Mission commando, mission commandée ou commanditée

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Mission commando, mission commandée ou commanditée

C’est désormais connu de tous les experts ès conflit en Casamance, à l’exception peut-être de ceux qui répondent de l’Etat – mais que peut-on vraiment face à quiconque décide d’être sourd et aveugle –, quand les acteurs dits incontournables du « dossier casamançais » se mettent soudain à bavarder, il y a forcément un problème. A moins qu’ils ne soient eux-mêmes le problème.

« Sur les quatre chefs de guerre, les trois se sont retrouvés. Salif Sadio est le seul à ne pas encore rejoindre le groupe, mais ils poursuivent leurs efforts de manière à ce que tout le monde puisse parler le même langage… Les choses évoluent… », entend-on depuis peu sur des chaînes de télévision et autres radios de la place, relayées par la presse écrite et en ligne.

Pour sûr, des individus loyaux, qui jouent les facilitateurs sincères entre l’Etat et le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), ne tiendraient pas un tel discours à la place publique. Ils s’évertueraient, au contraire, avec obstination, à ménager le maillon faible de la chaine que représenterait Salif Sadio, jusqu’à trouver avec lui le prétexte utile pour un compromis solide et durable.

Quoi qu’il en soit,  émanant desdits acteurs « incontournables », cette assertion n’en suggère pas moins, en substance, que ces derniers – parce qu’ils n’ont pu être, indéniablement, ni au début ni au centre d’un tel processus de réconciliation entre frères-ennemis du maquis casamançais – voudraient en réalité apparaître comme ceux-là mêmes qui eussent été à son éventuelle fin heureuse. Ce qui n’est autre qu’un banal mécanisme de récupération. En fait, de l’opportunisme à l’état brut et primaire. Sinon, soyons-en convaincus, ils le tairaient ; ils en resteraient muets, telle une carpe, quitte à surprendre en l’occurrence, agréablement, le public à l’heure du bilan.

Il se pourrait, cependant, que, à la base de ce bavardage subit, il y ait eu un esprit plutôt animé par le souci de brouiller les cartes des frères-ennemis du maquis dans leur dynamique de réconciliation, si l’on sait que les acteurs dits incontournables du « dossier casamançais » ne sont plus les bienvenus dans le maquis, et ce depuis longtemps, notamment à la faveur d’une profonde crise de confiance, particulièrement exacerbée par les agissements suspects sinon douteux de ces derniers.

Et comme là-bas, c’est-à-dire dans le maquis casamançais, un tel processus de retrouvailles entre frères-ennemis est forcément placé sous le sceau du « boukout » (du secret de Bois Sacré), laisser à penser qu’une fuite y relative a pu s’opérer au point que cela pût se retrouver à la place publique, peut générer une ambiance de suspicion et de méfiance entre les protagonistes, qui ne tarderaient pas, alors, certainement, à s’épier mutuellement, obnubilés à l’idée qu’une ou plusieurs taupes aient pu gagner leurs rangs.

Or, au commencement de la guerre fratricide dans le maquis casamançais, il y avait eu une crise de confiance profonde.

Voilà pourquoi, nous appelons nos frères du maquis à la sérénité et, ainsi, à ne pas se laisser distraire par ce qui passe pour un jeu funeste, et par conséquent à maintenir le cap, étant entendu que la seule vraie bénéficiaire de la paix durable que nous appelons de nos vœux ne saurait être autre que la Casamance et, avec elle, le pays tout entier.

Dakar, le 3 février 2016.

Jean-Marie François BIAGUI

Ancien Secrétaire Général du Mouvement

des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC),

Président du Mouvement pour le Fédéralisme

et la Démocratie Constitutionnels (MFDC-fédéraliste)


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