LES MULTIPLES FACETTES DU PROPHETE MOUHAMMAD

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  • Article ajouté le : 26 Mercredi, 2012 à 22h14
  • Author: Mbacké Ndiaye

LES MULTIPLES FACETTES DU PROPHETE MOUHAMMAD

 Par

Mbacké Ndiaye

1ere PARTIE

L’HOMME POLITIQUE :

La facette politique de Mouhammad (psl) s’est dégagée au fur et à mesure de la réception et de la diffusion du Message. La prise en compte du contexte sera déterminante dans la définition et l’approche stratégique adoptée par Mouhammad (1) pour arriver à la conquête du pouvoir politique (2).

1)- La Stratégie de déploiement :

Après avoir reçu la Révélation dans la grotte de Hîrâ dans les environs de la Mecque, Mouhammad sentit la nécessité de se faire réconforter par son épouse khadîja qui lui suggérera de s’en ouvrir à un érudit versé dans les sciences et traditions théologiques judéo-chrétiennes, Waraqata Ibn Nawfal. Ce dernier n’eut pas du mal à déceler chez Mouhammad les signes de l’élection divine (le nomos de moïse).

La première démarche du prophète après cet événement fut de mettre au point une stratégie de diffusion de message. Il commença donc par le prêche de proximité selon les modalités révélées dans le Coran : « Wa andhir achiirataka al aqrabiin ».

L’hostilité du milieu (l’organisation tribale) de la société jâhiliyya arabe imposa d’abord que cette démarche fut clandestine (a), mais également confina le contenu du discours à son aspect individuel et monothéiste (b).
a)- La Clandestinité : la défiance de Mouhammad par rapport aux croyances polythéistes en vigueur dans la société Mecquoise tribaliste fortement inégalitaire et esclavagiste conduisirent Mouhammad s’abord à diriger essentiellement son prêche aux couches les plus mal loties, à savoir les esclaves, les pauvres, les femmes, etc. mais aussi à sa famille la plus proche notamment sa femme et son cousin Ali (al-aqrabîne wa-al-mustad'afîne), taux de réceptivité élevée. Le discours de Mouhammad eut un réel impact sur ces deux catégories sociales.
b)- Le Contenu du discours : Le point focal du discours de Mouhammad en ses débuts de la révélation fut incontestablement le refus du polythéisme (Shirq). En effet, Mouhammad était surtout préoccupé par le souci de glaner çà et là de personnalités assez fortes pour se prémunir d’éventuels contre-attaques de la société. Sa démarche était d’inculquer aux nouveaux adeptes le dogme du monothéisme sans égard à l’organisation des rapports commerciaux et juridiques qui liaient les membres de la société les uns aux autres. C’est pourquoi, il est remarquable dans le processus de la révélation que toute la partie dite Mecquoise soit essentiellement composée de textes à contenu monothéiste.

Face au prestige grandissant de Mouhammad au sein des couches les plus démunies, les Mecquois adoptèrent progressivement une attitude de plus en plus hostile au fur et à mesure que grandissait le message de la nouvelle foi. Et bientôt Mouhammad deviendra « persona non grata » et ses disciples durement persécutés. À la perte de ses deux protecteurs, ( Khadîja et Abou Tâlib) grands dignitaires de la tribu des hashimites, et c’est  suite au constat d’échec très poignant survenu sur la route de Ta’îf et la prise de conscience de la nécessité d’une nouvelle approche politique ( Rabbi Ij3alii mine ladounka soultha’neune naçiiraa) que le prophète(Psl) s’est résolu à émigrer dans la clandestinité à Yathrib, il en conseilla de même à tous ceux qui avaient embrassé la nouvelle foi.

C’est donc à Yathrib devenu Médine qu’eut lieu la fameuse conjuration qui débouchera sur la constitution d’une cité policée en opposition à celle de la Mecque. C’est la prise du pouvoir politique par Mouhammed.


2)- La Gestation de l’organisation du pouvoir politique :
La société théocratique et égalitaire créé par Mouhammad est régit par le lien de la fraternité religieuse (al-muâkhâ) qui exclut toute idée de tribalisme ou de servitude (Aççabiyya et Ubûdiyya).

L’expansion politique se fait en deux phases, d’abord par une approche pacifiste dans la période de fragilité et de constitution du nouvel Etat (a) et ensuite dans la situation de puissance et de domination (b).

a)- La diplomatie pacifiste : conscient de la fragilité de sa congrégation Mouhammad usa de son talent d’homme politique soucieux de préserver l’intégrité et la sécurité de sa mouvance. Il n’hésita pas à chaque fois que c’était nécessaire de signer des pactes ou de négocier des modus-vivendi pour préserver la paix (çulh al-Hudaybiyya), il alla même jusqu’à contracter de mariages stratégiques pour renforcer son autorité et sa puissance. Cette diplomatie pacifiste se révéla très payante dans le moyen terme puisqu’il permit à Mouhammad de constituer une puissance guerrière qui vint à bout de toutes les résistances provenant des tribus hostiles.

b)- La Paxa Islamica : Après avoir triomphé de tous ses ennemis, le Prophète de l’Islam imposa sa loi au besoin par la force manu militari : la paix islamique « Aslim taslam » (propagande incitant à l’adhésion au projet de société islamique offrant, en contrepartie, une protection garantie par la société). Il attribua à tous ceux qui vivaient sous la paix islamique un statut approprié :

·        Le principe oukhouwa ou de citoyenneté fondé sur la fraternité religieuse à tous les croyants « al-muslim akhul muslim »

·        Le principe de Zimmî (système de protection garantissant la sécurité et la liberté de culte moyennant le paiement d’une taxe) aux gens du Livre.

·        Le principe detolérance aux non croyants ou polythéistes : « Qul yaa ayouhal kaafiroun……lakoum dinoukoum wa liya diin

Cette présentation des choses est fortement exacerbée dans la révélation. A la différence du Coran « mecquois », celui de « Médine » s’adresse à une communauté organisée politiquement viable avec un sommet et une base, un guide et un peuple et un lien définissant l’interaction de ses deux articulations d’où le caractère fortement marqué du troisième volet de la trilogie islamique (al-Ihsân = civisme et citoyenneté). C’est par cette voie que Mouhammad consolida l’Etat nouvellement créé et en s’assurant de l’adhésion de la quasi-totalité des habitants de la péninsule arabique dont il est devenu le chef (Amîr al-muminîn).

La démarche du prophète Mohamed, après avoir perfectionné l’outil de commandement et de propagation de la nouvelle foi (plus adaptée à l’obstacle que constitue l’organisation sociale de la Jâhiliyya), était d’opposer et de confronter à ses adversaires une nouvelle vision du monde contre la leur (le système tribale). C’est donc après la constitution et la consolidation d’un Etat moderne que Mouhammad sentit que le moment était arrivé et les conditions réunies pour s’attaquer à la société de la Mecque celle de la « jaahiliya et de la 3açabiya ». Ainsi après avoir conquis la Mecque et ses habitants, le chef de la nouvelle entité islamique s’adressa à l’ensemble des croyants-citoyens en des termes mémorables que sa mission était arrivée à terme. C’est le sens de son message d’adieu (Hujjatul wad’a) conçu comme un discours alliant à la fois un bilan et des perspectives d’avenir : « al yawm akmaltou lakum dinakum wa atmamtu ‘alaykum ni’matî wa radaytou lakum al-Islama dinan ».

 

 


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