Au nom de notre liberté, nous avons le droit de dire non aux protagonistes

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Au nom de notre liberté, nous avons le droit de dire non aux protagonistes

 

Si pour vous accrocher au pouvoir, vous êtes prêts à mourir ; ou si, pour vos mensonges afin d’accéder au pouvoir, vous êtes prêts à mourir, vous devriez comprendre que d’autres aient choisi de mourir pour la vérité et pour la paix. Le plus grand mensonge est de cultiver la paix dans l’injustice : il faut que dans ce pays la justice soit rendue de façon équitable, mais sans aucune forme de pression de la rue. Le jour où la rue rendra la justice, c’en sera fini de la république et de la notion même de justice. L’autre grand mensonge est de chercher à persuader les Sénégalais que ceux qui ne sont pas avec moi sont corrompus, des traitres ou des lâches. La véritable lâcheté, c’est de vouloir la liberté pour soi et de ne pas la vouloir pour autrui. Celui qui est sûr d’être sur le bon chemin doit avoir le bon sens de comprendre que les chemins sont multiples et parfois parallèles, et que d’autres peuvent avoir la même certitude d’être sur le meilleur chemin.

 

La tyrannie, quelles que soient sa nature et sa sphère d’exécution, doit être combattue. Inonder l’espace public de messages faux pour étouffer la dissonance discursive, manipuler le désarroi des Sénégalais par une propagande toxique, ce n’est ni du courage ni de la clairvoyance. Vous avez tous les mains sales, car vos mensonges ont coûté la vie à des dizaines de sénégalais. Ce que vous voulez est le BIEN tant que vous le voulez et devient automatiquement le MAL dès que vous cessez de le vouloir. Vous avez tous glorifié ce que vous avez honni ou honni ce que vous avez, il n’y a guère longtemps, glorifié. Dans vos rangs, il y a des criminels que vous cachez ; vous-mêmes vous avez commis des crimes qui devraient vous coûter votre liberté. Un homme qui change de valeurs comme il change de chemise ne peut être une référence encore moins un modèle.

 

Juger le monde en fonction de l’appartenance ou non à son « parti », ce n’est pas seulement de la tyrannie, c’est du fascisme. Or ce qu’on voit de façon claire aujourd’hui, c’est que nous jugeons, et ce, jusque dans leurs productions artistiques et intellectuelles, les gens en fonction de leur posture politique. Cette imposture généralisée n’est pas seulement une forfaiture morale, c’est tout bonnement la célébration et l’assomption de l’impotence morale et intellectuelle. La politique est devenue donc la mesure, et de la morale et des capacités intellectuelles des gens : cet abrutissement de la société peut prospérer un temps, mais ça ne pourra jamais créer un monde durable. La disparition des imams de Guédiawaye de la scène publique est symptomatique de la confusion que nous entretenons à dessein entre la défense des principes et la défense des nôtres et ce, parce que simplement ils sont nôtres.

 

Aujourd’hui les amitiés se nouent et se dénouent par la politique ; la haine est devenue le ciment qui construit les murs qui séparent les familles, les collègues, les communautés… Le mérite n’est plus une valeur intrinsèque, il est conféré par l’appartenance politique. Les plus viles gens de la société sont érigées en modèles pour désacraliser tout ce qui constituait le ciment de notre nation. Les grands consensus patriotiques sont atomisés par l’insolence de l’ignorance ; les symboles de la nation sont profanés et les personnes coupables des crimes les plus abjects sont proposées comme des héros, pourvu qu’elles soient des « amis » politiques.

Si vous croyez qu’en divisant le Sénégal en « amis » et en « ennemis » et en réduisant toute la richesse de notre pays à ces deux extrêmes, vous parviendrez à votre funeste ambition de nous transformer en combustible de vos passions infantiles, vous ne méritez pas notre respect. Vous jouez tous avec la vie des Sénégalais, vous attisez la haine pour fortifier vos territoires de la forfaiture morale, vous faites de la haine votre principal levier de communication. Ça ne prospérera pas, car nos pères et nos mères sont morts et enterrés dans ce pays ; et nous ne céderons jamais au chantage et à la fureur d'une clique de politiciens qui se font la guerre aujourd’hui pour se retrouver demain quand leurs vils intérêts seront en jeu.

 

Pour terminer nous rappellerons à Macky Sall les circonstances dans lesquelles les rênes de ce pays lui ont été transférées : un pays saignant avec des blessures certes douloureuses, mais un Etat debout et une nation solidement raffermie dans la quête de l’essentiel. On peut comprendre que vous mainteniez le flou pour éviter à votre gouvernement une dispersion des forces qui serait préjudiciable au bon fonctionnement de l’Etat, mais le jour où vous tenterez de forcer la barrière des deux mandats consécutifs vous verrez le sol de l’irresponsabilité se dérober massivement sous vos pieds. Notre pays a besoin d’un sursaut national et républicain : arrêtons de profaner la République avec nos mesquineries partisanes. On ne peut bénir d’une main ce que l’on abomine de l’autre sans être ridicule. Pas de troisième mandat bien sûr, mais pas de compromission non plus avec nos lois.

 

Alassane K. KITANE


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