CHRONIQUES DE NDOUMBELANE (SUITE)

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CHRONIQUES DE NDOUMBELANE (SUITE)

 

"Quand la liberté d'expression est baillonée et vérouillée dans un régime de la terreur, la satire devient une arme"

Dans le souci de défendre la langue du vulgaire (le Toscan) face à l’hégémonie du latin (XIVe s) le poète italien Dante a forgé un concept devenu culte : l’éloquence en vulgaire. Il y a également dans le parler wolof un aphorisme qui dit « laayyi laayyi thieup ci souf ndax golo dou naaw » : quelle éloquence ! Le singe aura beau faire des cabrioles d’un arbre à un autre pour imiter les oiseaux, mais sa chute est fatale, car un singe n’est pas fait pour voler. Il faudra désormais faire de cet aphorisme un « livre de chevet » pour décrypter les chroniques de Ndoumbélane.

 

L’incontinence innommable du roi-singe était désormais un défi majeur, car un roi qui ne peut pas s’asseoir sur son trône n’en est pas un. Pour faire face à la nouvelle situation, le roi-singe recruta un tailleur, celui réputé être un des meilleurs de sa génération, mais d’une moralité très occasionnelle.  « Seigneur dites-moi comme vous le voulez et je le taillerai à votre guise ! ». Tel était le credo du tailleur de corne de son excellence le roi-singe.

 

Tailler, toujours tailler, encore tailler, beaucoup tailler, car les cornes repoussaient à chaque élagage. Mais la malédiction est comme une femme fatale : plus on la fuit davantage elle est attirante et irrésistible. Le revers de cette trouvaille est que son derrière était en permanence exposé, car il lui fallait sans cesse se déculotter pour permettre à son tailleur émérite de lui prodiguer les soins requis. Triste gloire, est celle du roi dénudé du postérieur et qui cherche vainement à combler le vide de son leadership par un accoutrement de plus en plus extravagant.

 

Pour renforcer son trône, le roi-singe se fit voter une loi vraiment spéciale. Nulle part dans le monde animal on ne vit une pareille forfaiture : quiconque avait ou aura mangé un fruit, qu’il soit sauvage ou cultivé, devrait être écroué. Étant donné que les singes sont par nature friands de fruit, il n’est pas difficile d’imaginer que tous les macaques que le roi-singe voulait sacrifier étaient exposés. Summum jus summa injuria : cette sagesse suggère que « l'application excessive du droit conduit à l'injustice ». Qu’arrive-t-il alors lorsqu’au lieu d’une loi rationnelle on a affaire à une loi arbitraire, irrationnelle ? Qu’arrive-t-il lorsque l’application d’une telle loi est conférée à un revanchard ?

 

Dans la commission des crimes les plus odieux, les chefs criminels trouvent toujours des bourreaux et des avocats du diable dévoués, voire zélés. On commet rarement en solitude les grands crimes, mais quand l’heure de rendre compte sonne, on est fatalement seul. Pour exécuter sa loi scélérate, le roi-singe trouva un pacte avec le prédateur naturel des singes : le léopard. Ce félin opportuniste, au pelage tacheté de rosettes, est spécialiste de la cabale, de l’embûche et de la vitesse. En pérorant de façon sempiternelle la formule « dura lex, sed lex », les infatigables laudateurs de la cour du roi-singe ne comprirent pas qu’ils étaient en train d’amplifier le fossé qui le séparait désormais du peuple de Ndombélane.

(A suivre)

NIKITA


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