Quand la RTS se couche, France 24 reste debout

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Quand la RTS se couche, France 24 reste debout

Il n’y a guère longtemps, à la faveur de certaines de nos « interconnexions », un journaliste de la RTS a décroché une interview auprès des hommes de César Atoute Badiate, alors considéré comme le principal chef de guerre du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Et comme à l’accoutumée à la RTS, cette interview devait être passée au peigne fin. Bien lissée, c’est-à-dire pervertie selon le bon vouloir de la maison, elle fut diffusée sous la forme d’une jacquerie.

Et pourtant, l’objectif avec cette initiative consistait à dénoncer et à disqualifier à tout jamais les colporteurs de la paix qui passent indûment pour les porte-paroles du MFDC et notamment du maquis casamançais. Mais un objectif manqué, hélas, par la seule volonté inconsidérée de la RTS.

Ainsi, la fameuse interview n’était-elle plus qu’un ramassis de propos décousus, totalement vidés de leur substance quintessentielle. De sorte que ce qui était une formidable occasion d’informer-juste-et-vrai devint en définitive une entreprise malveillante, tendant à tourner en dérision les acteurs concernés.

Cette forme de mesquinerie et de lâcheté « républicaines » aurait certainement prospéré si nous étions encore dans l’avant-mondialisation. Or nous sommes dorénavant et depuis bien longtemps déjà dans un monde mondialisé. Le maquis casamançais bien compris.

C’est donc sur ces entrefaites que France 24 va arracher à son tour une interview à Salif Sadio, autre chef de guerre du MFDC et patron de la seule faction du mouvement irrédentiste qui dit être en négociation de paix avec l’Etat depuis 2012, à Rome, en Italie, sous l’égide de la Communauté Sant’Egidio.

Dans l’interview en question, Salif Sadio déclare, entre autres, que même s’il ne lui restait plus que quatre combattants avec leurs animaux, ils libèreraient la Casamance du joug sénégalais.

Dès lors, des états d’âme fusent de partout, qui se demandant ce que France 24 peut bien nous vouloir, qui accusant la France d’être derrière cette « machination », qui y voyant une forme de pression politique sur les autorités pour faire main basse sur le pétrole sénégalais.

Au même moment, ces mêmes âmes, tout imbues de leurs états d’âme, s’en fichent éperdument des propos de cet ex-chef de guerre du MFDC, Souaïbou Diatta dit Kamougué, qui font pourtant corps avec ceux de Salif Sadio et d’autres personnages, dans le cadre précisément d’un reportage de France 24 dédié au conflit en Casamance.

C’est que, pour sa part, Kamougué dit regretter ses « 25 années de maquis ». Et il a beau dire ici, de manière on ne peut plus claire, qu’il regrette ses loupés personnels, sociaux et notamment matériels, dus à sa vie dans le maquis casamançais un quart de siècle durant, d’aucuns croiront plutôt y déceler un acte de repentance de sa part quant aux exactions et autres crimes perpétrés jadis sous son commandement dans le Front-Nord du MFDC. C’est à tout le moins ce qui expliquerait et justifierait en même temps le silence enveloppant le discours de Kamougué.

Ses propos, tels qu’ils sont rapportés par France 24, n’en constituent pas moins une information. C’est-à-dire, autant que ceux de Salif Sadio et des autres personnages concernés.

Non ! les accusations portées contre France 24 et la France sont sans fondement. Ici, en effet, France 24 n’a fait que la démonstration qu’elle travaille, tout simplement. Autrement dit, France 24 n’a fait que son travail. En l’occurrence, France 24 a informé. Point barre !

Et en faisant son travail, France 24 nous apprend opportunément, du moins s’il en est encore besoin, qu’il n’en est rien, mais alors rien du tout, quant aux prétendues négociations de Rome. Et qu’en l’espèce, ainsi que nous le suggérions jadis, déjà, Salif Sadio s’est fait avoir proprement.

En effet, on lui avait promis des négociations sur la question de l’indépendance de la Casamance – Robert Sagna avec son GRPC (Groupe de réflexion pour la paix en Casamance) s’y était particulièrement illustré, à dessein, et avec ruse, emportant avec lui, tel un trophée, Macky Sall et l’Etat – et Salif Sadio de découvrir in fine, à ses propos dépens, que l’indépendance ne se négocie pas. Et que, bien au contraire, elle s’arrache, politiquement ou militairement.

Fort de cela, Salif Sadio va faire une nouvelle déclaration de guerre, laquelle vaut acte de guerre. Et tant pis, si c’est de manière péremptoire, voire pathétique, quand on sait, cependant, que la Casamance, c’est infiniment plus que quatre individus plus Salif Sadio avec leurs bêtes ; que, de surcroît, elle n’a jamais voulu de la guerre ; et que, notamment, elle ne veut pas de la guerre à laquelle nous convie, une fois encore, Salif Sadio.

M’adressant tout à propos à mon frère Salif Sadio, je voudrais l’inviter, une fois de plus, à nous rencontrer, lui et moi ; pour nous asseoir, lui et moi, avec nos amis respectifs, pour enfin nous entretenir mutuellement de ce qui nous est intimement commun, la Casamance, et de son avenir.

Oui, mon cher frère, tu as su trouver la force et l’énergie nécessaires pour t’autoriser une attache ou une opportunité sinon quelque prétexte de dialogue avec l’Etat, alors combien plus encore, plus aisément, plus banalement, plus naturellement devrais-tu t’incliner à partager quelque moment de fraternité avec moi !

Ziguinchor, le 2 juillet 2017.

Jean-Marie François BIAGUI

Ancien Secrétaire Général du MFDC

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)


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