D'une réaction humaine à un esprit de groupe : quand Babacar Diop prend de la hauteur

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D'une réaction humaine à un esprit de groupe : quand Babacar Diop prend de la hauteur

 

 Par El hadji Maodo Mbaye

 

S'il est fréquent de voir des affrontements entre opposition et parti au pouvoir,  il l'est moins entre deux entités de l'opposition encore moins dans une même coalition : yewi askan wi. Mais qu'est- ce-qui est à l'origine de cette  confrontation ? Ne pouvait-on pas l'éviter ? Qui est le responsable ? Les responsabilités ne sont- elles pas partagées?

 

Tout est parti de la non-admission de Babacar Diop dans les listes des élections législatives par la coalition yewi askan wi alors que tous les maires des grandes villes ont été  investis : Sonko, Barthélémy,  Ahmed Aidara....

Babacar Diop maire de la deuxième ville du Sénégal, membre de la conférence des  leaders, chef de parti de la FDS/ Guelewars a été zappé au profit de Birame Souleye Diop, numéro 2 du Pastef et ami très proche de Sonko. Qu'est-ce qui explique ce choix ? S'agit-il de copinage ?

 

En tout cas, cela est perçu dans le camp du FDS/ les guelewars comme une déception, une injustice voire une humiliation. Un tel sentiment aurait peut-être animé le maire Babacar Diop car depuis lors, il n'est plus visible ni actif dans les activités de la coalition yewi askan wi. Pis, il s'est enfermé dans un mutisme total, laissant ses partisans fustiger l'affaire et même des acteurs de la coalition Benno Bokk Yakaar autochtones de Thies sous prétexte qu'au delà de toutes considérations partisanes, c'est le maire de tous thiessois qui est attaqué. Ont-ils vraiment raison de penser ainsi?

 

Du camp de yewi askan wi et plus précisément des partisans du Pastef, l'acte de Babacar est vu comme une trahison à l'égard de Sonko et de Pastef. Car ils considérent que c'est grâce à Sonko que Babacar est devenu maire et qu'il ne devrait pas réagir ainsi.

Mais même si tel était  le cas, est-ce une raison suffisante pour faire ce choix? Si la coalition a amené Babacar à la tête de la ville de Thiès, ne devrait-elle pas travailler à renforcer son encrage politique à Thiès ?

 

Si le choix est dû à une affaire de copinage les gens de Pastef  ne sont-ils pas en train d'appliquer le même système qu'ils reprochent à Macky sall? Cela ne serait t'il pas un signal, un signe de mauvais augure ?

 

Babacar Diop n'a t-il pas  entretenu ce problème en sombrant dans un mutisme qui laisse croire qu'il a boudé ou que seule son admission sur la liste électorale l'intéresse et non le rayonnement de la coalition.

 

Sur ce point  Babacar devrait faire part à l'opinion publique ce qu'il considère injuste et reserrer très vite les rangs en se mettant à travailler activement pour une victoire éclatante de la coalition yewi askan wi. Cela l'aurait  donné de la grandeur et montrerait qu'il n'était pas animé par des intérêts crypto-personnels mais qu'il veut juste que les choses se passent dans la justice et les règles de l'art.

 

Et si le choix était purement politique, bien calculé et sous-tendu par la volonté selon laquelle Babacar ne doit pas être laissé prospérer et incarner la posture du leader incontestable à Thies. Qu'est-ce ce qui pourrait créer un tel sentiment ?

 

 

Force est de reconnaître que Babacar est aujourd'hui un alternatif pour la  prochaine élection. Il est présidentiable et peut créer la surprise.

Il est vrai que Ousmane Sonko est le leader incontestable de l'opposition aujourd'hui. L'écrasante majorité des jeunes l'aiment l'adorent et l'adulent. L' estime des  jeunes et des autres générations pour lui  avoisinent celui des guides religieux.

Mais,

Il ne manque pas de force restrictive et des gens pessimistes à son égard.

 Ces gens qui ne sont ni de Macky Sall ni de Ousmane Sonko peuvent trouver en la personne de Babacar la véritable troisième voie.

 

Il est vrai que son charisme et sa popularité n'ont pas encore atteint celui de Ousmane Sonko, mais son parcours et ses  valeurs n'ont rien à envier à  celui du maire de Ziguinchor. Si Sonko est vu à tort ou à raison comme un va-t'en guerre, tel n'est pas le cas pour Babacar qui a un discours pacifique et  pacifiste. Sa politesse et son calme olympien sont même  souvent assimilés à de la nonchalance alors que son parcours de président foyer, de président d'amicale et responsable des jeunes du parti socialiste montrent qu'il est plutôt  une force tranquille.

 

Babacar, ce n'est pas à négliger, est maire de la deuxième ville du Sénégal,  s'il arrive à réussir brillamment cette mission Thiès en fera forcément un leader national. Et il est bien parti pour le faire.

 

Tout le monde sait que la population de cette ville sait porter et supporter ses dignes  fils même à leurs risques et périls.  Qu'est-ce que l'accompagnement de Idrissa Seck n'a pas couté aux thiessois jusqu'à ce que ce dernier se morde la queue?

 

Si Macky était loin d'être vu comme président de la république du Sénégal,  Babacar ne pourrait-il pas créer la surprise?

 

Khalifa Sall, chargé de faire le casting au niveau de la coalition à t-il bien digéré la décision de Babacar consistant à créer son propre parti politique pour aller à la conquête du pouvoir alors qu'il était pressenti comme son  lieutenant car il était très proche de lui. Garde t-il  une  dent contre Babacar au point de ne pas l'intégrer dans la liste des candidats qui doivent siéger au parlement ?

 

Toutes ces considérations que voilà  font que laisser Babacar prospérer est une menace pour les autres prétendants. Sans langue de bois, c'est cela la réalité.

 

Malheureusement le conseil de Médiation et d'arbitrage ( CMA) de la coalition Yewi askan wi n'a pas  joué formellement sa partition pour poser  des actes forts et publics allant dans le sens de régler ce désaccord.

 

Hélas, ces failles des uns et des autres ont amené les affrontements entre le camp de Babacar et celui de  Ousmane Sonko. Cela a finalement abouti à l'agression  physique et au sabotage de la voiture du Maire de Thiès.

 Se sentant agressé dans sa dignité et dans sa peau, Babacar a eu une réaction naturelle en portant plainte contre ses agresseurs. Ces derniers étant dans le camps de Sonko, il est revenu en de meilleurs sentiments en retirant sa plainte par soucis de ne pas créer la discorde au sein de la coalition.

Espérons alors que les partisans des deux formations politiques PASTEF  et FDS vont , comme avant, fumer le calumet de la paix.

 

El hadji Maodo Mbaye

Professeur de Philosophie


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