Comment peut-ont appeler à un dialogue et annoncer qu’on va modifier substantiellement la Constitution presque en procédure d’urgence ?

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Comment peut-ont appeler à un dialogue et annoncer qu’on va modifier substantiellement la Constitution presque en procédure d’urgence ?


Comment peut-ont appeler à un dialogue et annoncer qu’on va modifier substantiellement la Constitution presque en procédure d’urgence ?

 

 

Par Demba Ndiaye

 

 

Mea culpa. Parce que tout compte fait, on ne peut définitivement pas faire confiance ni à l’homme, ni à l’institution présidentielle qu’il est censé incarner, tant sa propension à dire ce qu’il ne fera pas et à faire le contraire de ce qu’il avait dit, semble relever d’une pathologie politique dont le nom populaire, et vulgaire, est : le mensonge. Oui, tout compte fait, on ne peut pas croire cet homme.

 

Comme beaucoup de nos compatriotes, son adresse à la nation du 3 avril dernier, m’avait bluffé : j’avais cru déceler des accents de sincérité, une raison retrouvée, une citoyenneté redevenue boussole d’un quinquennat qu’il voulait plus citoyen, plus moral, un environnement plus vert, des villes plus propres (zéro déchet) disait-il. Alors, berné par les accents de sincérité, j’avais pensé que « Pour une fois », on pouvait croire Monsieur le Président. Je m’étais trompé, dans un moment de...faiblesse. Parce qu’il ne fera rien de ce qu’il a dit le 3 Avril. Oui, tout compte fait, on ne doit pas, on ne doit plus croire ce que dit et dira ce président. Et voici pourquoi...

 

1/ Le 3 Avril, dans un discours enrobé de trémolo et d’accent de sincérité, il appelle au dialogue, promet le retour de la citoyenneté, la défense de notre environnement, de nos villes, villages et quartiers, des villes zéro déchets, une administration plus républicaine et réactive, la fin des crimes fonciers contre leurs terres agricoles, le resserrement du gouvernement pour une plus grande efficacité... Et pour cela, ses médias affidés annoncent la suppression du poste de Premier ministre, nous tympanisent avec des rappels historiques (Senghor, Diouf) hors contexte.

 

2/ Après avoir fait mariner des jours durant la population et les milliers de candidats ministrables, pour la formation du gouvernement, qui ne sera tout compte fait que très transitoire, c’est finalement un monstre qui sort des neurones des alchimistes qui établissent les formules politiques à l’usage du Président. En effet, on nous annonce que son très voyant de Premier ministre (il avait annoncé à la virgule près, le score de son candidat) reste pour quelques semaines comme PM, cumulativement avec celui de SG de la présidence. Son boulot ? Conduire la réforme supprimant son poste. Merde alors ! Il reste PM pour quelques semaines pour supprimer son poste ! Et c’est l’homme dont avait dit, comme l’autre, qu’il était « le jardinier des rêves » de son boss. Coordonnateur de sa campagne électorale victorieuse avec le score qu’il avait annoncé ! Dites-moi depuis quand on émascule l’étalon qui donne de beaux bébés ?

 

3/ On nous annonce un « gouvernement resserré » (mon œil !) pour un quinquennat d’action pour le « dernier mandat » (vraiment ?) du Macky. Les griots et autres « spécialistes » mettent des tonnes de pommade sur un quinquennat de « travail », « d’action », pour « laisser sa marque », et patati et patata...Que nenni ! Il n’y a rien de « resserré » dans ce gouvernement, mais plutôt des incongruités qui en disent long sur les grands mensonges du septennat, notamment d’un certain nombre de « bombages » de torses.

 

a) plusieurs de mes confrères ont taillé (à tort) des habits du « meilleur ministre de l’Économie et des finances » à Amadou Ba, le « grand argentier » de l’Etat qui ramène chaque année des milliards (plus que le pays n’en avait demandé) ; on en a même fait l’architecte de la victoire du candidat Macky Sall à Dakar. Évidemment les thuriféraires avaient oublié de préciser un petit détail : Khalifa Sall et Karim Wade avaient été mis hors course. Alors pourquoi on va exiler ce super ministre de l’Économie dans la sphère des mensonges d’Etat: leurs Affaires étrangères ?

 

b) On nous a vanté les miracles du PUDC dans nos campagnes désertiques et désertées. Le secrétaire d’Etat qui gérait cet outil faiseur de miracles disparaît ...pour avoir fait trop de résultats !

 

c) Le ministre de l’agriculture dont on a vanté les mérites, les diplômes, la technicité, et surtout, avoir conduit le pays à l’autosuffisance alimentaire (riz...). Viré ! Merde, notre président n‘aimerait-il pas ceux qui font des résultats ?

 

d) Le ministre de l’Enseignement supérieur, un de nos plus brillants matheux, qui veut réhabiliter les maths et les sciences est viré comme un malpropre. Lui reproche-t-on la mort de l’étudiant Fallou Sène à la place du gendarme qui a tiré, pour des finances qui n’ont pas viré les bourses à temps, ou du Crous qui n’a pas laissé les gosses bouffer à l’heure puisqu’ils n’avaient pas touché leurs courses ?

 

e) Mais le plus grave, c’est qu’on remplace dans le temple du SAVOIR, la maison de CHEIKH ANTA DIOP, cet austère mathématicien, par un sulfureux bonhomme épinglé par les services de contrôle, et qui est cité tous les jours pour cette affaire. Quel message on envoie à notre jeunesse dont on prétend qu’elle sera la boussole du quinquennat ?

 

f) la Culture dont on affirme vouloir réhabiliter, nos musées qu’on veut rendre aux populations, nos œuvres qu’on veut ramener de chez Marianne, et dont Latif Coulibaly avait dépoussiéré les chantiers, et montré que la Culture ce n’était pas que de la musique et de la danse : par ici le « musée des déclassés pour travail bien fait »!

 

...ET on peut continuer ainsi pour les sept ministres expulsés des prairies marrons-beige. Ils ont été les dindons de la farce des marrons du feu...du Macky.  Et qu’on arrête les mensonges : il n’y a eu ni gouvernement « resserré », ni économies substantielles.

 

4/ Maintenant, la question de la suppression du poste du Premier ministre et de l’appel au dialogue.

 

Sur la forme et l’objectif du fameux dialogue. Que l’on m’explique, comme si j’étais un enfant de sept ans qui vient d’entrer au CI : comment peut-ont appeler à un dialogue et annoncer qu’on va modifier substantiellement la Constitution presque en procédure d’urgence ? De quoi il sera question dans et durant ce dialogue ? S’il a lieu ? Déjà qu’il faisait l’objet de suspicion légitime de la part de l’opposition significative et du « oui mais » d’une partie de la société civile, maintenant, on peut parier qu’il est définitivement mort-né. Parti en couilles quoi !

 

Sur le projet de suppression du poste de Premier ministre. Une certaine opinion expliquerait ce projet par la peur du régime d’être battu lors des prochaines législatives et donc, de devoir cohabiter avec l’opposition. Cela peut être un des éléments, mais pour ma part, cela me semble peut crédible. Parce que supprimer le poste du PM, ne règle pas le problème d’être battu ou non aux législatives. D’accord, nous serons dans un régime hyper présidentialiste, dont le chef du gouvernement ne viendra pas des rangs du parti, ou de la coalition qui sortira majoritaire des législatives. Mais le président sera quand-même minoritaire dans le parlement ! Et comment il fera pour faire passer ses projets de lois dans une telle Assemblée ? On ma répondu par des décrets et des ordonnances...

 

Nom de Dieu, peut-ont imaginer un pays gouverné par des décrets et des ordonnances pendant cinq ans...dans la paix ? Dans un pays considéré comme une merveilleuse vitrine démocratique en Afrique !

 

Non, il me semble pour ma part, que c’est plus grave que cela : notre président verse de plus en plus dans des velléités monarchiques. Plus d’institutions démocratiques intermédiaires, Assemblée nationale plus asservie encore, des institutions godillots et budgétivores (CESE, HCTT...) servant à faire illusion pour la consommation extérieure dont les représentants se suffiront du vernis démocratique pour nous pomper pétrole et gaz en bonne conscience. Comme leur silence durant le génocide rwandais et qu’ils essaient d’exorciser aujourd’hui.

 

Oui, je suis obligé de faire un douloureux double mea-culpa : il n’y a pas de « nouveau Macky » et « Tout compte fait », on ne peut absolument pas lui faire confiance.... C’est l’héritier politique de ce que le « Vieux » avait de haïssable : des tendances autoritaires et des penchants dangereux pour les régimes monarchiques...

 

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