Diaspora africaine Plaidoyer de Marie-Evelyne Pétrus Barry

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Diaspora africaine Plaidoyer de Marie-Evelyne Pétrus Barry

Dakar a abrité les 23 et 24 octobre 2019 la réunion régionale pour l’Afrique de la « Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine ». Cet événement a été marqué, malgré le regrettable faux bond de quelques pays du Continent, par la présence d’importantes personnalités africaines et de la Diaspora, dont madame Marie-Evelyne-Barry, ancienne représentante du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, ancienne experte  sur les droits des personnes d’ascendance africaine du conseil des droits de l’Homme et actuellement Directrice Régionale d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ayant présidé la « Session Justice des réparations » lors de cette rencontre, cette Caraïbo-africaine », au background éminemment rempli, que nous avons rencontrée à l’IPS (Institut Panafricain de Stratégie), a partagé avec nous le sens de son combat et ce qu’elle croit relever de la responsabilité des institutions étatiques et internationales.

Polyglotte parlant cinq langues (Français, Anglais, Portugais, Fulani et le Créole), Marie-Evelyne Barry capitalise une expérience de trente ans d’exercice dans les domaines des Droits  de l’Homme, des Affaires politiques, du Management et des questions liées au multiculturalisme. C’est fort de ce riche parcours, marqué par différents périples aux Etats-Unis, dans toutes les régions d’Afrique, aux Antilles et en Europe, qu’elle s’est forgé une solide connaissance de l’humain et de ses droits, face aux discriminations auxquelles il est confronté durant son passage sur terre.

Foncièrement opposée au racisme, à la xénophobie et à l’intolérance, la « Rencontre de Dakar » a été une occasion pour elle de rappeler aux États, aux institutions internationales et à la Société civile, l’impérieuse nécessité d’une implication franche et courageuse pour le respect des engagements pris devant les instances onusiennes. Les Réparations des crimes engendrés par la déportation des Africains lors de la traite transatlantique et arabo-musulmane doivent être faites, et les dits-crimes punis. Les peuples africains, les gouvernements doivent être sensibilisés. Il leur revient de s’engager pour que justice soit rendue à l’Afrique et à toutes ses filles et fils de la diaspora, qui sont environ 30 millions de personnes arrachées à leurs terres originelles et dont les descendants, repartis de par le monde, s’élèvent aujourd’hui à 350 millions.  Ces derniers revendiquent leur identité africaine, mais également, expriment leur besoin de retour sur le sol de leurs ancêtres. C’est un droit légitime, pense-t-elle, qui, s’il est reconnu, peut avoir des incidences (positives) d’ordre social, économique et culturel sur le devenir de l’Afrique.

Cette identité revendiquée, même si elle semble être triviale pour Achille Mbembé, dont l’article intitulé « À propos des écritures africaines de soi » (mars 2000) s’attaque aussi bien maladroitement à certains pans du panafricanisme qu’à une forme de conception que les Noirs auraient inventée au sujet de l’esclavage perpétré par le « monde blanc », ne saurait être traitée avec autant de légèreté. Nul n’a le droit de banaliser de la sorte ce besoin de filiation, nous semble-t-il, de l’enfant qui n’a pas connu ses parents, même s’il a été victime d’un reniement parental supposé.

Par ailleurs, en marge de sa visite officielle à Dakar, Marie-Evelyne Petrus-Barry, qui dirigeait la délégation qui est venue rencontrer les membres de l’Institut Panafricain de Stratégies, n’a pas manqué de revenir, en présence du Dr Cheikh Tidiane Gadio,  Président de cet Institut, sur le caractère panafricain de son combat, qui s’arrime sur une conviction ferme du droit des africains de la Diaspora, où qu’ils se trouvent, d’acquérir la nationalité d’un pays du Continent. Dès lors, en tant que citoyenne africaine de plein droit, la Diaspora devrait, selon elle, jouir des mêmes privilèges que les « Africains continentaux », afin de travailler au développement de l’Afrique qui n’est autre que le propre développement de la diaspora.  Malheureusement, déplore-t-elle, la plupart des États africains, jusqu’à aujourd’hui, bien qu’ayant ratifié la résolution des Nations Unies relative à la « Décennie », n’ont « ni envisagé de programme ni alloué de budget » à celle-ci, se limitant à une simple déclaration de bonnes intentions.

Face à ces velléités des gouvernants africains, Marie-Evelyne Barry compte sur :

-« la création d’un forum permanent des Nations Unies sur les droits des personnes d’ascendance africaine » ;

-«  les États membres des Nations Unies pour « développer et (faire) voter une convention sur les droits des personnes d’ascendance africaine », qui contraindra les États à « rendre compte » devant les organes de l’ONU.

D’autre part, elle espère :

- « que l’Union Africaine fera resurgir la « Déclaration d’Abuja » sur l’intégration des pays des Caraïbes, afin que les Africains, où qu’ils se trouvent », se rencontrent, et « travaillent (ensemble) à la reconnaissance de leur histoire commune », à l’instauration de la justice, « particulièrement, la Justice des réparations, et au développement du Continent, des pays et régions où vivent les Africains qui ont été déportés ;

- « que les ‘‘Crimes contre l’Humanité’’ et le ‘‘Génocide’’ commis par l’Europe, dans le seul but de se développer seront réparés en fonction de leur nature, et que la discrimination sera punie » ;

- que tous les Africains, de la diaspora ou d’ailleurs se reconnaissent comme une seule nation et créent un tribunal international pour les réparations de crimes commis contre l’Afrique qui se perpétuent aujourd’hui dans une totale impunité.

 

Par  Malick G. AIDARA


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