elle finit par rencontrer le sens élevé de responsabilité du chef de guerre du MFDC César Atoute Badiate puis, bientôt, d’autres chefs de guerre.

Ainsi, pour la première fois, le 14 avril 2014, je suis reçu par le Maquis casamançais, pour une entrevue historique, et pour des échanges fondateurs d’une ère et d’une vision nouvelles.

Au demeurant, je ne doute pas que, par ce présent hommage, j’ai trahi le sens du secret et de la discrétion d’Alfred Sagna d’une part, et de son attachement intime à l’anonymat d’autre part. Mais je le lui dois, à son corps défendant. Oui, je le dois à sa mémoire.

Homme de paix, l’Abbé Diamacoune fit de lui un Artisan de la paix.

Homme de principes, Alfred Sagna n’aimait aucunement entrer par effraction chez autrui, y compris surtout chez ceux qui passaient pour ses ennemis.

Il aimait la Nature et avec elle l’humanité en chaque homme (homme et femme), comme en témoignait, de manière constante, sa carrière militaire en tant qu’Agent des Eaux et Forêts.

Adieu ! Cher grand-frère.

Adieu ! Cher compagnon de route.

Et que notre Terre, que cette Terre que tu chérissais tant, te soit légère, à tout jamais.

Dakar, le 3 avril 2018.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)

 


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