Assemblée nationale : archéologie de la dégénérescence du rôle de député

Blogs

Assemblée nationale : archéologie de la dégénérescence du rôle de député

 

Quel est le rôle du député ? Doit-il obéir à l'exécutif plutôt qu’au peuple ? Doit-on se sentir plus redevable au président qui est élu par le député ? N'est-il pas tant de changer notre mode de désignation des députés ?

 

Nous le rappelons. Le rôle de l'Assemblée nationale c'est :

 

- le pouvoir législatif doit servir de frein à l'exécutif qui peut à cause de ses passions illimitées dérouter la volonté du peuple qu'il connaisse. Pourtant les gouvernants n'ignorent pas la volonté du peuple, mais ils les trahissent expressément. C'est donc à l'Assemblée nationale de faire revenir à la raison l'exécutif. Ainsi elle doit rappeler à l'exécutif ses engagements freiner les passions démesurées des gouvernants. Une démocratie sans une assemblée nationale autonome et responsable est comme un bateau sans gouvernail.

 

- l'Assemblée doit proposer et faire les lois. Ces dernières doivent être générale et toujours articulées autour du bien commun. Et dans une démocratie il est nécessaire de placer la loi au-dessus de tous, sans quoi elle perd son essence. La loi est ainsi l'âme de du peuple pourvu qu'elle traduise la volonté générale. Et cette tâche appartient aux députés réputés élus par le peuple et pour le peuple.

- Elle doit contrôler l'action du gouvernement en jouant le rôle de contre-pouvoir à l'égard de l'exécutif et du judiciaire. L'Assemblée est le cœur d'un État et le sort de ce dernier dépend de la qualité de ses membres. Voilà le rôle capital que doit jouer l'Assemblée nationale. Ce rôle n'est rien d'autres que d'écouter, le peuple, comprendre son bien et œuvrer pour sa réalisation. Chaque député porte sur ses épaules la noble tâche de représenter chaque particulier.

 

La théorie de la représentation de Hobbes chapitre 6 du Léviathan montre la dichotomie entre l'acteur et l'auteur. Le représentant du peuple doit être un acteur et le peuple l'auteur de leurs actes. Ainsi le député doit refléter la volonté du peuple. Dès lors le rôle de l’acteur sait de traduire fidèlement la volonté de l'auteur ce que le député fait doit refléter ce que veut le peuple, l'auteur de la volonté générale.

 

Pour Rousseau la volonté générale désigne ce qui, chez le citoyen lorsqu'il se départit de ses intérêts égoïstes et particuliers, mérite d'être garantie par la loi. Selon lui "ce qui généralise la volonté est moins le nombre des voix que l'intérêt commun qui les uni" (Du contrat social chap. 4). Elle se caractérise par son caractère inaliénable, indivisible et général. La loi est par là même l'expression de la volonté générale et se définit par le fait qu'elle émane de tous, tout en visant le bien commun. La loi est ainsi selon lui la condition de la vie en société. Et si un chef ou un groupe dispose d'un mandat, c'est pour réaliser la volonté générale. Seulement Rousseau lui-même avait reconnu les faiblesses de la démocratie et par conséquent de la volonté générale que l'on confond toujours soit par la volonté de tous ou par l'arbitraire de la majorité. Par son caractère inaliénable, Rousseau voulait montrer que remettre à quelqu'un le pouvoir de décider du bien commun en tant que représentant du peuple, c'est risquer que le bien commun ne devienne que le bien particulier. C'est pourquoi il est contre la démocratie représentative. Cela est vrai car qui est représenté est déjà absent. Et celui qui est absent perd la voix au profit de son représentant qui par défaut de justice naturelle peut trahir.

Voilà ce qui nous arrive dans nos assemblées qui, par principe devront porter la voix du peuple, se transforment en des lieux de réunions de partis politiques où chaque député brandit et défend les intérêts d'un président ou d'un président de parti. Cette situation pense Rousseau est une trahison de la volonté générale du peuple et par ricochet brise le contrat social. Et dans une telle situation la révolution devient un droit et un nécessaire, car un peuple qui perd sa souveraineté par sa qualité et sa dignité de peuple. Tout le problème est que le principe est bon, mais il doit être réalisé par des hommes dont Kant disait que le bois par dont ils sont sculptés est si sinueux qu'on ne peut y tailler de poutre droite. Le problème de Kant était de savoir où peut-on trouver un homme juste par la justice ? Et son problème est devenu le nôtre.

 

On peut tant qu'on veut réformer les institutions d'une république. On peut changer de gouvernement de députés. On peut voter les lois les plus parfaites qu'il soit possible. Mais cela ne servirait pas à grand-chose si au préalable on ne réforme pas les hommes. Le savoir, la force, intelligence, le pouvoir ne servent que s’ils sont entretenus par des esprits bien préparés et bien formés et bien disposés à les exécuter et les appliquer avec justice honneur et dignité. Le problème est le suivant. Nous Sénégalais, nous voulons une assemblée forte et dévouée au peuple, mais nous avons des hommes chez qui le peuple est le dernier des soucis. Il nous manque juste les hommes qu'il faut dans cette institution. Mais où les trouver ?

 

Diama Badiane, prof de philosophie


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Hope - #1

I Am Making 10,000 Dollars At Home Own Laptop .just Do Work Online 2 To 4 Hour Properly. So I Make My Family Happy And U Can Do Check It Out What I Do… …… Https://bit.ly/39jrdqt

le Dimanche 07 Mars, 2021 à 12:03:10RépondreAlerter

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *