De la prédation à la géhenne : notre société est malade

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De la prédation à la géhenne : notre société est malade

 

Cette situation est tout simplement inédite, jamais dans l’histoire du Sénégal nous n’avons assisté à autant de violences, de viols, d'agressions et de criminalités successives en si peu de temps. Ce déferlement de la violence sous toutes ses formes se fait sentir à toutes les échelles de la vie : de la rue à la maison, de l’école à l’hôpital, du bureau au marché. Cette hémiplégie du pays, ce contexte inquiétant interpelle la réflexion urgente de tous les prodiges de savoir, de science, de valeur afin de solutionner haut la main ces problèmes dont la vérité semble se dérober à mesure qu’on cherche à l’objectiver car les paramètres qui lui sont afférents sont nombreux : ils sont économiques, politiques, éducatifs, psychologiques, juridiques, entre autres.

Cette situation si désastreuse place aujourd’hui notre société au cœur d’un enjeu dont dépend entièrement notre avenir : SAUVER ou PÉRIR, c’est à nous de choisir. SAUVER parce qu’il faut dorénavant trouver le contre-poison de nos maux en sanctionnant sévèrement à la mesure des torts commis. PÉRIR parce qu’il faut continuer à prendre de la moraline, à être des militants parasitaires et tristes du destin, à ne pas donner d’exemple aux autres et en affirmant toujours le caractère névrotique de l’espérance qu’un jour les choses vont changer sans que nous ne les changions pas. À cet égard, l’heure de la confrontation avec notre propre société aurait sonné. Et les possibilités d’échapper à ce qu’il faut bien évidemment  appeler une menace cuisante dépendront de la façon dont nous réagirons face à ce fléau qui a  fini par entrainer de fâcheuses conséquences comme la peur de l’autre, la terreur, la souffrance au point que nous ballottons tous aujourd’hui entre les deux visages d’une même inquiétude : la tristesse d’une part et la rancœur d’autre et nous tendons tous droit, dans un futur proche, vers une rupture des liens sociaux et un effacement de certaines des valeurs fondamentales du Sénégal en l’occurrence l’ouverture et l’accueil.

Quand la méchanceté de quelques individus, transfigurée en génie criminel, pèse de tout son poids de malfaisance sur d’honnêtes citoyens comme le cas de cette femme gisant douloureusement dans son sang parce que sauvagement assassinée dans son lieu de travail à Pikine, de tels individus au cœur rempli de larves comme une coulée de boue dans un sanctuaire constituent une menace pour la société et donc il ne devrait leur rester plus de chance que la mort face à une communauté terrifiée pour brouiller toutes les silhouettes des autres brebis galeuses. Que l’on nous épargne cette spéculation scolastique sur les droits  de l’Homme, cette interprétation défaitiste car si votre violence fait toujours obstacle à mon droit de vie devant le regard impuissant de la société, mon droit de vie est de faire obstacle à votre violence.

La situation du pays est devenue sans appel insupportable, dangereuse, on pourrait même être tenté de nous imaginer dans l’état de nature au sens hobbesien du terme où l’homme est un loup pour l’homme. Parce que l’insécurité plane et surplombe tous les niveaux de la vie devant le regard incapable de nos dirigeants, ceux-là qui sont censés nous garantir la paix, la tranquillité et la sécurité, mais soucieux plus de manœuvres politiques pour s’incruster éternellement au pouvoir. Face à une telle situation, prendre ses dispositions est un devoir.

À tous ceux qui sont morts injustement victimes de cette société en panne de dirigeants et d’hommes politiques digne de ce nom, VIVEZ SYMPATHIQUEMENT des plumes les plus pures et intenses dans le cœur et l’esprit de nous qui subissons les coups durs de votre disparition.

 

Baye Modou Sall

Professeur de Philosophie au Lycée de Bambey Sérère


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