Pour que nul n’en ignore

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Pour que nul n’en ignore

« Dakar, le 25 août 2015

A Monsieur Abdoulaye Daouda DIALLO, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique

DAKAR

Réf. : PR / 15-08-003

Objet : Votre lettre N° 000799/MINTSP/DGAT/DLP/DAP

Monsieur le Ministre,

Au moyen d’une lettre, sus référencée, en date du 24 août 2015, vous nous avez dénié le droit d’exister et de nous promouvoir comme parti politique légalement constitué et dénommé ‘‘Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels’’, ‘‘MFDC’’, au motif notamment que le sigle de notre parti est identique à celui du MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance).

C’est donc avec gravité que nous prenons acte de ce que la République ne nous reconnait point comme des Républicains.

Aussi, nous souvenons-nous, avec intérêt, de la constante universelle suivant laquelle : Les Républicains passent, et même trépassent, et la République reste.

Pour autant, nous aurions certainement compris votre attitude et votre décision, si le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), parce qu’il aurait été enregistré auprès de vos services puis reconnu comme parti politique légalement constitué, avait formellement contesté notre droit de disposer du sigle « MFDC » en tant que « Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels ».

Qui plus est, la méprise dont nous nous sommes rendus responsables, mais plutôt coupables à vos yeux, en vous adressant notre toute première demande de reconnaissance de notre parti, en date du 20 avril 2012, sous couvert du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance, n’est qu’un prétexte douteux. Car, lorsque dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de février/mars 2012, nous appelions à voter en faveur du candidat Macky SALL ; et, à plus forte raison, quand les militants et les sympathisants de notre parti votaient en faveur du challenger du président sortant Abdoulaye WADE, la République, autant d’ailleurs que l’APR et ses alliés, ne nous avait pas dénié ce droit au nom des valeurs républicaines.

En tout état de cause, s’il y avait des doutes voire des soupçons quant à notre sincérité et à la vérité ou à l’authenticité de ce que nous incarnons avec le ‘‘Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels’’, ‘‘MFDC’’, il va sans dire qu’ils sont forcément levés à la faveur de l’enquête de moralité consécutive à notre demande de reconnaissance comme parti politique légalement constitué.

Plus que jamais, donc, Monsieur le Ministre, nous sommes convaincus qu’il y a place pour une autre pensée et une autre vision au Sénégal.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération. »

Telle est la réponse que nous avons cru devoir servir au Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique du Sénégal, qui nous a fait l’insigne honneur de nous rappeler d’où nous venons pour justifier son refus de nous reconnaître dans nos droits civils et civiques, ce qu’il nous plait de porter ici à la connaissance de l’opinion nationale et internationale. Et sous ce rapport, prenant à témoin cette dernière, d’emblée, nous redisons à Monsieur le Ministre : Oui ! Trois fois oui ! Nous venons bien de quelque part. Mais nous n’avons aucunement l’intention de nous en excuser.

En effet, notre idée de créer le « Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels » est née alors même que nous étions des membres actifs du « Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance », avant d’en devenir des responsables dévoués et loyaux, notamment comme Secrétaire à l’Aile Extérieure puis Secrétaire Général en ce qui me concerne.

Cela s’appelle, dans notre jargon, une « rupture », mais une « rupture » qui s’opère par le haut ; celle qui prédispose, ou qui prépare, justement, à prendre son envol. Autrement dit, tout le contraire de ce que, manifestement, vous entendez par « politique de rupture » qui, dès lors qu’elle s’effectue par le bas, condamne à chuter ; et donc à se précipiter vers le bas, immanquablement. C’est naturellement pour cette raison qu’il ne vous est pas donné de nous comprendre.

Comme Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, vous avez le devoir et l’obligation indissolublement réunis de construire ou de consolider ou encore de sauvegarder ou de préserver, tout en sécurisant ou en prévenant, mais guère de déconstruire la République dans son existence, ni de détruire la démocratie dans ses fondements, ni de contrarier les libertés dans ce qu’elles ont à la fois de plus humain et de plus transcendant, soit cette capacité qu’elles ont de libérer le pouvoir créateur de l’homme (homme et femme).

Or, le paradoxe, dans votre attitude et dans votre décision, révèle avec inquiétude votre aversion pour le « Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance » dans la mesure même où vous vous érigez concomitamment comme son rempart ou son bouclier par excellence. Car, tout Ministre de la République que vous êtes, vous nous déniez le droit d’exister en tant qu’acteurs républicains, précisément au nom de l’existence dans la clandestinité du « Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance ».

Nous renvoyant en l’occurrence à notre passé, du reste bien assumé, vous affirmez dans votre lettre que « la loi interdit aux formations politiques de s’identifier à une région ou à une partie du territoire ». Or c’est exactement pour cela, et dans le strict respect de ladite loi, que nous avons fondé notre parti et que nous entendons nous accomplir, aujourd’hui plus que jamais, en tant que « Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels » ; c’est-à-dire un parti politique de dimension nationale, et à vocation nationale, dont les statuts et le règlement intérieur sont on ne peut plus limpides à ce sujet.

En l’espèce, Monsieur le Ministre, le danger pour la République ne se trouve pas dans notre passé, mais plutôt dans votre inaptitude à le transcender et dans votre incapacité à convoquer, en toute objectivité, le présent qui nous est propre et qui se veut totalement ordonné à la quête effrénée de la paix définitive sinon durable en Casamance. Pis, vous êtes vous-même un danger pour la République dès lors que, pour vous, contrairement à nous autres qui incarnons le « Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels », il ne saurait y avoir une vie au Sénégal après la rébellion et le maquis casamançais.

A propos, Monsieur le Ministre, quelle autre alternative proposeriez-vous au « Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance », hormis le processus sans issue visant à installer durablement ses militants, ses sympathisants et ses combattants dans la redoutable certitude qu’ils n’auraient dorénavant plus rien à perdre ?

Etes-vous jamais conscient, ou simplement mis au courant par les services concernés du Ministère, que, en ayant pris la lourde responsabilité de nous renvoyer dans la clandestinité, cela impactera nécessairement le processus de paix en Casamance ?

La suffisance symptomatique du parvenu érigée en règle contre la loi !

L’arbitraire contre le droit !

Voici et voilà, Monsieur le Ministre, ce qui semble vous caractériser ès-qualité. Mais c’est assurément ce qui explique tout particulièrement l’inconsidération avec laquelle vous êtes si prompt à fouler aux pieds, entre autres, le droit de marche et de manifestation politique de l’opposition ; un droit pourtant consacré comme tel, expressément, par la Constitution du Sénégal.

L’histoire récente ne nous instruit-elle pas, d’ores-et-déjà, et de fort belle manière, Monsieur le Ministre, que ceux qui avaient contribué jadis à contester au Premier Ministre Idrissa SECK, avec les arguments les plus fallacieux, le droit de créer son parti « Rewmi », furent ceux-là mêmes qui, quelques petites années plus tard, ont dû se résoudre à lui reconnaître ce droit élémentaire mais non moins fondamental, fût-ce au détour de quelque alliance politique éphémère et non-féconde ?

Quoi qu’il en soit, Monsieur le Ministre, un peu de jugement de votre part, davantage rationnel et objectif que passionnel et subjectif, vous aurait certainement aidé à concevoir que, au-delà même de l’assemblée constitutive de notre parti, l’acte fondateur fondamental de celui-ci en tant qu’un parti républicain fut sans conteste notre participation aux élections législatives du 1er juillet 2012, où nous avions été adoubés comme tête de liste par le Rassemblent des Ecologistes du Sénégal (RES) – « Les Verts » dans le département de Ziguinchor. Nous avions alors été des candidats « heureux », puisque, à l’issue du scrutin, notre liste s’était offert la 5ème position sur 24. Et cela, à n’en point douter, Monsieur le Ministre, participe de la République et notamment de ce qu’elle a de meilleur et de plus beau : La démocratie se conjuguant au présent des libertés, de toutes les libertés.

Dakar, le 30 août 2015.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Mouvement pour le Fédéralisme

et la Démocratie Constitutionnels (MFDC)


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