De l’incompatibilité du fatalisme des Sénégalais avec la démocratie et l’émergence (Par CIRÉ AW)

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  • Article ajouté le : 29 Lundi, 2018 à 17h10
  • Author: Ciré Aw

De l’incompatibilité du fatalisme des Sénégalais avec la démocratie et l’émergence (Par CIRÉ AW)

 

Le fatalisme ou la tendance spontanée à remettre toute ''décision entre les mains de Dieu'' et de justifier toute action par ''la volonté du Créateur'' est une marque distinctive du peuple sénégalais''.Certes lorsqu'on est croyant et de surcroît musulman ou chrétien convaincu, il fait partie de notre credo de reconnaître l'Omnipotence de Dieu, c'est-à-dire Sa Puissance ou Sa Capacité de Décider en toute Souveraineté du sort de sa créature; mais aussi il est du devoir du croyant de comprendre les prérogatives que Le Seigneur des mondes lui a conféré pour ne pas tomber dans un fanatisme servile nuisible au bon usage de son libre-arbitre.De toutes les créatures, l'homme est le seul être à qui Dieu a alloué une raison et a octroyé une intelligence supérieure.Cette dernière, non seulement confère à l’être humain un statut particulier parmi les autres créatures, mais surtout elle l’amène sans doute à être responsable de ses actes, c'est-à-dire à assumer ses décisions et à se rendre compte de sa souveraineté dans ses actions.Certes comme le dit l'adage':'l'homme propose, Dieu dispose'' pour magnifier la prééminence de la Volonté divine sur celle de l'homme, mais le problème au Sénégal , c'est que les citoyens semblent renoncer à leur pouvoir de proposer ou de participer à leur propre gouvernance qu'ils laissent à une classe politique et maraboutique peu scrupuleuses .

 

 C'est d'ailleurs pourquoi dans l'Islam, en vertu du caractère raisonnable et conscient de l'être humain, Dieu a décidé de l'élever au rang de ''Calife'' ou de ''lieu-tenant'' au sens ou ce terme signifie ''représentant de Dieu sur terre'' .Cette responsabilité d'assumer une infime parcelle de la ''Volonté divine'' justifie le Jugement dernier ou les descendants d'Adam et de Ève vont rendre compte de leurs actes devant le Tout Puissant; "Celui qui fera un atome de bien,le verra; celui qui fera un atome de mal , le verra'' peut-on lire explicitement dans le Coran.Toutes ces considérations aux relents théologiques ou métaphysiques nous permettent de fustiger le fatalisme de mauvais aloi des sénégalais qui usent et abusent de la formule ''Ndogalou Yalla'' ou ''C'est le Décret divin".    En fait ce qu'il convient de préciser ,c'est que cette renonciation à tout sens de l'initiative dont font preuve les sénégalais est plutôt opportuniste pour ne pas dire fonctionnelle, car ils n'évoquent la Volonté de Dieu que si Celle-ci leur permet d'apaiser leur a conscience ou de renoncer à leur à responsabilité.Lorsque nous sénégalais faisons une action qui tourne à notre avantage, nous avons tendance à nous auto glorifier , à vanter nos mérites et nos compétences au point d'oublier "La Volonté de Dieu" ou le fameux "N'dogalou Yalla" qu'on brandit à tort et à travers dés que nos actes sont négatifs.   Au Sénégal, les événements tragiques tels que les accidents de la routes, les effondrements d'immeubles,les naufrages répétitifs, les incendies dans nos marchés, les inondations récurrentes, l'insalubrité insoutenable, la criminalité ambiante, le chômage endémique , la paupérisation exponentielle lesquels ont pour origine le laxisme ou l'indiscipline de nos compatriotes se justifient trop légèrement par la" La Décision divine".   Ce fatalisme à tout bout de champs est d'ailleurs l'"opium tout trouvés" par nos gouvernants pour manipuler la masse et pour l'installer dans" un profond sommeil dogmatique" avec la complicité de certains " chefs religieux" decréteur  de" ndiguël" ou de consignes de vote afin de les pousser  à ne pas assumer leur responsabilité de citoyens, celle de participer activement à la vitalité démocratique et à l'élaboration  des décisions des pouvoirs publics.L'illustration la plus éloquente de l'"arme secrète" de la classe dirigeante pour manipuler le peuple, pour se maintenir au pouvoir en dépit de la gouvernance calamiteuse dont elle est l'actrice consiste à faire croire au peuple que leur sort dramatique peu enviable émane d'une programmation divine qu'aucune action humaine ne peut endiguer.  En réalité, sans être totalement en phase avec Karl Marx quand il affirme que " la religion est l'opium du peuple" , on peut au moins soutenir qu'un peuple " irresponsable" , reniant l'exercice de sa liberté ou de ses droits civiques et n'assumant pas ses devoirs de citoyens s'expose facilement à une manipulation d'une certaine classe" maraboutique" mal intentionnée" jalouse de ses privilèges et friande de luxes; il devient surtout une " proie facile" pour une classe politique majoritairement " véreuse et corrompue" obnubilée par les délices du pouvoir.      Pour dissiper ce fatalisme excessif source d'une léthargie pathologique chez nos concitoyens, il est plus que nécessaire d'amener le peuple à mieux s’imprégner de la connaissance religieuse comme le faisait remarquer fort justement l'Imam Ghazali quand il affirmait : ''La corruption des religions arrive quand on ne s’en tient qu’aux mots et aux apparences". En plus de libérer le peuple d'une conception biaisée ou folklorique de la religion, il est plus qu'important de l'amener à mieux comprendre ces prérogatives de citoyen responsable et actif prenant son destin en main afin de mettre et de démettre ses gouvernants. Le clairvoyant guide religieux et non moins homme politique Thierno Souleymane Baal en invitait dans ce sens en 1776 les populations du Fouta à assumer pleinement leur rôle de ''faiseur de roi '' quant il disait :''Détronnez tout imam dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ; combattez-le et expulsez-le s’il s’entête``.      Au fond, rien n'est plus dommageable pour un peuple victime d'un obscurantisme religieux et d'une immaturité politique pour ne pas dire démocratique puisque dans une République démocratique il devrait en principe y avoir une isonomie , c'est-à-dire une égalité parfaite de tous devant la loi;.De ce fait rien n'est plus bénéfique pour un peuple que d'avoir une claire conscience de son pouvoir d'électeur ou de décideur et surtout de se représenter lucidement la responsabilité que Dieu lui a confié pour prendre en main sa destinée., car Dieu ne change le sort d'un peuple que quand celui-ci est disposé à opérer une mutation morale, intellectuelle et politique idoines.Autant dire qu'un peuple éclairé,éduqué,conscient de ses droits et des ses devoirs et surtout de sa force d décision ou de proposition est déjà en voie de gagner sa liberté et de s’émanciper de toutes formes de servitudes. Le Capitaine Thomas Sankara l'avait si bien compris quand il disait:« Quand le peuple se met debout , l'impérialisme tremble ».  
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