Elections législatives au Sénégal : Des coalitions à pêle- mêle

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Elections législatives au Sénégal : Des coalitions à pêle- mêle

 

Le 30 juillet 2017 sera la date marquant le démarrage des élections législatives au Sénégal, où 47 coalitions et partis politiques vont concourir pour remporter la fatidique bataille de la majorité représentative à l’Assemble nationale. A cet effet, ces élections ont fait fleurir une myriade de coalitions composées majoritairement de partis politiques traditionnels, mais aussi et surtout de nouveaux mouvements citoyens. Ce nombre incommensurable (47) est de l’avis de certains, le résultat de la maturité de notre démocratie. De mon avis, c’est avec circonspection que je prends cet argumentaire car depuis quelques années notre démocratie majeure, dont l’implantation a été dignement amorcée par Abdou Diouf et intelligemment bâtie et instaurée par Abdoulaye Wade, est devenue « une démocratie à la roulette Russe ». Inutile de nous attarder donc sur la démocratie qui est désormais sur une pente descendante, mais posons plutôt un regard synoptique sur le format de ces élections qui suscitent un regain d’intérêt observable aussi bien dans la classe politique sénégalaise que dans les analyses des observateurs politiques de la sous-région. Le 30 juillet prochain, les électeurs auront donc la tâche à la fois fastidieuse et délicatesse de choisir leurs candidats parmi les 47 listes ; un chiffre énorme, une première dans l’échiquier politique du Sénégal.

Malgré l’engouement que suscite les législatives, au Sénégal ces élections sont souvent négligées et cela se traduit manifestement par le taux d’abstention ou le désintéressement total de certains électeurs pour ces échéances qui,  à mon avis sont plus importantes  que l’élection presidentielle.Pourquoi ?Parce que c’est le député qui représente le peuple, c’est le député qui vote et propose les lois, c’est le député qui contrôle l’action du gouvernement, c’est le député qui porte la voix du peuple, c’est le député qui alerte, avise et informe. Mais hélas ! Au Sénégal, l’Assemblée nationale farouchement défendue par feu Mamadou DIA et dignement représentée par feu Habib THIAM (Paix à leurs âmes), est transformée aujourd’hui en une « boucherie humaine ».Elle est presque jetée dans le panthéon de la nullité, de la ridiculisation et de la déliquescence, où le mensonge et la médiocrité s’exposent et s’applaudissent ! Ainsi, Méchanceté, calomnie, violence, rancune, mesquinerie, tels sont entre autres les discours qui rythment les quotidiens de l’hémicycle. Quel inattendu recul et quelle surprenante balafre sur le visage politique du Sénégal ! Certains d’entre eux, couverts par l’immunité parlementaire, se paient même le luxe de fleurter avec des propos balivernes, claniques voire fallacieux .Conséquence, on assiste  à une véritable mascarade politique. C’est de la supercherie totale.

Devant cette situation lourde de conséquences, ces joutes électorales doivent être le moment opportun de changer complètement le visage de l’Assemblée. Pour y arriver, les électeurs doivent BIEN choisir leurs candidats qui leurs représenteront dans l’hémicycle avec efficacité avec dévouement avec détermination avec loyauté avec engagement, avec sincérité, pour qu’au bout de cette législature, l’Assemblée nationale puisse retrouver ses lettres de noblesse d’antan. De notre coté, soucieux du devenir de notre pays, et républicain jusqu’à la moelle épinière, notre conscience nous interpelle à passer en revue ce conglomérat de coalitions et de mouvements politiques, pour jauger leurs quintessence et leurs poids sur le landerneau politique du pays.

1)Benno Bokk Yakaar : C’est la coalition du président de la république que je qualifie comme un fourre-tout, car composée de partis politiques aux idéologies différentes mais calculateurs , tacticiens et soifs de pouvoir. Mise en place en 2012 à la veille du second tour des élections présidentielles, cette coalition est formée par : le parti au pouvoir du président  APR (Alliance Pour la République), du PS (Parti Socialiste) de l’homme d’Etat Ousmane Tanor Dieng, de l’AFP (Alliance des Forces du Progrès) de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse et les traditionnels partis de gauche. Pour les investitures de cette coalition, Le Président Macky Sall, loin d’etre un ovni en politique, a jeté son dévolu sur son premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne comme tête de liste nationale pour porter le flambeau .De là, en poussant la réflexion plus profonde, il est tout à fait normal de comprendre que ce choix est purement politique parce que Macky Sall en choisissant son PM a décidé de lui faire porter son bilan très mitigé pour contrer Khalifa Sall dans sa bastion de Dakar, ville vivante et vibrante pour reprendre le Général De GAULLE. 2)Manko Wattu Sénégal : Elle regroupe principalement les principaux partis d’opposition. Le PDS (Parti Démocratique Sénégalais) de l’ancien président pour ne pas dire « la bête politique », Abdoulaye Wade, avec tout le respect que je lui dois. Du haut de ses 90 ans, ancien professeur en science économique à l’UCAD, ancien avocat au barreau de Grenoble, bâtisseur de la démocratie au Sénégal, Wade, investi surprenamment comme tête de liste nationale, a quitté le somptueux et paisible quartier de Versailles pour débarquer au Sénégal, arpentant les ruelles de Dakar sous un soleil de plomb en cette période d’été, en vue de faire gagner sa coalition. PARDON ! Que dis-je ? Plutôt pour baliser le terrain pour son fils Karim pour la prochaine élection présidentielle de 2019. IMPRESSIONNANT ! Surtout pour un vieillard qui a déjà inscrit son nom au panthéon des grands hommes. 3)Manko Taxawou Sénégal : L’objectif principal de cette coalition est d’imposer la cohabitation au président de la république à l’Assemblée .De ce fait, cette coalition est celle qui attise toutes les convoitises et suscite beaucoup de polémiques et de controverses tant sur sa composition que sur sa forme. Attardons nous d’abord sur sa composition. Elle est représentée par une branche dissidente du PS (Parti socialiste), incarnée depuis quelques années par le maire de Dakar : Khalifa Ababacar Sall qui malheureusement, est alpagué depuis plus de 6 mois dans la mythique prison de REUBEUS. Depuis son arrestation, sur la fameuse caisse d’avance , les langues se délient .Si d’aucuns soutiennent l’idée selon laquelle Khalifa Sall est coupable ,d’autres brandissent l’argument selon lequel , khaliffa Sall était seulement en « avance dans la caisse »,c’est-à-dire dire un adversaire politique qu’il fallait absolument liquider .Premier magistrat de la ville de Dakar, donc celui qui détient les clés, second du parti socialiste, l’embastillement de Khalifa Sall suscite polémiques et controverses au pays de feu Kéba Mbaye.Cependant, même si Khalifa est depuis quelques mois dans de « SALL » draps , il reste et demeure le khalife , le mastodonte le mohican de la ville de Dakar .Nul ne peut lui faire face dans cette capitale où il a réussit à gagner la sympathie et l’amour des Dakarois. L’histoire récente des élections nous a montrés que quiconque se dresse sur son chemin, il te bat à plate couture, une expression chère à mon ami et frère Abdoulaye Ba. De ce fait, la bataille de Dakar qui occupe une place capitale sur l’échiquier politique du Sénégal est en avance perdue par le président .Au moment où je vous parle , Khalifa, tête de liste, est obligé de battre campagne depuis sa cellule de Rebeuss. Un événement inédit, une première au Sénégal !

Sur la forme, on peut qualifier cette coalition comme de la ratatouille, car les opposants d’hier ((REWMI, GP, FSD/BJ, BES DU Niak…) deviennent des alliés d’aujourd’hui. Mais ça, c’est la POLITIQUE : « C’est le berceau des retrouvailles et le cimetière des adieux  ». Bonjour alors les tactiques politiciennes, les manœuvres électorales, la roublardise et le jeu de bascule qui cependant continue toujours de basculer.

Avec un passé marqué par des tiraillements, des bisbilles et des divergences, aujourd’hui ces ténors ont décidé de rangers aux oubliettes leurs vieilles rivalités au détriment de l’intérêt national. ».BIEN ! Mais ils doivent vraiment mettre la main dans le cambouis pour remporter ces élections car ils sont perçus comme les principaux challengers de Macky. 4)Joyyanti : Cette coalition est portée par l’ancien premier ministre de Macky, en l’occurrence Abdoul Mbaye, banquier central, pur produit de HEC Paris, née avec une cuillère d’or à la bouche. Le président du Parti de l’Alliance pour la Citoyenneté et le travail (ACT) et par ailleurs fils du teigneux juge Keba Mbaye, trace depuis quelques mois son petit bonhomme de chemin et souhaite devenir le prochain locataire du palais de la république, sis au plateau .So wait and see ! 5)Ndawi askan wi : Cette coalition est chapotée par Ousmane Sonko, le révélateur des « grands scandales » comme le toise affectueusement la presse sénégalaise. Cet ancien inspecteur des impôts, radié depuis 2016 par le président de la république pour avoir divulgué des informations secrètes notamment sur la gestion scandaleuse du pétrole, garde intrinsèquement dans son cœur une dent contre le président. Depuis sa radiation, il est très boulimique et offensif en critique en l’endroit du gouvernement notamment sur la gestion des ressources pétrolières et minières d’où la sortie d’un livre virulent : « Pétrole et gaz au Sénégal ; chronique d’une spoliation ». Cette formation politique est composée majoritairement de jeunes ambitieux et dynamiques et qui portent en bandoulière des valeurs républicaines pour représenter le peuple à la prochaine législature.

6)Parti de l’Unité et du Rassemblement (P.U.R) : créé en 1998, ce parti est dirigé actuellement par l’universitaire El Hadji Issa Sall, un homme tapis dans l’ombre, mais qui abat un travail colossal sans tambour ni trompette .Avec comme slogan :« La vérité » et comme devise « Justice - Développement – Solidarité », cette formation politique est entrain de damer le pion aux autres partis notamment sur la massification. A cet effet, bon nombres de jeunes portent avec fierté, les projets phares du parti comme la mise en place d’une société juste et intégrée et le regroupement de toutes les couches et forces vives de la nation pour un Sénégal prospère et juste. Pour les militants du parti PUR, quand c’est SUR, MUR et DUR, ils s’engagent.

7) « Oser l’avenir » : est coiffée par l’avocate et maire de Podor, « la lionne du Fouta » comme la surnomme la presse, Me Aissata Tall Sall. En ces temps de joutes électorales, l’avocate a rangé volontairement sa robe, prend ambitieusement ses responsabilités et se démarque catégoriquement de sa famille politique le PS en raisons des bisbilles qui les divisent depuis quelques temps. Désormais, vêtue d’une seule robe valable de courage, de détermination et de persévérance, la dame a décidé de tracer son sillon en vue d’obtenir une majorité à l’Assemblée. Toute propagande mise a part, c’est un personnage avenant et sympathique. J’ai eu l’occasion de l’accueillir, de la connaitre et de discuter avec elle sur diverses lignes d’analyses et de sujets troublants au Sénégal lors du premier forum des femmes élues locales d’Afrique à Tanger . Nous sommes alors en 2011, jetais étudiant à Tanger au Maroc .Avec elle, le combat pour l’autonomisation des femmes, son principal fer de lance, aura certainement des avancées significatives.                                 Vivement le 30 Juillet prochain !

 


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