Il faut rendre à Barthélémy Dias sa liberté et son droit plénier de l’exercer

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Il faut rendre à Barthélémy Dias sa liberté et son droit plénier de l’exercer

La Constitution, au Sénégal, établit et consacre l’indépendance de la justice.

Ainsi, la Loi suprême du Sénégal affirme et prescrit que, non seulement l’indépendance de la justice est un droit exclusif de tout autre, mais qu’elle est consacrée en tant que telle.

Or, la majorité des Sénégalais ne veulent guère y croire. Et ils ne se contentent pas seulement de le penser. Bien au contraire, ils clament haut et fort, tous les jours que Dieu fait, que la justice au Sénégal n’est pas indépendante.

Est-ce donc un délit que cet acte, d’une banalité déconcertante ? Certainement. Sauf que pour la majorité des Sénégalais, ils sont fondés à déclamer contre cette indépendance consacrée de la justice, simplement et précisément parce que quelques magistrats – fussent-ils une infime minorité ! – ne font guère preuve d’indépendance dans l’exercice de leurs fonctions respectives. Faudrait-il alors arrêter puis embastiller cette majorité des Sénégalais ?

Or, Barthélémy Dias n’en pense pas moins. En l’espèce, il ne dit pas autre chose en ces termes : « Khalifa sera bien présent pour la présidentielle de 2019. Nous n’avons pas entendu le droit aujourd’hui. Nous avons vu des magistrats prostitués qui ont accepté de baisser leurs pantalons pour satisfaire certaines personnes… Je reprends Trump, c’est une justice de merde… » Et pour ce propos, le maire de Mermoz-Sacré Cœur croupit en prison, si injustement.

Oui, en d’autres termes, et dans un français aussi limpide et naturel que croustillant, Barthélémy Dias pense et dit, en l’occurrence, exactement la même chose que la majorité des Sénégalais. Donc, pas seulement comme le vice-président à l’Assemblée Nationale (Moustapha Cissé Lô :« Macky Sall a la possibilité d’emprisonner qui il veut. Il suffit juste que l’envie l’en démange, qu’il saisisse le procureur de la République qui t’arrête…Les magistrats ne jugent pas équitablement et dans leur intime conviction, ils font n’importe quoi… Les juges ne rendent pas les décisions correctement… »). Ici, manifestement, le caractère trivial de son propos immunise le député de la mouvance présidentielle contre toute indignation et, à plus forte raison, contre toute poursuite judiciaire.

Et que dire de l’aveu même du président Macky Sall, selon lequel il tient, d’autorité, sous le coude, des dossiers éminemment judiciaires ? N’est-ce pas un délit, voire une forfaiture, sinon une haute trahison, que cet acte publiquement avoué du président de la République, qui plus est depuis les Etats-Unis ?

De grâce ! il est plus que temps que l’on cesse de marcher sur la tête dans ce pays, y compris surtout quand on est censé dire le droit, sous peine de voir le Sénégal s’abimer, de manière irréversible, notamment parce que ceux qui incarnent respectivement les Pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire auront abdiqué, petitement, et leurs responsabilités (avec tout ce qu’elles comportent en termes d’autorité) et leur indépendance (sans laquelle la liberté est vaine).

Dakar, le 15 avril 2018.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)


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